Créer des liens via une activité partagée, une pratique ancrée dans notre évolution
Les racines évolutives de l’établissement de liens par le biais d’activités partagées seraient plus profondes qu’on ne le pensait. C’est ce que conclut une étude menée sur les singes.
Comme nous, les chimpanzés aiment regarder des films ensemble, ont constaté des scientifiques. Leurs recherches, publiées dans la revue Proceedings of the Royal Society B, suggèrent que les liens sociaux à travers une expérience partagée ont des racines évolutives profondes, bien plus ancrées dans notre évolution que ce que l’on pensait.
Pas uniquement humain
Les humains peuvent se lier autour d’activités de groupe comme regarder un film ou jouer à des jeux de société. Mais il n’avait pas encore été clairement établi si la psychologie derrière ce phénomène était présente chez d’autres espèces. « Les humains ont une très grande variété d’activités de création de liens sociaux que nous ne voyons pas chez d’autres espèces parce qu’elles sont culturelles – par exemple écouter de la musique ou regarder des films », explique Wouter Wolf (Université Duke), un auteur de l’étude cité par The Guardian. Un comportement considéré jusqu’à présent comme « uniquement humain ».
Lors de l’expérience, les chimpanzés ont regardé une courte vidéo à deux. Les chercheurs ont ensuite mesuré le temps qu’il leur a fallu pour se rapprocher leur binôme, à quel point ils étaient proches et combien de temps ils sont restés proches. Ces deux paramètres, qui permettent de mesurer le lien social, ont aussi été mesurés pour des duos de bonobos et des grands singes, fortement liés aux humains. Les scientifiques ont constaté que les grands singes qui avaient visionné la vidéo avec une autre espèce ou un humain se rapprochaient de leur partenaire plus rapidement ou passaient plus de temps à proximité d’eux que ceux qui l’avaient visionné seuls. Ces résultats indiquent donc que les liens sociaux créés par une expérience partagée, ici le visionnage d’une vidéo, peuvent avoir des racines évolutives plus profondes qu’on ne le pensait auparavant.
Besoin de connexion
Les animaux, dans leur milieu naturel, ne cherchent pas spontanément à vivre ce genre d’expérience. Les scientifiques ont donc longtemps cru qu’ils n’en étaient pas capables, ou qu’ils ne bénéficiaient pas des conséquences psychologiques de l’expérience. « C’est excitant de savoir qu’au moins certaines parties de la psychologie qui dicte notre besoin de nous connecter à travers des expériences partagées puissent avoir une histoire évolutionnaire un peu plus ancienne qu’on ne le pensait auparavant », dit Wolf.
Vu la courte durée de l’expérience, menée uniquement sur des animaux en captivité, on ne sait pas si ces expériences partagées renforcent les liens sociaux à long terme ou s’ils privilégient juste un rapprochement à un moment donné.
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