Objectif ? Communiquer de cerveau à cerveau. © GARY WATERS/GETTY IMAGES

Vers un réseau social cérébral

Rosanne Mathot Journaliste

Une équipe de chercheurs des universités de Washington et Carnegie Mellon affirme avoir créé une forme de communication non verbale, permettant à des cerveaux d’échanger directement des informations entre eux. Les prémices de la télépathie ?

Le dispositif, présenté comme une innovation absolue, mais controversé dans la communauté scientifique, se nomme BrainNet. Concrètement, d’après les auteurs de l’étude, les cerveaux de trois personnes ont été mis en réseau, pour que leurs propriétaires puissent jouer à un jeu vidéo ressemblant à Tetris. Installés dans trois pièces différentes, les joueurs ne pouvaient pas interagir de manière conventionnelle. C’est de cerveau à cerveau qu’ils devaient communiquer, afin de gagner la partie ensemble. Résultat ? Positif, dans 81 % des essais, d’après l’étude. Les auteurs en sont convaincus : il s’agirait là du tout premier  » réseau social  » de cerveaux connectés, via une technologie non invasive, et capable de transmettre des pensées des uns aux autres, dans un objectif officiel de collaboration.

Pas d’écran. Pas de clavier. Mais deux types de casques. Le premier est un EEG (dit électroencéphalographe) qui coiffe l’émetteur de pensées et mesure l’activité électrique de son cerveau. Le second, placé sur la tête du receveur de pensées, est un appareil de TMS (stimulation magnétique transcrânienne) qui engendre des impulsions lumineuses dans le cortex visuel.

En 2015, la même équipe de chercheurs, s’appuyant sur les travaux du médecin brésilien Miguel Nicolelis, pionnier de l’interface cerveau-machine, avait déjà défrayé la chronique, en utilisant ce même équipement sur deux personnes, séparées de plus d’un kilomètre, qui auraient réussi à discuter, sur Internet, sur le mode questions-réponses.

L’objectif ? La création du réseau social ultime sur Internet, reliant, à l’échelle planétaire, des cerveaux capables d’échanger des pensées, pour résoudre des problèmes complexes. On en est loin : en l’état, le dispositif n’autorise le transfert que d’un très petit nombre de données (un bit, par interaction).

BrainNet soulève pourtant déjà bien des espoirs, des craintes et des interrogations : ce réseau social cérébral pourrait-il permettre à un patient atteint du locked-in syndrome (syndrome d’enfermement) d’échanger avec son entourage ? Violerait-il l’intimité ? Comment reconnaître ses pensées de celles reçues d’un cerveau étranger ? Des gens ne parlant pas la même langue pourraient-ils se comprendre ? Mais surtout : la pensée humaine peut-elle vraiment se réduire à un seul influx électrique ?…

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