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Plenity, la pilule « miracle » qui fait maigrir sans régime

Marie Gathon Journaliste Levif.be

Aux États-Unis, où le taux d’obésité est de 40 % chez les adultes, toutes les solutions pour perdre du poids sont bonnes à prendre. L’Agence américaine de régulation du médicament vient d’approuver la mise sur le marché d’une pilule qui permettrait de maigrir sans faire régime.

Le mythe de la pilule qui fait maigrir ne date pas d’hier. La mise sur le marché de Plenity, un médicament qui permettrait de perdre des kilos sans faire régime et sans avoir faim, vient d’être approuvée et devrait être effective en 2020. Trop beau pour être vrai ? Un peu, si l’on en croit Jacques Fricker, médecin nutritionniste à l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (APHP), interrogé par Sciences et Avenir.

Un gel dans l’estomac

Cette pilule a été imaginée par la société de biotechnologie américaine Gelesis. Elle a pour principe de faire diminuer l’appétit par un procédé mécanique simple. Il suffit de l’ingérer avant un repas avec un verre d’eau pour que celle-ci libère un gel hydrophile qui va gonfler en absorbant l’eau qui se trouve dans l’estomac et remplir un quart de celui-ci. Ce qui va provoquer une sensation de satiété et diminuer les apports caloriques. La firme promet à ses clients une perte de 10 % de leur masse corporelle en six mois.

Cette pilule est composée de cellulose et d’acide citrique. Elle est éliminée naturellement par le système digestif. Elle est destinée aux personnes en surpoids et obèse (avec un IMC supérieur ou égal à 25) et sera disponible en pharmacie sur ordonnance d’un médecin. En effet, aux États-Unis la chirurgie de l’obésité ne s’adresse qu’aux personnes ayant un IMC égal ou supérieur à 30. En France et en Belgique, il faut avoir un IMC d’au moins 40 pour bénéficier d’un bypass, d’un anneau gastrique ou d’une l’ablation d’une partie de l’estomac.

Pas un produit miracle

Si cette pilule est pleine de promesses, il ne s’agit pas pour autant d’un produit miracle, car l’obésité n’a pas pour seule cause le fait de manger trop et la satiété n’est pas qu’une affaire de volume dans un estomac.

« Le point positif, c’est que ce produit ne présente pas d’effets toxiques, car il ne pénètre pas dans la circulation sanguine. Mais il ne remplace absolument pas une approche de régime », commente Jacques Fricker. Dans leur étude, la société Gelesis associait d’ailleurs l’usage de sa pilule avec une réduction de 300 calories par jour et une activité physique modérée.

Selon Jacques Fricker, Plenity pourrait même être remplacée par une demi-barquette de tomates cerises dégustées avant le repas. Ce qui serait plus efficace, selon lui. Le fait de mâcher à un effet rassasiant (qui n’existe pas avec la pilule), les tomates prennent de la place dans l’estomac et apporte très peu de calories. Enfin, les légumes ralentissent l’assimilation des aliments dans les intestins, ce qui est d’autant plus rassasiant.

Le spécialiste rappelle aussi que le nombre de calories ingérées joue un rôle dans la sensation de satiété (ce sont les protéines qui rassasient le mieux). La texture est également importante, car les aliments mastiqués prennent plus de temps à être digérés. Mais aussi le temps pour manger puisque la sensation de satiété met du temps à être transmise au cerveau.

Autre défaut de Plenity, selon le spécialiste : il faut s’arrêter de manger lorsque l’on a plus faim. Une chose qui n’est pas forcément innée chez une personne obèse chez qui les signaux de satiété sont souvent brouillés. « Un régime riche en graisses altère l’axe intestin-cerveau. Résultat, le corps ne réagit plus correctement à cette surconsommation de gras, l’appétit n’est plus régulé et le sujet grossit », expliquent des chercheurs belges et français dans leur étude parue dans la revue Nature Communication.

Plenity ne répond pas non plus aux problèmes génétiques ni à la dimension psychologique liée à la nourriture. On est donc loin du produit miracle.

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