Ce que le Covid nous a appris: l’odorat et ses mystères
Immunologie, pneumologie, cardiologie, pédiatrie… En deux ans de Covid, la recherche scientifique et l’expérience de la pandémie ont donné lieu à de grandes avancées dans plusieurs domaines. Voici les bonnes nouvelles de la crise sanitaire.
L’altération de l’odorat est l’un des symptômes les plus spécifiques de la Covid-19. Certaines études estiment que dans 1 à 10% des cas, les patients développent une dysfonction olfactive chronique qui peut durer au moins six mois, et souvent plus.
« La perte d’odorat comme symptôme, c’est en quelque sorte un « cadeau de la nature » parce que c’est la signature biologique de cette souche de corona. C’est ce qui nous a permis de détecter des cas positifs alors que le test PCR était négatif , retrace le Dr Jérôme Lechien, chirurgien ORL à l’hôpital Foch à Paris et chercheur à l’UMons. On a compris que dans la majeure partie des cas, le virus passait dans la muqueuse olfactive et qu’il pouvait se retrouver dans le bulbe olfactif, même très longtemps après l’infection. Aujourd’hui, on pense que le virus détruit les cellules de soutien qui se trouvent autour des neurones, les astrocytes, ainsi que de tous petits neurones souches. »
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De nombreuses observations
L’examen des patients a aussi mis en lumière d’autres phénomènes, développe le Pr Lechien. Il est apparu que les personnes qui ont refait l’infection après une première contamination n’ont pas forcément perdu l’odorat dans les deux cas. Mais aussi que le dysfonctionnement peut apparaître chez des patients vaccinés et qui ont contracté la maladie par la suite. Ou encore que le type de variant pourrait avoir un impact sur le nombre de cas de parosmie. Des observations, indique le chirurgien ORL, qui restent « difficiles à interpréter ».
A l’heure actuelle, seul un entraînement olfactif régulier est recommandé aux patients Covid. Mais une nouvelle étude, menée par une équipe de chercheurs belges, sur un traitement expérimental à base de plasma sanguin riche en plaquettes (PRP) permet d’espérer améliorer la fonction olfactive des patients.
Deux interrogations
L’ ensemble de ces avancées pourrait également aider les médecins à mieux traiter la perte d’odorat liée à d’autres coronavirus ou encore à la grippe ou à l’herpès. Deux grandes interrogations subsistent: ces odeurs fantômes que les chercheurs peinent encore à comprendre et ces très rares cas de perte d’odorat après vaccination. « Notre hypothèse est que le vaccin stimule tellement bien le système immunitaire qu’il vient nettoyer la Covid restant dans le bulbe olfactif. Et qu’en délogeant le virus, il détruit aussi des cellules là où elles se cachent. »
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