Venus © Getty

Forme de vie sur Vénus? Tout comprendre en quatre questions

Des chercheurs ont détecté la présence de phosphine dans les nuages entourant la planète. Ce gaz, connu uniquement sur Terre, pourrait être un signe de vie.

1. Qu’est-ce qui a été découvert?

L’équipe de recherche menée par Jane S. Greaves, astronome à l’université de Cardiff, a découvert de la phosphine dans les zones de nuages toxiques sur la planète Vénus, indique-t-elle dans un article publié dans la revue Nature. Sur Terre, la phosphine, un gaz toxique, est associée à la présence de vie – sans en être une preuve absolue.

« Les éléments ont des signatures moléculaires, que l’on peut analyser à travers la spectroscopie. C’est à travers la lumière, comme un arc-en-ciel qui se crée avec l’eau. En somme, ces signatures sont comme un code-barres. Ce qui a été découvert est une ligne du code barres », nuance Yaël Nazé, docteure en astrophysiques et chercheuse au Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS) et à l’Université de Liège.

2. En quoi est-ce une découverte importante?

« C’est un début, une première étape importante ». Mais dire que la vie a été découverte est encore tôt pour la scientifique. « Il faut d’abord trouver les autres lignes du code-barre », précise-t-elle, en rappelant une hypothétique découverte de traces biologiques sur une pierre de Mars, ce qui plus tard a été infirmé.

La phosphine est d’ailleurs aussi présente sur Jupiter et Saturne, mais n’est pas de nature biologique. Sur Terre, elle est de nature biologique. Il s’agira donc de déterminer la nature de la phosphine présente sur Vénus. « Avec les éléments que l’on connaît sur Vénus, on ne sait pas dire si la phosphine est créée de manière biologique ou non », analyse Yaël Nazé.

Quant à la nature de la phosphine, Denis Grodent, professeur au Laboratoire de Physique Atmosphérique et Planétaire de l’Université de Liège reste sceptique. « Cet article de Nature fait référence à un autre article, rédigé en partie par les mêmes auteurs, qui conclut que la présence de phosphine sur une planète tempérée (comme la Terre) pourrait effectivement être une biosignature de vie (« Ultimately, if detected on a temperate planet, phosphine is an extremely promising biosignature gas »). Cependant, Vénus est loin d’être une planète tempérée et son atmosphère est le siège d’une dynamique assez violente … »

3. Priorité à Vénus plutôt qu’à Mars?

De nombreuses missions sont déjà en route pour Mars, ou prévues pour le futur. Selon la chercheuse, il ne serait pas probable qu’elles soient annulées pour se précipiter sur Vénus. « Cependant, cette découverte peut amener plus d’explorations vers Vénus », relativise-t-elle. Jusqu’alors, elles n’ont pas été nombreuses. Des ballons ont par exemple été utilisés pour analyser l’atmosphère de la planète. Ou des missions se sont concentrées sur les volcans, présents par millions, et qui créent un effet de serre très fort, selon la chercheuse. « Au départ, la Terre et Vénus n’ont pas grand-chose de différent. Elles ont plus ou moins la même taille. Il est intéressant d’observer comment elles ont évolué de manière différente. »

4. Quelles sont les conditions de vie sur Vénus?

« Les sondes envoyées ont tenu moins qu’une heure », explique Yaël Nazé. La pression est en effet très forte, et fait environ cent fois celle de la Terre. Il fait 470° Celsius, de jour comme de nuit. Des pluies toxiques balayent le paysage infernal. L’on peut apercevoir des cratères de volcans, dont certains pourraient encore être actifs. « Mais sur Terre aussi, la vie existe dans des conditions très dures, comme de forte pression ou de températures extrêmes. On ne peut pas écarter l’idée d’une forme de vie sur Vénus sur base de ces conditions difficiles. »

Réponses, dans les années à venir, si la science peut confirmer ou infirmer la phosphine comme étant un indicateur de vie biologique, et si la vie bat son plein sur Vénus.

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