Réfléchir au temps que l’on a pour en user librement
Le philosophe Pascal Chabot a voulu « donner un sens à l’expérience singulière de ce que c’est, aujourd’hui, avoir ou n’avoir pas le temps ».
« Il est paradoxal, explique-t-il ainsi dans Avoir le temps (1), de se plaindre de manquer de quelque chose que l’on a. » « Celui qui se plaint de ne pas avoir le temps déplore en réalité manquer de temps de qualité. » Le voyage à travers le temps auquel le professeur de l’Ihecs à Bruxelles nous convie est puissant et passionnant. Il distingue notamment les « régimes de temps » qui ont régi dans l’histoire la vie de l’être humain: le Destin et son impératif biologique de la vie à la mort, le Progrès dicté par l’attrait du futur avec ses deux versants, psychopolitique et technoscientifique, l’Hypertemps qui impose l’empire du présent avec l’écran, l’horaire et le crédit, « les grandes instances maîtresses du temps » aujourd’hui, et le Délai, le compte à rebours avant une éventuelle catastrophe.
Or, jamais civilisation, note Pascal Chabot, n’avait vécu en coprésence de ces quatre schèmes. C’est à la fois précieux et vertigineux. En une période de l’histoire où un virus s’est rendu maître de notre temps et où une autre catastrophe, écologique, pourrait nous imposer sa temporalité, le philosophe nous rappelle qu’ « avoir du temps et donc exister, c’est décider librement de consacrer ce tttemps que j’ai à tel ou tel projet ». Pour profiter, à bon escient et autant que faire se peut, de notre temps limité.
(1) Avoir le temps, par Pascal Chabot, PUF, 212 p.
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