Mission Artémis: pourquoi ce regain d’intérêt pour la Lune, 50 ans après
L’objectif: établir une présence permanente sur place et utiliser la Lune comme un tremplin vers une planète bien plus éloignée, Mars. Mais pourquoi a-t-il fallu attendre 50 ans avant de poser à nouveau le pied sur le satellite de la Terre?
En 1969, trois astronautes américains décollaient de la surface de la Terre avec un seul objectif: se rendre sur la Lune. Cette mission, nommée Apollo 11, fut l’une des plus grandes étapes de la conquête spatiale – Artémis le sera sans doute également. Victoire 2-0 pour les Américains, qui non seulement furent les premiers à poser le pied sur le sol lunaire, mais aussi les derniers. Au total, 12 astronautes ont marché sur la Lune, et tous étaient Américains.
Du moins, jusqu’à présent… Car après 50 ans d’absence lunaire, les astronautes font leur come-back sur cet astre situé à une distance de 384 400 km de la terre. La nouvelle fusée de la Nasa doit en effet décoller ce lundi 29 août depuis la Floride direction la Lune. Et si l’Amérique, et plus précisément la NASA, est encore à l’origine de ce programme d’exploration spatiale, les équipages des missions Artemis seront composés d’astronautes de différents pays: américains, japonais, européens, canadiens, etc.
Pour l’heure, pas d’équipage prévu cette fois-ci. La mission Artémis 1 doit en effet tester sans équipage la nouvelle fusée géante de la NASA, baptisée SLS, et la capsule Orion à son sommet, afin de s’assurer qu’elles pourront bien transporter des astronautes en toute sécurité à l’avenir. Orion ira se placer en orbite autour de la Lune avant de revenir sur Terre.
Mais pourquoi personne n’est-il retourné sur la Lune depuis près de 50 ans?
Un voyage vraiment nécessaire?
Pour comprendre ce désintérêt pour le satellite de la Terre, il faut revenir aux origines de la mission Apollo. Dans un contexte de guerre froide, les deux superpuissances de l’époque – les États-Unis et l’Union soviétique – s’affrontent dans un sempiternel combat visant à démontrer leur supériorité. L’exploration de la Lune serait alors davantage motivée par cette lutte de pouvoir que par un réel intérêt scientifique.
Ce débarquement sur la Lune ne faisait d’ailleurs pas l’unanimité, même auprès de la communauté scientifique. Car si l’on considère désormais cette mission comme un « petit pas pour l’Homme mais un grand pas pour l’humanité », grand nombre de scientifiques considéraient alors qu’aller sur la Lune coûtait très cher pour un trop faible intérêt scientifique. Arguant que les milliards injectés auraient pu servir ailleurs. Et pour certains, la pilule était dure à avaler…
Une mission trop chère, et trop risquée aussi. « Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle? », se demandaient certains. Car outre le voyage pour s’y rendre, encore fallait-il ramener tout ce beau monde sur Terre. D’autant que jamais encore on n’avait envoyé quelqu’un aussi loin.
Objectif politique atteint
Une fois l’objectif idéologique atteint, inutile donc de retenter l’expérience. Surtout s’il n’y avait aucun intérêt scientifique derrière… La mission Apollo s’est d’ailleurs terminé après Apollo 17. Apollo 18, 19 et 20 ont été annulés, faute de financements. Une fois l’euphorie passée, le public s’est peu à peu désintéressé des activités lunaires et l’impulsion nécessaire à la poursuite de l’aventure s’est alors essoufflée. Le Congrès a donc décidé de couper les vannes. Démonstrations ayant été faites, il était temps de concentrer l’argent et les efforts ailleurs.
Artémis: objectif Mars
Mais aujourd’hui, la Lune redevient la priorité de la NASA pour les nombreuses années à venir. Son objectif? Établir une présence humaine durable sur la Lune, avec la construction d’une station spatiale en orbite autour d’elle (Gateway), et d’une base à la surface. Là, l’humanité doit apprendre à vivre dans l’espace lointain.
Mais avant ça, l’enjeu serait à nouveau politique: face aux ambitions de nations concurrentes, notamment la Chine, la NASA s’empresse de reconquérir la Lune. « Nous voulons aller sur le pôle sud (de la Lune, NDLR), là où sont les ressources », notamment de l’eau sous forme de glace, a détaillé le patron de la Nasa Bill Nelson sur NBC. « Nous ne voulons pas que la Chine y aille et dise ‘c’est notre territoire' », a-t-il déclaré. Pas question de se laisser marcher sur les pieds…
Paradoxalement, l’astre réellement au cœur du programme Artémis n’est pas la Lune, mais Mars. La NASA souhaite en effet tester les technologies nécessaires à l’envoi de premiers humains vers la planète rouge: nouvelles combinaisons, véhicule pour se déplacer, mini-centrale électrique, utilisation de l’eau lunaire…
Ce nouvel atterrissage des humains sur le sol lunaire est prévu en 2025.
Avec AFP
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