L’insurrection numérique cartographiée
Dans ce monde-là, les outils sont des jouets, les problèmes des parties à gagner et l’ADN de la civilisation celui des jeux vidéo. Ce monde-là, cette civilisation-là, c’est ce monde-ci.
Et c’est la civilisation d’aujourd’hui. Alessandro Baricco en retrace la genèse (tout démarre fin des années 1970), dans un essai brillant, étayé et humoristique, The Game (Gallimard, 390 p.). La thèse du philosophe, écrivain et musicologue italien, bâtie comme une fouille archéologique, est que » la révolution numérique » est en fait » une insurrection numérique « , en » réaction à un choc, celui du xxe siècle « , l’un » des plus atroces de l’histoire » (deux guerres mondiales, l’Holocauste, Hiroshima, le nazisme, la dictature communiste). » Ni idéologie, ni structure théorique, ni esthétique » mais » quelque chose de mieux : une méthode » : transformer les outils et les techniques. Concrètement, en permettant à chacun (en Occident) de posséder son propre ordinateur, en édifiant » un deuxième monde fait de pages Web » où n’importe qui peut » gratuitement circuler, créer, partager, gagner de l’argent, s’exprimer « , en déplaçant vers » le peuple » le savoir et le pouvoir jusque-là réservés aux élites et à leurs intermédiaires, en condamnant l’immobilisme, les pères de l’ère numérique ont mené et gagné une guerre de libération. Reste désormais à combattre les dérives du nouveau système. Baricco en est sûr : » Quiconque est né avant Google » n’y parviendra pas. A celles et ceux né(e)s après 1998 de jouer, donc.
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