Le flirt: La subtilité a un rôle important

Le coup de foudre : mythe ou réalité ?

Un seul regard suffit pour juger quelqu’un. Et il ne faut pas sous-estimer ces premières impressions. Puissantes, mais trompeuses, il faut les traiter avec précaution, surtout si vous cherchez l’amour.

La science des premières impressions est complexe. Elle est influencée par des stimuli aléatoires, un processus cognitif que nous ne comprenons pas et des stéréotypes variés. Néanmoins, si nous arrivons à en percer le mystère, nous aurons peut-être plus de chance de trouver notre âme soeur.

Il a été scientifiquement prouvé que nous sommes capables d’évaluer le degré d’attraction de quelqu’un en un éclair. Cependant, cela ne signifie pas forcément que nos observations sont précises. Nous risquons peut-être de passer à côté de la perle rare en excluant si rapidement certains individus.

De nombreux facteurs contribuent à l’alchimie entre deux personnes : l’environnement, les personnalités et les émotions de chacun. Que passe-t-il donc lors d’une première impression romantique ? Quel est l’impact des applications de rencontres sur les rencontres en elles-mêmes ?

Le premier regard

Imaginez une personne charismatique, comme un politicien par exemple. Peu importe sa renommée, son apparence déterminera s’il aura du succès lors des élections. Les premières impressions déterminent toutes sortes de caractéristiques. Il nous suffit de moins d’1/10 de seconde pour analyser l’apparence de quelqu’un. Et généralement, les impressions que nous faisons chacun, personnellement, sont partagées par la majorité. Cela ne veut pas forcément dire qu’elle a raison.

« Notre première impression peut être erronée » explique Alexander Todorov, auteur de Face Value : The Irresistible Influence of First Impressions et professeur à l’Université de Princeton à la BBC. « Essayer de percer à jour une personne après un simple regard n’a pas de sens. Ce sont des inconnus, ces impressions sont évidemment superficielles.

Nous créons rapidement ces premières hypothèses, et nous restons sur nos premières impressions, peu importe qu’elles soient justifiées ou pas. Peu importe le temps que l’on prend , il sera presque impossible de nous faire changer d’avis.

Le charme, la confiance et la dominance sont les trois traits universels sur lesquels se base chaque individu. Un seul coup d’oeil nous suffit pour dégager ces trois caractéristiques. Et elles sont évidemment liées à la sélection naturelle : le charme favorise le choix d’un partenaire sexuel, la confiance traduit des compétences sociales utiles et imposer sa dominance est utile pour éviter les conflits.

« La dominance est étroitement liée à la masculinité » indique Professeur Todorov. « Un homme et une femme seront jugés différemment lors de leur première impression. Les femmes perçues comme masculines génèrent des réactions négatives contrairement aux hommes masculins. Cela s’applique aux deux sexes. Les hommes et les femmes évalueront négativement les femmes masculines.

Nos premières impressions sur l’apparence sont superficielles, générales et parfois même imprécises. La situation est différente dans le contexte des sites et applications de rencontre. Un nouvel élément entre en jeu : la composition d’une photo et ses effets.

La présentation d’une photo influence grandement la façon dont nous percevons la personne réelle. L’angle d’une photo, par exemple, transmet des informations très variées. Une photo prise de bas donnera plutôt une impression de dominance (positive chez les hommes, mais pas chez les femmes) et tandis qu’une photo prise de haut donnera l’impression contraire.

Une chose est sûre, nous choisissons la photo qui nous mettra le plus en valeur. Le charme n’est pas le seul trait à présenter. Tout dépend de la photo choisie. Une photo avec des animaux pourrait traduire une impression de confiance et gentillesse, tandis qu’une photo dans le désert pourrait traduire un esprit aventureux. Tout dépend de la présentation.

Entretenir son image sur les sites est une bonne chose, mais elle ne servira à rien si elle ne correspond pas à la réalité. Ce phénomène s’appelle l’effet séquence. Dans le cas des rencontres en ligne, il y a un double coup de foudre. La photo en ligne représente la première impression du candidat. S’il a l’air attractif à première vue, nous aurons tendance à le trouver attirant dans la réalité, et vice versa. En suivant ce raisonnement, nous risquons de passer à côté de personnes attirantes, simplement car leur première impression sur les photos est mauvaise. Mais le cas contraire existe aussi. Si la personne mentionnée est attirante, nous aurons tendance à surévaluer son apparence réelle.

Nous jugeons donc rapidement quelqu’un, et de manière trop superficielle. Et cette première impression varie également dès le premier rendez-vous, lorsque l’on apprend à connaître cette personne. « Le seul moyen pour juger si deux personnes se plaisent vraiment est la discussion. Personne ne peut juger si la relation fonctionnera sans discussion », affirme le professeur Todorov à la BBC.

La première conversation

Des scientifiques ont étudié le langage que nous utilisons dans nos conversations en ligne avec de potentiels dates et ils ont catégorisé toutes les stratégies de conversation que nous utilisons, et qui mèneraient potentiellement à un deuxième rendez-vous. Ils ont tout analysé : de la phrase d’approche à l’invitation au premier rendez-vous. Ils ont ensuite demandé aux couples s’ils se verraient pour un deuxième rendez-vous.

