Pour Sébastien Ministru, le beau geste, c’est « être le plus possible dans la bienveillance et la sensibilité «
Sébastien Ministru(58 ans), journaliste, chroniqueur, écrivain. Aussi auteur de théâtre, il signe Les Belles Personnes, pièce jouée au TTO, à Bruxelles, jusqu’au 31 mai prochain.
Qu’est-ce qu’un beau geste ?
C’est un geste invisible, blanc et transparent. C’est un geste qui ne se voit pas et ne se montre pas mais qui a toujours – pour moi, en tout cas – un but précis : aller vers l’autre.
Qu’avez-vous récemment fait pour vous-même ?
Je me suis réabonné à une salle de fitness car j’ai besoin de connecter à nouveau mon esprit à mon corps. Mon pauvre corps que j’ai oublié dans un coin, qui a fini par faire tapisserie et qui a récemment exigé des excuses. Je demande donc pardon à mon corps…
Et pour votre entourage, privé ou professionnel ?
J’essaie d’être le plus possible dans la bienveillance et la sensibilité, deux valeurs qui tranchent sur l’atmosphère de compétition de notre époque. L’autre jour, un ami devait traduire de la paperasse administrative du néerlandais au français, il était un peu paniqué, je l’ai rassuré en lui disant que ce n’était que du papier et j’ai demandé à mon compagnon, qui est flamand, de faire le boulot.
Et pour la société ?
Outre le fait d’être un coming out ambulant- j’ai récemment attiré l’attention sur l’ouverture à Bruxelles du Refuge qui accueille de façon temporaire des jeunes victimes d’homophobie et les encadre d’un suivi social et juridique (www.refugeopvanghuis.be) – je suis devenu flexitarien et j’ai été interpellé par une association d’aide aux exilés.
Quel beau geste avez-vous posé pour des gens qui ne vous aiment pas ou que vous n’aimez pas ?
Je leur ai dit bonjour avec courtoisie et je pense même leur avoir demandé : » Comment ça va ? » Plus, je peux pas…
Quel est l’acte dont vous êtes le plus fier ?
Aller un soir de 1987 dans un bar, voir la porte s’ouvrir et regarder entrer une personne dont je me suis dit : » Ou je sors avec elle ou je meurs sur place. » Je suis très fier d’avoir reconnu l’homme que je voulais rencontrer. Et qui est toujours là…
Quel geste avez-vous regretté de ne pas avoir posé ?
Aucun. Sur les regrets, j’ai une devise : ce que l’on n’a pas fait n’est plus à faire.
Quel acte a-t-on posé à votre égard et qui a changé votre vie ?
On a toujours su mieux que moi ce que j’étais capable de faire, Jean-Pierre Hautier pour la radio, Nathalie Uffner pour le théâtre ; ces deux-là ont changé le cours de ma vie.
Qu’avez-vous lu, vu ou entendu récemment qui vous réconcilie avec la nature humaine ?
Sérotonine, de Michel Houellebecq, qui n’est pas spécialement un feel good book mais la noirceur et le détachement illustrés par son personnage sont tellement énormes qu’on se doit d’être ultra-attentif à ce que sa vie ne parte pas en couille, comme la sienne. A l’opposé, j’ai lu Je pense trop de Christel Petitcollin, un livre qui fait l’apologie de la sensibilité, de la délicatesse et d’une certaine forme d’élégance.
Qui vous inspire ?
Serge, mon compagnon. Je fais tout pour lui plaire. Il le mérite. Je souhaite à tout le monde un Serge…
Selon vous, le monde irait mieux si…
Si on arrêtait de croire que c’est toujours de la faute des autres.
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