Espresso, un nouvel outil pour chercher des cousines de la Terre
Sa mission: chasseur de planètes similaires à la Terre. Installé dans le nord du Chili, le spectromètre Espresso, d’une précision jamais vue auparavant, deviendra en octobre le meilleur allié des astronomes en quête de vie extraterrestre.
Sans surprise, c’est dans le désert d’Atacama, à 1.200 kilomètres au nord de Santiago du Chili, qu’Espresso exercera sa mission: une région dont le ciel, totalement dégagé la majeure partie de l’année, en a fait le territoire idéal pour abriter les plus importants télescopes du monde. D’ici 2020 on estime que le nord du Chili concentrera 70% de l’infrastructure astronomique mondiale.
Au sein de l’observatoire de Paranal, fondé en 1998, cet outil de mesure sera au service des quatre énormes télescopes VLT (Very large telescope) de l’Observatoire européen austral (ESO). « Espresso sera disponible dans les quatre télescopes à la fois, ce qui ne s’était jamais produit auparavant, et donc cela augmente les probabilités de trouver des planètes similaires à la Terre en poids et taille ou par leurs conditions pour permettre la vie », explique à l’AFP l’Italien Gaspare Lo Curto, astronome d’ESO et un des responsables du projet.
L’appareil, une simple boîte noire en apparence, aura pour immense tâche de réunir toute la lumière collectée d’une étoile observée par un télescope.
En analysant la vitesse de l’étoile, il pourra déterminer si une planète tourne en orbite autour d’elle puis analyser la planète en question: son atmosphère, la présence ou non d’oxygène, de nitrogène, de dioxyde de carbone ou d’eau, des éléments essentiels pour la vie.
Derrière cette innovation technologique, une longue épopée, depuis la découverte en 1995 de la première exo-planète – planète située en dehors du système solaire – par les astronomes suisses Michel Mayor et Didier Queloz: la quête d’une planète qui présenterait des caractéristiques similaires à la Terre, donc favorables à la vie.
– Sous clé pendant 10 ans –
Jusqu’à présent, le spectromètre le plus précis au monde, Harps, installé lui aussi dans le désert d’Atacama, permettait de mesurer des planètes… mais seulement celles bien plus grosses que la nôtre. « Espresso sera dix fois plus précis que l’instrument le plus précis au monde, Harps, et aura en outre une flexibilité lui permettant d’être utilisé par chacun des télescopes de Paranal », eux même plus puissants que ceux de l’observatoire de La Silla, où se trouve Harps, assure Gaspare Le Curto. Il sera donc le seul capable de détecter des planètes aussi petites que la Terre.
« C’est une grande opportunité d’avoir un instrument aussi avancé qu’Espresso », se réjouit Rodrigo Herrera Camus, astronome chilien de l’institut allemand Max Planck. « Grâce à ses capacités, il nous aidera à répondre à l’une des grandes questions que nous avions en astronomie, c’est-à-dire analyser et comprendre les planètes hors du système solaire », ajoute-t-il.
Ce précieux outil a été installé début 2017, à quatre mètres de profondeur sous la plateforme où se trouvent les télescopes VLT, eux-mêmes situés sur le mont Paranal à 2.600 mètres d’altitude.
Actuellement en phase de tests, il a été placé à l’intérieur d’un grand cylindre métallique afin de protéger ses instruments optiques, fragiles et sophistiqués, mais aussi parce que, pour travailler, il doit absolument se trouver à une température moyenne de moins 150 degrés.
Et pour le garder ainsi bien au froid et éviter toute perturbation de son fonctionnement, une longue période de solitude l’attend: quand il entrera officiellement en fonction en octobre prochain, les astronomes de Paranal le garderont sous clé, dans une énorme salle souterraine où personne ne pourra pénétrer pendant au moins 10 ans.
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