« Nous avons observé que la phrase d’approche n’avait pas d’influence sur le résultat final. La plupart des gens utilisent généralement quelque chose de très neutre comme un « hey » explique Liesel Sharabi, assistante-professeur à l’Université de Virginie-Occidentale. « Les gens ont tendance à moins répondre. Donc, si personne ne répond à votre message, cela signifie peut-être que votre message n’est pas personnel. »

« En suivant le schéma traditionnel des rendez-vous, nous voyons que ce sont généralement les hommes qui approchent les femmes. Mais la situation est similaire en ligne », ajoute Sharabi dans son interview à la BBC. « Nous avons remarqué un élément des plus frappants : les stratégies ne varient pratiquement pas selon le genre. Les hommes et les femmes partagent plus de similarités que de différences. Et ces différences pourraient avoir un lien avec le genre, « une conformisation à son genre ».

Les scientifiques ont dégagé 18 sous-catégories de stratégies qui mèneraient à un deuxième rendez-vous. Après la phase d’introduction, la stratégie la plus prometteuse était de parler des préférences du partenaire. Parler de ce que l’on recherche chez quelqu’un se révèle être plus efficace que de parler de son statut financier, social et de ce que l’on recherche. Cela permet peut-être de jauger les attentes avant une rencontre réelle. Discuter de ses autres rendez-vous était la stratégie la moins efficace.

« La particularité des applications en ligne est le temps dont on dispose pour juger si une relation est possible », indique Sharabi. « Sur une application en ligne, on a parfois tendance à construire une image des gens dans notre tête et elle mène parfois à la déception. Nous avons tendance à idéaliser les gens lorsque nous ne les connaissons pas très bien. »

Le coup de foudre : mythe ou réalité ?
© GettyImage

Le premier rendez-vous

Ça y est, nous y sommes. Après avoir évalué le charme de quelqu’un et soutenu une conversation, qu’est-ce que nous faisons ? Nous allons évaluer des caractéristiques plus compliquées.

Le charme des personnes présentes sur les sites et notre propre vision de l’estime de soi déterminent les gens que nous inviterons en rendez-vous. Nous avons tendance à choisir les gens dont l’estime de soi, l’apparence physique et la popularité sont similaires aux nôtres. Et là encore, les hommes et les femmes agissent de la même façon. Les gens avec une forte estime de soi auront tendance à choisir des gens avec une forte estime de soi, car ils ont une perspective plus optimiste.

Évaluer les intentions des individus reste un problème, car ils auront tendance à être vagues sur leurs préférences. Sur papier, les hommes diront être plus attirés par les femmes intelligentes, mais en réalité, ils sont moins attirés par elles, en raison de leurs propres insécurités.

Le speed-dating est un moyen particulièrement utile pour observer les comportements en situation de rendez-vous, car il s’agit d’un moyen plus réaliste pour interagir avec des partenaires potentiels. « Nombreuses sont les situations de la vie quotidienne où nous rencontrons des partenaires potentiels de manière ‘dépêchée’ explique Karen Wu de l’Université d’État de Californie à la BBC. « Vous pourriez rencontrer quelqu’un dans un bar, une réunion, dans la rue. Les gens ne prennent pas toujours une heure pour rencontrer quelqu’un. »

« En général, plus une personne est positive, plus elle sera ouverte, et plus elle jugera si les autres partagent cette humeur », explique Laura Sels, de la KU Leuven à la BBC. « S’ils sont d’humeur négative, ils seront plus critiques. Donc, on pourrait supposer qu’être positif en rencontrant quelqu’un, rendra plus heureux. Mais nous avons remarqué que les gens utilisent leurs émotions comme point de comparaison. S’ils sont d’humeur positive, leur opinion en regard d’un partenaire potentiel est comparée à cette émotion négative. Résultat : ils sont mal perçus. Les hommes semblent être plus affectés par les émotions négatives. »

Selon Sels, cette observation traduit comment les hommes et les femmes assimilent les émotions. « Les hommes externalisent leurs émotions négatives contrairement aux femmes qui ont tendance à les internaliser. Si les hommes se sentent d’humeur négative, ils auront tendance à rejeter la faute sur leur partenaire. »

La culture a également de l’importance et altère nos jugements. « En Occident, les gens sont plus souvent attirés par les narcissiques » explique Wu à la BBC. « Les Occidentaux recherchent des gens extravertis avec une grande confiance en eux. Les narcissiques prennent plus soin d’eux et sont donc plus beaux. J’ai l’impression de ne pas m’identifier à ce phénomène. Un individu n’a pas besoin d’avoir confiance en lui pour être un bon candidat. »

Wu étudie les schémas de comportement dans les rendez-vous dans les communautés asio-américaines. « Les cultures plus collectives ont tendance à moins se concentrer sur leur intérêt personnel. Les cultures occidentales mettent plus l’accent sur l’individualisme. Les cultures collectivistes chérissent peut-être plus la gentillesse, car ils voient cela comme un intérêt pour le groupe et non comme un intérêt personnel. »

Les caractéristiques comme la gentillesse sont un facteur favorable au succès du speed-dating chez les Asio-américains. Néanmoins, les hommes et les femmes privilégient tout de même plus l’attirance physique.

Trouver l’amour n’est déjà pas une mince affaire. Une attraction mutuelle et similaire entre deux personnes paraît difficile à trouver. Les prérequis semblent infinis : l’humeur générale, l’angle de votre photo, la conversation préalable à la rencontre, le charme, etc. Tout peut vraisemblablement avoir une influence sur le futur de votre relation.

Mais il y a de l’espoir. Selon des études sur le speed-dating, beaucoup de mariages ont découlé de ces rendez-vous. L’amour reste un mystère.

Thomas Bagnoli

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