© Getty

Des gènes « brisés » responsables de la disparition des derniers mammouths ?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Et si la disparition des derniers mammouths était due… à leur ADN ? Selon une étude, certains spécimens ont souffert de gènes  » mutés  » qui ont participé à l’extinction de l’espèce.

Les mammouths laineux étaient autrefois nombreux dans l’hémisphère nord. Mais ils se sont éteints au cours de deux événements distincts. La première vague d’extinction s’est produite dans la foulée de la dernière période glaciaire. Le réchauffement climatique a entraîné la perte de leur habitat il y a environ 10.500 ans. Mais des populations, devenues isolées, de mammouths ont survécu beaucoup plus longtemps sur l’île Saint-Paul en Alaska (il y a 5.600 ans) et sur l’île Wrangel (il y a 4.000 ans).

Mauvaises mutations et gênes brisés

En 2017, une étude mettait déjà en lumière les effets néfastes d’anomalies génomiques chez les mammouths de l’île Wrangel. Les chercheurs de l’époque avaient identifié « beaucoup de mauvaises mutations », davantage que la part qu’on pourrait attribuer au hasard.

La nouvelle étude, publiée dans la revue Genome Biology and Evolution, a tenté de savoir quel impact ces gênes et leurs mutations avaient eu sur l’espèce. Ils ont comparé l’ADN des éléphants d’Asie et l’ADN de mammouths provenant d’individus qui vivaient bien avant, lorsque leur population était abondante. Ils ont ainsi déterminé que les gènes du mammouth de l’île Wrangel étaient « brisés ». Les mutations n’ont pas toujours un effet sur les espèces, mais bien dans ce cas précis. « L’étude de 2017 suggérait que les mammouths de l’île Wrangel accumulaient des mutations dommageables. Nous avons obtenu un résultat similaire et avons testé des prédictions en ressuscitant des gènes mutés en laboratoire », explique Vincent Lynch (université de Buffalo), auteur principal de l’étude.

Consanguinité

La cause précise de leur extinction est inconnue. Mais leur population a subi un déclin rapide dû à leur isolement insulaire. Selon l’étude, cette faible densité de population aurait entrainé consanguinité et uniformité génétique. « De nombreux gènes mutés sont impliqués dans la fertilité masculine, le développement neurologique et l’odorat », ce qui rendait plus difficile la recherche de nourriture, précise le biologiste spécialisé en évolution des espèces. Ils avaient également des problèmes de transmissions d’insuline, ce qui cause le diabète.

Un phénomène que la science étudie depuis longtemps : quand les populations d’une espèce diminuent, elles présentant davantage de mutations génétiques qui contribuent au développement de maladies.

Ces recherches soulèvent néanmoins d’autres questions. Les chercheurs ne disposaient que de l’ADN d’un seul individu. Ils veulent désormais savoir si les modifications génétiques s’appliquent à l’ensemble de la population. Ils sont également curieux de découvrir d’autres mutations potentielles et de savoir quand elles se sont produites dans le processus de l’extinction du mammouth.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire