Google, une histoire de zéros. © GETTY IMAGES

Série 5/7: Google, l’origine mathématique de son nom

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

La plupart des internautes qui tapent des mots clés dans le moteur de recherche le plus célèbre du Web ne connaissent pas l’origine du nom Google. Ça a tout à voir avec les maths.

Googliser: le verbe a été officialisé dans l’édition 2014 du dictionnaire Larousse. On peut aussi dire «googler». Le Larousse l’accepte. En anglais, «to google» a rejoint les pages de l’Oxford Dictionary dès 2006. Une consécration pour le moteur de recherche Internet né il y a près de 30 ans dans la Silicon Valley, en Californie. Au départ, les deux fondateurs, Larry Page et Sergey Brin, brillants étudiants en informatique à l’université de Stanford, avaient appelé leur création «backrub», soit littéralement «frotter le dos» mais aussi «renvoi d’ascenseur». C’était un clin d’œil aux backlinks, les hyperliens qui, renvoyant vers un autre site Web, sont si importants pour le référencement naturel (le fameux SEO) sur Google. Mais très vite, ce nom n’est plus apparu assez sexy aux yeux des deux students.

Un comparse leur souffle alors celui de Gogol qui, plutôt que le dos, suggère de se gratter les méninges. En effet, en mathématiques, un gogol, qu’on peut aussi orthographier googol, représente le chiffre 10100, soit 1 suivi de 100 zéros. C’est davantage que le nombre de particules élémentaires dans l’univers et qui sont représentées par 1 suivi de 80 zéros. Ce nom gogol, qui ressemble à un babillage d’enfant, a justement été inventé en 1938 par le neveu, alors âgé de 8 ans, du mathématicien américain Edward Kasner qui lui avait demandé d’imaginer un nom pour désigner un nombre très grand comme 1 suivi de 100 zéros. Dans son livre Mathematics and the Imagination, Kasner parle d’une quantité astronomique. Pour lui, le terme gogol désigne bien le côté délirant d’une telle quantité. Son neveu Milton avait également proposé le terme «gogolplex» pour un nombre encore plus grand que le gogol, soit 1 suivi d’autant de zéros que la main peut en écrire ou 1 suivi d’un gogol de zéros soit 10gogol.

«C’est davantage que le nombre de particules élémentaires qui existent dans l’univers.»

L’idée du gogol ou du googol a séduit Page et Brin, car cela symbolisait parfaitement le nombre incalculable de pages Web que leur moteur de recherche permettait d’atteindre. Backrub fut donc rebaptisé… Google. Mais pourquoi cette orthographe? La légende raconte qu’il y a eu une erreur de transcription au moment de déposer le nom de la société. La multinationale Googol, ou Google, rapporte en tout cas beaucoup de zéros aux deux potes de Stanford, plus d’un milliard de visiteurs uniques chaque mois et plus de 250 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel.

Depuis lors, le gogol a été détrôné dans le gigantisme mathématique par le nombre de Graham ou le TREE(3) qui sont si énormes qu’il n’y a pas assez d’espace dans l’univers observable pour en écrire tous les chiffres. Certaines théories mathématiques, comme celle de la combinatoire, permettent d’aller plus loin encore. Exemple: il existe un nombre quasi incalculable de combinaisons différentes possibles lorsqu’on mélange un jeu de 52 cartes, soit au total 8,0667 combinaisons. Si on ajoute une nouvelle famille de cartes aux quatre existantes, on dépasse le Googol et ses successeurs.

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