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OGM et pesticides : une nouvelle étude polémique

Marie Gathon Journaliste Levif.be

La nourriture donnée aux rats de laboratoires aurait été contaminée par de nombreux produits chimiques depuis 70 ans, ce qui remettrait en cause les résultats des tests réalisés avec ceux-ci.

Gilles-Éric Séralini, chercheur français de l’université de Caen, affirme que les rats de laboratoire qui, depuis 70 ans, servent dans les études scientifiques concernant les autorisations de commercialisation des produits chimiques sont contaminés par toutes sortes de substances toxiques. Ce constat remettrait en cause la validité des autorisations accordées sur base de ces recherches. « C’est la première fois qu’on réalise une étude aussi vaste visant à évaluer autant de polluants à la fois », explique le chercheur à Reporterre.

Pour tester les effets d’un produit chimique (pesticide par exemple) ou d’un OGM sur les rats, on leur injecte une dose de ce produit et on compare leur réaction face à un groupe témoin, censé n’avoir jamais été en contact avec ce produit. Or, selon cette nouvelle étude, ces rats consommaient bel et bien des produits toxiques via les croquettes qui leur servaient de nourriture.

L’équipe de chercheurs de Gilles-Éric Séralini, avec le soutien du Criigen, a analysé 13 sortes de croquettes, venant de cinq continents, servant à nourrir les rats de laboratoire. Ils y ont retrouvé de grandes quantités d’OGM, de pesticides, de métaux lourds, etc. De quoi, selon eux, provoquer d’emblée des pathologies chez les rats de laboratoire.

« Les rats ont 40 % de risque supplémentaire de développer des maladies chroniques avec ces nourritures qu’avec des nourritures saines », a commenté Gilles-Éric Séralini. « Dans les études courantes avec les rats ainsi nourris, ils voient la même chose pour les rats témoins que pour les autres parce qu’ils nourrissent les rats avec de la nourriture contaminée », explicite-t-il.

Si les résultats de cette étude sont confirmés, cela signifierait que tous les tests ayant permis de commercialiser 250.000 produits chimiques en 70 ans pourraient avoir été faussés et donc être invalidés. Ce type de croquettes aurait également servi à nourrir les rats utilisés pour tester les médicaments.

« Les rats devraient être nourris à l’alimentation bio, et issue d’une lignée saine », commente Joël Spiroux de Vendômois, président du Criigen, « afin d’éviter à ceux-ci d’hériter des pathologies de leur lignée ».

Cette étude aurait dû être publiée dans la revue scientifique Plos One le 17 juin, selon Reporterre, mais elle aurait été retardée à cause de modifications qui doivent être apportées dans les remerciements et une phrase du résumé. Impossible de savoir quand et si la publication aura lieu.

Ce n’est pas la première fois que Gilles-Éric Séralini est à l’origine d’une étude polémique. En 2012, il avait en effet publié une étude conjointe sur le Roundup et les OGM qui avait fait grand bruit : il avait affirmé que le taux de mortalité des rats nourrits aux OGM était beaucoup plus élevé que celui des rats témoins. L’Agence européenne de sécurité des aliments avait d’ailleurs rejeté les résultats de cette étude. En cause, les « lacunes importantes constatées dans la conception et la méthodologie ».

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