Jésus, l’homme qui aimait les femmes
Très à l’aise avec les femmes, Jésus leur accorde une place de choix. Il les accepte dans son groupe itinérant et dialogue avec des inconnues, dont certaines ont mauvaise réputation. Qui étaient vraiment ces femmes ? Que nous révèlent les textes parvenus jusqu’à nous ? Enquête sur le comportement hors normes du Nazaréen.
Scandale en Palestine ! Jésus de Nazareth, prophète respectable et respecté, dont la parole fait autorité, et auquel son entourage donne le titre de » Maître » – rabbi en hébreu -, est suivi sur les routes de Galilée par un groupe composé d’hommes, mais aussi de femmes. Il partage avec elles sa vie, ses enseignements. Une relation égalitaire hors normes dans le monde patriarcal méditerranéen du Ier siècle de notre ère.
Car, s’il n’y a pas la moindre trace d’une épouse de Jésus, il y a, en revanche, beaucoup de femmes autour de lui. Et sa conduite à leur égard est très singulière pour les usages de son temps. Les femmes de la société juive de l’époque passent de l’autorité de leur père à celle de leur mari, à défaut de leur frère ou de leur fils aîné. Qu’une femme puisse être indépendante est inenvisageable. C’est pourtant ainsi que nous sont présentées les femmes qui accompagnent le Nazaréen. Des femmes sans leur mari, loin de leur maison ; des femmes de toutes conditions sociales, incluses à part égale dans le groupe nomade.
Elle l’appelle » rabbouni »
Parmi elles, Marie de Magdala. Elle est citée en tête de toutes les listes de femmes des Evangiles, signe d’une primauté, d’un statut de » leader » des membres féminins de la petite troupe de Jésus. Le texte de Luc indique qu’elle fait partie, avec Jeanne, épouse de l’intendant d’Hérode Antipas, des femmes qui le suivent depuis le début de son » ministère » et assistent le groupe de leurs biens. Elle appelle affectueusement Jésus » rabbouni « , diminutif de rabbi.Témoin, parmi d’autres femmes, de la crucifixion et de la mise au tombeau, elle est la première personne à avoir vu Jésus ressuscité. Chargée d’avertir les apôtres, elle est ainsi la première » missionnaire « .
Si Jésus a dû choquer ses contemporains, c’est aussi parce qu’il adresse la parole, en public, à des inconnues, dont certaines ont mauvaise réputation. Il a un long entretien en tête à tête avec une Samaritaine qui vit en concubinage, après avoir eu cinq maris. Il lui parle avec respect, alors que les Samaritains sont détestés des Juifs. A Jérusalem, Jésus sauve de la lapidation une femme adultère, pour laquelle il a de la compassion. A Capharnaüm, son » camp de base » et la ville de plusieurs de ses disciples, une femme affaiblie par des pertes de sang se fraie un passage à travers la foule et touche le bord de son vêtement dans l’espoir d’être guérie. Tout autre que Jésus, par crainte d’être souillé, aurait blâmé cette » intouchable « , impure au regard de la loi juive, et qui aurait dû rester dans l’isolement. Mais lui la réconforte, défiant les interdits.
Un récit sensuel et subversif
Plus déconcertant encore : au cours d’un repas – Jésus apprécie la bonne chère et les banquets joyeux -, il accepte les caresses amoureuses de la » pécheresse au parfum « , qui essuie ses pieds avec ses cheveux. Les Evangiles canoniques racontent, avec des variantes, ce récit sensuel, mais aussi très subversif : la femme est active et Jésus passif, un renversement des stéréotypes de l’époque. Il faut mesurer la portée de tels comportements dans le milieu social et religieux du Galiléen, qui avait un statut honorable à préserver.
Certes, les hommes étaient sensibles au charisme de Jésus, mais les femmes semblent l’avoir particulièrement chéri. Les Evangiles, pourtant écrits par des hommes, conservent l’écho de cette aisance de relation du Nazaréen avec les femmes. Comment expliquer cette attitude ? Qu’en pensaient ses contemporains ? Que nous disent les textes parvenus jusqu’à nous ? Qui étaient vraiment les femmes de l’entourage de Jésus et celles qu’il a rencontrées sur sa route ? Est-ce grâce à elles que son message a été entendu ? Autant de questions abordées dans ce dossier, qui prend en compte les travaux récents des chercheurs.
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