La région d'Eifel. © Getty

Une région volcanique proche de la Belgique montre des signes d’éveil

Marie Gathon Journaliste Levif.be

Une ancienne région volcanique nichée au centre de l’une des régions les plus densément peuplées d’Europe pourrait être en train de se réveiller, affirment des géologues.

Un volcan endormi depuis plus de 10.000 ans montrerait des signes de réveil. Il est situé en Allemagne, non loin de la frontière belge et luxembourgeoise.

Selon une étude publiée dans le Geophysical Journal International, la région volcanique de l’Eifel serait toujours active. Les chercheurs ont pu observer des mouvements subtils et inhabituels à la surface de la Terre.

Cette région a une longue histoire d’activité volcanique et est parsemée de nombreuses anciennes failles volcaniques formant des cratères dont certains sont remplis d’eau. Les lacs circulaires qui parsèment la région sont les vestiges de violentes éruptions volcaniques. Les chercheurs pensent que la dernière éruption ou explosion dans la région s’est produite il y a environ 11 000 ans.

Alors que de nombreux scientifiques avaient supposé que l’activité volcanique dans l’Eifel était éteinte depuis longtemps, quelques anciennes études tendaient déjà à montrer que ce n’est pas le cas.

Selon l’une d’entre elles, certains lacs libèrent encore d’importantes quantités de gaz qui, selon les chercheurs, proviennent du manteau terrestre, la couche géologique située sous la fine croûte externe de notre planète.

Un article publié l’année dernière a également trouvé des preuves de l’activité volcanique en cours. Les chercheurs ont détecté de minuscules tremblements de terre sous le Laacher Sée, le plus grand lac de la région. Selon les auteurs cette activité sismique pourrait s’expliquer par le mouvement des fluides, peut-être du magma, sous la croûte terrestre.

Le dernier document en date vient ajouter une preuve supplémentaire : « En reliant les points, il semble clair que quelque chose se trame au coeur de l’Europe du Nord-Ouest », a déclaré l’auteur principal, Corné Kreemer, de l’Université du Nevada, à Newsweek.

Corné Kreemer, qui est originaire des Pays-Bas, s’est intéressé à la question après avoir fait une découverte accidentelle lors de recherches menées dans son pays d’origine en 2016. Il essayait d’utiliser les données GPS pour cartographier les mouvements verticaux et horizontaux de la surface terrestre résultant des processus géologiques. Au cours de ses recherches, il a observé quelque chose d’inhabituel.

Kreemer et ses collègues ont constaté que sur une vaste zone, centrée sur la région de l’Eifel (mais couvrant une partie de la Belgique, des Pays-Bas, de la France et du Luxembourg) la surface de la Terre s’élève. Ce qui est inhabituel en Europe, hormis dans les Alpes et en Scandinavie.

La zone entourée de vert est celle où les mouvements anormaux sont observés.
La zone entourée de vert est celle où les mouvements anormaux sont observés.© Corné Kreemer et al, Geophysical Journal International, 2020

« Il y avait déjà eu auparavant des indices que cette zone s’élevait, en particulier en Belgique, mais ces études avaient une portée limitée et il y a eu beaucoup de débats sur ce que cela signifiait », a déclaré M. Kreemer.

Selon le géologue, ils ont pu mesurer un soulèvement jusqu’à un millimètre par an dans la région de l’Eifel, ce qui est « rapide, géologiquement parlant ». Les chercheurs ont également constaté que la surface terrestre de l’Eifel et des régions environnantes s’étire également, ce qui, selon les chercheurs, est une « découverte totalement nouvelle ».

Les conclusions de cette étude suggèrent qu’à long terme, il pourrait y avoir un risque volcanique et sismique accru dans cette partie de l’Europe. Ces résultats ne signifient cependant pas qu’une éruption volcanique ou un tremblement de terre soit imminent, ni même à nouveau possible dans la région.

« Bien sûr, si quelque chose devait arriver, ce serait catastrophique étant donné que la zone autour de l’Eifel est densément peuplée », a déclaré M. Kreemer.

Les chercheurs affirment qu’ils continueront, avec d’autres scientifiques, à surveiller la région en utilisant diverses techniques afin de mieux comprendre les risques potentiels.

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