Un cerveau pour l’éternité?
C’est une histoire cochonne qui pourrait bien ouvrir la voie à la vie éternelle.
L’incroyable » résurrection » de cerveaux de porcs, maintenus en vie pendant 36 heures, hors de leur corps, a défrayé la chronique (scientifique) au printemps dernier. Et pour cause : la prouesse technique de l’université de Yale est époustouflante. Rapportée par le site MIT Technology Review, l’expérience (qui attend de faire l’objet d’une publication scientifique) s’est appuyée sur une technique qui se rapproche de celle utilisée pour les greffes d’organes : en gros, il s’agit de réoxygéner les tissus, en rétablissant une circulation sanguine dans le cerveau, via un système de pompes qui injectent du sang artificiel dans l’organe. Tant qu’à être dans l’extraordinaire, l’équipe de Yale a fait dans l’impressionnant : ainsi, ce ne sont pas moins de 100 à 200 têtes qui ont été récupérées dans un abattoir, pour être soumises, à la chaîne, au système BrainEx. Bilan : » des milliards de cellules cérébrales sont restées parfaitement fonctionnelles « , exulte le neurologue Nenad Sestan, capitaine du projet.
Si cette expérience prend l’humain aux tripes, c’est – bien sûr – d’abord parce que le cochon partage avec nous une singulière intimité génétique de 98 % : en fait, les organes du porc sont si semblables aux nôtres que les Etats-Unis devraient prochainement autoriser des exogreffes porcines. Mais, surtout, cette histoire de cerveaux immortels gonfle un peu plus encore le vieux fantasme de vie éternelle qui agite l’humanité depuis toujours : et si on répétait l’expérience de Yale sur des cerveaux humains ?
Techniquement, c’est possible. D’ailleurs, par un beau samedi de 2013, lors de la Conférence » Global Future 2045 « , les neurologues Théodore Berger, Mikhail Lebedev et Alexander Kaplan avaient déjà confirmé la possibilité de maintenir en vie un cerveau humain, en dehors de son corps et d' » installer » l’organe dans un robot humanoïde. Et en avant, l’éternité !
D’aucuns préfèrent à cette idée le transfert de » données » contenues dans le cerveau, vers un avatar robotique, façon copie du disque dur d’un ordinateur. C’est le cas des tenants du » LifeNaut Project « , une initiative visionnaire ou folle, menée par la tête de proue du transhumanisme actuel, la richissime femme d’affaires transgenre américaine Martin(e) Rothblatt.
Cette dernière a d’ores et déjà fabriqué un clone intellectuel de son épouse Bina, Bina48 (qui se résume à un simple buste aux traits féminins), qui rappelle les humanoïdes imaginés par Arthur C. Clarke dans La Cité et les astres. C’était en 1956.
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