Être gaucher a parfois du (très) bon, selon la science
Une nouvelle étude montre que les gauchers ont à la fois de meilleures capacités linguistiques, mais aussi moins de risque de développer la maladie de Parkinson.
Ils ne sont que 10 % de la population à préférer la gauche (la préférence manuelle, et non politique), et 1 % seulement à être habile de leurs deux mains. Mais comment devient-on gaucher, droitier ou ambidextre ? Si l’on savait que la génétique expliquait en partie la main dominante, la nature de ces gènes demeurait jusqu’ici inconnue.
Des scientifiques ont pourtant récemment découvert les premières instructions génétiques dans l’ADN humain qui fait de nous un gaucher. Des instructions qui sembleraient impliquées dans la structure et la fonction du langage du cerveau. La composante génétique du gaucher serait en effet liée à de meilleures aptitudes verbales, mais pas seulement. Selon la nouvelle étude, les gauchers auraient moins de risque de développer la maladie de Parkinson.
Pour leur étude, les scientifiques se sont tournés vers la Biobanque britannique – ils ont donc utilisé des milliers d’analyses cérébrales et des centaines de milliers de génomes séquencés pour rechercher des associations entre les gènes, le cerveau et les mains. Ils ont isolé quatre régions génétiques qu’on retrouve chez les gauchers et ont remarqué que chez trois d’entre elles, des mutations apparaissaient au niveau du cytosquelette (NDLR : Élément responsable de la structure et de la mécanique des cellules). Or, il semblerait que ce cytosquelette ait une influence sur « l’asymétrie gauche-droite » chez d’autres espèces : « de nombreux animaux montrent une asymétrie gauche-droite dans leur développement, comme l’escargot dont la coquille se torsade à gauche ou à droite« , précise à CNN Gwenaëlle Douaud, une auteure de l’étude.
Tâches verbales et maladie de Parkinson
Ils ont également constaté que les variantes génétiques chez les gauchers modifiaient la structure de la substance blanche du cerveau (NDLR : Ce sont des millions de câbles de communication qui relient les neurones d’une région du cerveau à une autre). Ils ont ainsi découvert que les hémisphères gauches et droits des gauchers étaient mieux coordonnés dans les régions du cerveau associées au langage. Ils estiment donc que les gauchers auraient de meilleures capacités linguistiques.
Les chercheurs ont aussi révélé une « corrélation positive significative » entre le fait d’être un gaucher et certains phénomènes liés à la santé mentale, tels qu’une trop grande sensibilité, les sentiments de « ras-le-bol » et d’inquiétude.
Si le risque de schizophrénie semble, lui aussi, plus élevé chez les gauchers, le risque de Parkinson, quant à lui, diminue. Les gauchers semblaient en effet avoir moins d’antécédents familiaux de la maladie de Parkinson.
Pas une question de chance
« Dans de nombreuses cultures, être gaucher est considéré comme une preuve de malchance ou de malice, et cela se reflète dans le langage« , déclare le professeur Dominic Furniss, chirurgien de la main et l’un des auteurs du rapport. Dans la langue française, par exemple, « gauche » peut signifier « maladroit ». En anglais, « right » peut signifier « avoir raison ».
Cette étude veut aussi montrer que le fait d’être gaucher est une conséquence de la biologie et du développement du cerveau. « Cela dépend au moins en partie des variantes génétiques que nous avons découvertes« , ajoute le professeur Furniss.
Et si la génétique ne peut pas tout expliquer – des études précédentes ont en effet révélé qu’être gaucher était héritable à 25% et que l’environnement influençait notre main dominante à 75 % – les résultats de cette étude sont une avancée importante dans le domaine.
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