Power foil : Surf électrique volant
« Regarde, c’est Jésus sur l’eau », « Encore un truc américain »: en ce début mai, les badauds qui déambulent sur le port de Collioure s’ébahissent devant un surfeur qui décrit des arabesques à 30 cm au-dessus de l’eau.
Chris Defrance, patron de Redwoodpaddle, une PME de Perpignan, réalise un ultime essai en mer avant la commercialisation début juin d’une innovation: un surf électrique sur foil, une aile immergée qui permet à la planche d’évoluer en volant sur l’eau.
« C’est toujours comme ça, à chaque sortie on suscite la curiosité et des attroupements », lance Greg depuis le quai. Outre le développement de ce nouveau jouet, le jeune homme s’occupe de la communication de la PME.
« Pour les premiers essais, on allait dans des criques, on se cachait », affirme Chris. A l’époque « parfois ça marchait dans l’atelier, et plus du tout quand on le mettait à l’eau », s’amuse-t-il.
Cette fois, le patron de la petite PME décolle de la surface de l’eau à peine monté sur sa planche, d’un simple coup d’accélérateur sur une commande sans fil.
Il prend de la vitesse avant de s’incliner pour une courbe gracieuse puis enchaîne avec un virage nerveux pour revenir à son point de départ.
« L’air du temps »
« En Méditerranée, on faisait du (surf avec) foil en se faisant tracter par un jet ski. En 2016, au salon Nautique du Léman à Genève, un Suisse m’a dit +mais qu’est-ce que tu veux que l’on fasse de ça ici? Il me faut un moteur+ », se souvient Chris, qui a fondé Redwoodpaddle il y une douzaine d’années.
Avec 1,5 million de chiffre d’affaires en 2017, sa marque se revendique comme une référence montante sur le marché des surfs et paddles, qu’elle fabrique en Asie et commercialise directement sur internet.
Chris réfute le terme « d’inventeur » du surf électrique avec foil, l’innovation, dit-il, était « dans l’air du temps ».
Il cite « deux concurrents » croisés à différents salons, l’un basé à Porto-Rico et l’autre en Australie. D’autres entreprises sont également sur les rangs en Californie ou en Chine.
« Nous, on voulait s’amuser et mettre au point un produit facile, pour tout le monde », explique-t-il.
Au bout de plus de deux ans de développement, la petite équipe installée dans un hangar de l’Ilot de la Vigneronne — une zone d’activité de Perpignan– est persuadée d’avoir sorti « un bon produit ».
« Étanche » et « sûr »
« Au salon nautique de Paris, l’accueil a été super positif », souligne Chris, affirmant commercialiser le surf « le plus sûr du marché ».
C’est « le seul à avoir un coupe circuit qui arrête le moteur en cas de chute », se prévaut-il.
Autre particularité du surf français, le bloc propulseur (foil, hélice et batterie) peut s’adapter à différents types de planches.
Le « Power foil », de son nom commercial, est aujourd’hui un engin performant capable d’atteindre 40 km/h avec une autonomie d’environ 1h30, soit presque le double d’une planche électrique sans foil « qui a une traînée plus importante ».
Greg, l’un des six employés, confesse que la mise au point a été émaillée « de quelques moments de découragements ».
Parti d’une feuille blanche, l’équipe a dû tout définir, du nombre de pales de l’hélice au profil de l’aile du foil. « La plus grosse difficulté » a été de concevoir une batterie véritablement étanche.
Pour la partie électronique, ils se sont fait aider par un enseignant d’un lycée de Perpignan membre de la « Plateforme technologique » mise en place par l’académie de Montpellier pour soutenir les entreprises régionales.
Un container de planches vient d’être livré. Les premiers « Power foil » sont en cours d’assemblage avec des batteries fabriquées à Montpellier et les foils et planches venues de Chine.
Derrière le portail bleu de l’atelier, on s’affaire pour livrer les cinquante premiers clients qui, contre la somme de 5.000 euros, seront les pionniers de cette nouvelle activité.
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