Cerveaux plus petits : la faute au réchauffement climatique ?
Le changement climatique réduit-il la taille du cerveau ? Une récente étude l’affirme. Mais difficile d’y voir un lien de causalité.
Le changement climatique fait-il diminuer la taille du cerveau humain ? Telle est l’une des conclusions d’une récente étude américaine, publiée dans la revue Brain, Behavior and Evolution, qui a analysé 298 fossiles du genre homo au cours des 50.000 dernières années. Et qui a constété qu’à la suite du réchauffement climatique durant la période de l’holocène (la période géologique, toujours en cours, s’étalant sur ces 12 000 dernières années), la taille du cerveau a diminué de 10,7%.
Jeff Morgan Stibel, un scientifique américain au National History Museum de Los Angeles, constate dans cette étude que « la taille du cerveau chez le genre Homo a été en moyenne significativement plus faible pendant les périodes de réchauffement climatique par rapport aux périodes plus froides ». Il ajoute : « Les résultats suggèrent une réponse adaptative au changement climatique dans la taille du cerveau humain qui est entraînée par la sélection naturelle en réponse au stress environnemental ».
Selon l’étude, « les cerveaux […] produisent des niveaux élevés de chaleur par rapport à leur masse ». Ils tendraient alors à rétrécir sous les climats plus chauds. Le chercheur précise toutefois que d’autres études sont nécessaires pour confirmer son hypothèse. La réduction de la taille du cerveau, phénomène largement étudié, ne peut s’expliquer avec un seul facteur. Puis le lien de causalité n’est pas évident: comme l’explique Antoine Balzeau, chercheur au CNRS et paléontologue au Muséum national d’Histoire naturelle, ce n’est pas parce qu’il y a une corrélation, qu’il y a cause à effet. « Il est important de ne pas interpréter les résultats et de ne pas établir de lien de causalité », insiste-t-il.
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Un cerveau de plus en plus petit ?
Antoine Balzeau, comme son confrère paléontologue Yann Heuzé le confirment : la taille de l’encéphale a bel et bien diminué. Mais, par le passé, elle avait connu un phénomène inverse : en 7,5 millions d’années, la taille du cerveau a triplé avant de connaître une rupture avec l’Homo sapiens.
Toumaï, le plus ancien bipède connu, considéré comme le premier humain, a un endocrâne d’approximativement 370 cm³. Pour bien visualiser, cela correspond à un peu plus d’un tiers de litre. Avec le genre homo, la moyenne a atteint les 650 cm³. Mais la première rupture survient avec la première espèce à visiter le nouveau monde, l’Homo erectus. Son volume crânien s’apparente autour des 1000 cm³, et peut monter jusqu’à 1300. L’homme de Neandertal, quant à lui, marque la deuxième rupture en possédant le plus gros volume, 1600 cm³ en moyenne. Les représentants de notre espèce, l’Homo sapiens, possèdent un endocrâne légèrement plus petit, avant de diminuer et ainsi passer de 1500 cm³ à 1350.
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La taille, un critère d’intelligence ?
Plus petit, donc plus bête ? Non, la taille de l’encéphalisation n’a pas de lien de causalité avec l’intelligence. « La baleine et l’éléphant ont un plus gros cerveau que nous. Ça ne veut pas dire pour autant qu’ils soient plus intelligents », explique le chercheur Yann Heuzé. Selon lui, l’intelligence est variable et difficilement mesurable. Elle dépend de multiples facteurs comme les variations culturelles ou encore l’influence de l’environnement social. Le test de QI (Quotient intellectuel) est une manière de mesurer l’intelligence, mais ne la définit pas.
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