Lancey : le radiateur électrique intelligent. © SDP

Un nouvelle génération de radiateurs contre la panique du « black-out »

Bastien Pechon Journaliste

En hiver, les gestionnaires des réseaux de distribution analysent avec appréhension les prévisions de consommation d’électricité. Les centrales parviendront-elles à produire suffisamment d’énergie lors du pic de consommation de la fin de journée ? Sera-t-il possible d’importer suffisamment d’électricité des pays voisins pour faire face à cette demande ?

Certains experts redoutent même un possible  » black-out « , une panne d’électricité géante. La France notamment est scrutée de près, car près d’un tiers de ses logements se chauffent à l’électricité. Cette utilisation intensive a été encouragée dès les années 1970 pour rentabiliser les centrales nucléaires en construction un peu partout dans l’Hexagone. La plupart de ces foyers allument leur chauffage le matin et le soir, accentuant ces pics de consommation.

Raphaël Meyer, Gilles Moreau et Hervé Ory ont peut-être trouvé le moyen de casser ces vagues. Ils ont développé un radiateur muni d’une batterie capable de stocker de l’énergie en heures creuses, lorsque le tarif d’achat est faible, pour l’utiliser en heures pleines, lorsque les prix sont élevés. Une fois chargée, la batterie a suffisamment d’électricité pour alimenter le radiateur durant deux heures. Juste assez pour passer ces pics de consommation et réaliser de belles économies. En France, les tarifs en heures creuses sont 30 % moins élevés qu’en heures pleines, rappelle Raphaël Meyer, CEO de Lancey Energy Storage. Il est aussi possible de revoir à la baisse la puissance de l’électricité puisée du réseau. Et d’opter pour un contrat plus avantageux.  » On peut parler d’une économie de 100 à 200 euros par an « , affirme-t-il.

Cette nouvelle génération de radiateurs peut aussi fournir de l’électricité à d’autres appareils de la maison. Couplé à des panneaux photovoltaïques, ils peuvent également capturer l’énergie solaire lorsque l’astre est au zénith pour la libérer à la nuit tombée. Coûtant environ 1 000 euros la pièce, ces radiateurs seraient rentabilisés en quatre à cinq ans selon l’isolation du bâtiment. Une centaine d’exemplaires sont pour l’instant testés chez des bailleurs sociaux autours de Grenoble.

D’autres objets vont aussi jouer ce rôle de stockage. Comme les voitures, par exemple Electriques, elles seront capables de renvoyer une partie de leur énergie vers le réseau en cas de pic de consommation. De plus en plus de sociétés proposent aussi des batteries domestiques. Elles ne sont néanmoins pas encore rentables aujourd’hui, selon Tom Van de Cruys, CEO de Lampiris. Une situation qui pourrait rapidement changer. La baisse des coûts de production des batteries et l’augmentation des apports énergétiques intermittents dans le réseau vont les rendre plus intéressantes. Au point de remplacer les centrales au gaz et au charbon utilisées aujourd’hui pour pallier ces hausses de consommation. Des pics qui, chaque hiver, risquent de plonger les consommateurs dans le froid.

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