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Pour la Saint-Valentin, ne comptez pas trop sur les phéromones

Androsténone, copuline… certains pourraient être tentés de miser sur la chimie pour pimenter leur Saint-Valentin. Pourtant, les phéromones de synthèse vendues en ligne relèvent plus du gri-gri que de l’arme de séduction.

Sur internet, de nombreux sites proposent des parfums aphrodisiaques censés réveiller les instincts animaux de notre entourage. « Les phéromones sont des particules naturelles chimiques très efficaces, qui sont sécrétées par l’homme, ainsi que par les animaux pour attirer les représentants du sexe opposé », explique le site Pheromones.be. La marque propose toute une gamme « amoureuse » à destination des femmes ou des hommes, homo ou hétéro, ainsi qu’une fragrance « neutre » pour le monde professionnel. Certains sont même inodores pour pouvoir être mélangés à son parfum habituel, les phéromones étant des hormones volatiles indétectables. Le précieux liquide n’est cependant pas donné : entre 60 et 70 euros le flacon de 36 ml.

Nous produisons bien des phéromones…

D’après le site, une dizaine de phéromones de synthèse sont utilisées, dont deux particulièrement importantes : l’androsténone, l’hormone volatile « mâle », et la copuline, l’hormone volatile « femelle ». Leur concentration varie selon la cible choisie. La première est produite par les aisselles des hommes, et a été découverte dans la salive des porcs mâles en rut. Les truies qui en reçoivent une bouffée adoptent instinctivement la position d’accouplement ; c’est aussi l’androsténone qui donne cette odeur si particulière à la viande de porc non-castré. La copuline quant à elle, est secrétée par le vagin de la femme, particulièrement lors de la période d’ovulation. Cependant, les dernières études sur ce composé tendent à remettre en question le fait que la copuline soit bien une phéromone, du fait de son instabilité et son efficacité relative.

L'organe voméronasal, ou OVN, se situe dans l'aire en violet. La zone consacrée à la détection des odeurs se trouve à l'opposé de la cavité nasale, en bleu.
L’organe voméronasal, ou OVN, se situe dans l’aire en violet. La zone consacrée à la détection des odeurs se trouve à l’opposé de la cavité nasale, en bleu.© Pinterest/TWU Anatomy Eponyms

…Mais nous ne savons plus les détecter

Malheureusement, il semblerait que l’être humain et les autres grands singes ne soient plus vraiment influencés par ces émanations. Dotés d’une bonne vue, d’une ouïe correcte et vivant en groupe, nous n’aurions plus eu besoin de recourir au langage des phéromones pour nous rencontrer et copuler, comme les insectes notamment. C’est en tout cas ce qu’imaginent les chercheurs pour expliquer le peu de réussite des différents tests menés ces vingt dernières années. Car il existe bien chez nous, comme chez tous les mammifères, un organe spécialement dédié à la détection des phéromones : l’organe voméronasal, ou OVN.

Il s’agit de deux petits creux situés à la base des fosses nasales et tapissés de capteurs à phéromones reliés à l’hypothalamus. Chez l’humain, il semblerait que seuls les bébés sachent encore l’utiliser. On a en effet trouvé une phéromone produite par le mamelon des jeunes mamans. Lorsqu’il est placé sous le nez d’un bébé endormi, l’enfant réagit par un comportement de succion et d’enracinement. Mais l’OVN, actif lors du stade embryonnaire et semblable à celui des autres mammifères, cesse de fonctionner par la suite, rendant notre sensibilité aux phéromones quasi nulle. Question séduction, il va donc falloir se débrouiller ; sur ce coup-là, la nature ne vous aidera pas !

Juliette Chable

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