Les hommes sexistes se sous-estiment-ils ?
Cette pauvre estime de soi les inciterait à adopter un comportement hostile, si pas violent, envers leur compagne.
Une nouvelle étude révèle que les hommes sexistes ont plus de risque de sous-estimer le pouvoir qu’ils ont réellement dans leur relation, ce qui les inciterait à agir de manière agressive envers leur partenaire. L’étude, réalisée par des chercheurs de l’université d’Auckland, a examiné une forme spécifique du sexisme, appelée « sexisme hostile », fondée sur la notion selon laquelle les femmes veulent contrôler les hommes.
Emily Cross, l’auteur principal de l’étude, a constaté que ces hommes sont aussi plus enclins à sous-évaluer le pouvoir qu’ils ont dans leur couple. Or, cette pauvre estime de soi les amène bien souvent à adopter un comportement hostile afin de reprendre le pouvoir qu’ils croient avoir perdu. « Un comportement agressif peut avoir des conséquences désastreuses sur une relation, car la partenaire est plus susceptible de partager ouvertement son insatisfaction, de devenir moins engagée dans le couple et de mettre fin à toute relation « , a-t-elle déclaré.
Une situation qui évolue alors dans le mauvais sens, ajoute la chercheuse : « Cela peut renforcer un stéréotype répandu parmi les hommes sexistes ayant la conviction selon laquelle les femmes ne sont pas dignes de confiance. C’est un cercle vicieux« . Pourtant, dans toute relation amoureuse (même fonctionnelle et saine), les deux parties sont « inévitablement dépendantes » l’une de l’autre, précise l’universitaire. « Cette dépendance mutuelle limite le pouvoir d’un individu. Cela peut être très difficile pour les hommes qui ont des opinions sexistes, car ils craignent déjà de perdre leur pouvoir face aux femmes et risquent de s’en prendre à leurs proches de manière préjudiciable « .
Un sexisme tant féminin que masculin
L’étude, qui comprenait 1 096 hommes et femmes hétérosexuels engagés dans une relation, a examiné comment le sexisme hostile influence la dynamique du pouvoir dans une relation et comment les hommes et les femmes vivent cette dynamique. Chaque sujet devait remplir un questionnaire sur leurs interactions quotidiennes avec leur partenaire. Les points abordés : autonomie, attitudes sexistes, agressivité, sécurité, influence du comportement et des opinions et satisfaction de la relation.
Une autre partie de cette recherche plaçait chaque participant devant une caméra. Dans cette expérience, les couples devaient aborder leurs conflits les plus graves. « Les hommes qui montraient des signes de sexisme plus hostile estimaient avoir moins de pouvoir dans leurs relations, alors que leurs proches pensaient le contraire. Ces hommes étaient plus agressifs envers leurs partenaires en étant critiques ou désagréables« , a déclaré Emily Cross. Selon elle, cette attitude est davantage motivée par les hommes qui cherchent à rétablir le déséquilibre de pouvoir plutôt que par la volonté d’asseoir leur dominance sur leur partenaire.
Ce sexisme hostile existe aussi chez les femmes. Dans leur cas, cela se traduit par un besoin de soutenir « la suprématie » des hommes. Ces femmes pensent alors que les hommes sont plus « aptes » à occuper des postes plus importants dans la société et ne souhaitent en aucun cas avoir plus de pouvoir que leur compagnon.
Un comportement présent dans les sociétés traditionnelles
Selon Emily Cross, le sexisme découle de la structure traditionnelle des rôles de genre, même dans des sociétés hautement égalitaires : « [Le sexisme] permet aux gens de penser les hommes et les femmes différemment« .
Des recherches antérieures avaient déjà mis en avant la violence au sein d’un couple. Il a été prouvé que « la part des revenus du ménage revenant à l’épouse est positivement corrélée à la probabilité qu’elle subisse des violences de la part de son mari si elle est mariée à un homme ayant une idéologie de genre traditionnelle« , explique notamment Katherine Twamley, maître de conférences en sociologie à l’University College London, spécialisée dans le genre, l’amour et l’intimité.
« Il existe donc un précédent dans cette étude, en ce sens que l’inégalité perçue sur la base de différences matérielles/de gains, dans ce cas, peut provoquer ou encourager les hommes traditionnels, et certainement sexistes, à être violents lorsque leur statut d’homme dans la relation est contesté « .
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