Ce paresseux géant pouvait peser jusqu’à 4 tonnes
La découverte en Guyane du squelette fossilisé d’un paresseux géant, espèce éteinte il y a 12.000 ans et qui pouvait peser jusqu’à 4 tonnes, est un immense pas en avant dans la connaissance, pour le paléontologue Pierre-Olivier Antoine.
« C’est le premier reste de cette mégafaune éteinte retrouvé en Guyane et le premier de ce type trouvé en France, nous allons travailler sur une page vierge », s’enthousiasme ce chercheur de l’institut des sciences de l’évolution de Montpellier, interrogé par l’AFP.
Pierre-Olivier Antoine a dirigé l’expédition qui a identifié le squelette fossilisé d’un paresseux géant, au sud du bourg de Maripasoula, près du Maroni qui marque la frontière avec le Suriname.
Eremotherium laurillardi, c’est le nom de l’espèce, s’est éteint il y a 12.000 ans. Il culminait à quatre mètres lorsqu’il était dressé sur ses pattes arrière et pouvait peser jusqu’à quatre tonnes. Les reconstitutions actuelles lui donnent l’aspect d’un ours, mais il était herbivore. Le spécimen retrouvé était un juvénile, précise le paléontologue.
Les premiers restes du fossile ont été mis au jour fin 2020 par des garimpeiros, des orpailleurs clandestins, qui ont transmis, via un intermédiaire, les informations à des agents du Parc amazonien de Guyane. Les services régionaux de l’archéologie ont ensuite alerté les paléontologues, dépêchés sur place.
A une profondeur d’environ quatre mètres, « les garimpeiros ont sûrement trouvé un squelette complet », selon le professeur Antoine, mais ils n’ont pas pu l’extraire en entier. Beaucoup d’os sont tombés en poussière, altérés par l’acidité du sol guyanais. Les scientifiques ont récupéré des éléments de la mâchoire, du crâne, un radius, une vertèbre et une côte.
« C’était un animal terrestre et non pas arboricole, explique Pierre-Olivier Antoine, mais avec des dimensions proches d’un éléphant ». Selon les connaissances de son biotope, il vivait dans un environnement de savane, devenu aujourd’hui une forêt tropicale.
Dans d’autres zones d’Amérique du Sud, l’espèce a été contemporaine de l’humain, qui l’a même représentée sur des peintures pariétales, mais en Guyane, Eremotherium laurillardi n’a pas croisé l’Homme.
« Nous avons l’espoir de trouver d’autres fossiles de mégafaune », poursuit Pierre-Olivier Antoine. La présence d’insectes et d’une dent de poisson parmi les restes prélevés laisse présager que d’autres squelettes pourraient être conservés. Le paléontologue promet que les os de ce paresseux géant seront renvoyés en Guyane à la fin de leur analyse dans l’Hexagone.
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