Un jeu vidéo contre la censure
Une « bibliothèque libre » a été lancée au coeur du jeu vidéo Minecraft.
La liberté de la presse est, hélas, loin d’être une réalité partout sur la planète. Dans les Etats totalitaires, accéder à une information indépendante est très compliqué en raison de la censure des sites Web, journaux, blogs et autres médias. Les jeunes y grandissent sans pouvoir se forger une opinion librement. Pour faciliter l’accès de ces citoyens à davantage d’infos, Reporters sans frontières a trouvé un moyen sûr et original de diffuser largement des contenus interdits: passer par un jeu vidéo.
Depuis près d’un an, l’ONG a lancé une « bibliothèque libre » au coeur de Minecraft, un jeu populaire de construction et d’aventure. Le choix s’est porté sur ce jeu vidéo en particulier parce qu’il est encore accessible dans une grandie partie du monde et, avec ses 145 millions de joueurs mensuels, touche une large communauté.
La bibliothèque libre intégrée à Minecraft est composée de livres dans lesquels on retrouve des articles dans diverses langues. Plusieurs de ses salles sont consacrées à des Etats où sévit la censure comme l’Egypte, le Mexique, la Russie, l’Arabie saoudite ou encore le Vietnam. Le bâtiment virtuel comprend également une pièce dédiée à l’actualité de la Covid-19 dans une dizaine de pays. Les contenus sont notamment signés par des journalistes qui ont été interdits, emprisonnés, exilés ou même tués dans leur patrie. La bibliothèque de Reporters sans frontières offre à ces journalistes un nouveau moyen d’expression échappant aux technologies de surveillance des gouvernements. Elle garantit la même sécurité aux joueurs du monde entier, qui peuvent consulter librement tous les contenus mais pas les télécharger.
Un nouveau moyen d’expression échappant aux technologies de surveillance des gouvernements.
En dehors de la collection d’articles de presse qui est régulièrement étoffée, on retrouve dans la bibliothèque Minecraft le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, ainsi que les rapports sur la liberté d’information dans 180 pays. Intégrer un tel ouvrage dans le jeu vidéo a nécessité plus de 250 heures de travail et mobilisé vingt-quatre constructeurs dans seize pays. L’ ONG a par ailleurs fait appel à plusieurs partenaires dont BlockWorks, un studio qui, utilise Minecraft pour créer des expériences, des communautés et des environnements d’apprentissage. « La bibliothèque libre est une utilisation audacieuse de Minecraft, souligne James Delaney, directeur de BlockWorks et architecte du projet. Ce lieu englobe tout ce qu’il y a de formidable dans ce jeu et dans la communauté qu’il a créée. »
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