Nathalie Penning : « Un sourire que l’on offre sans en attendre un autre en retour »
Nathalie Penning, 53 ans, avocate au barreau de Bruxelles, comédienne et auteure de Sous la robe, qui vient de fêter sa 125e représentation.
Qu’est-ce qu’un beau geste ?
Un geste qui n’attend pas de merci, un regard ou même un silence… C’est aussi un sourire que l’on offre sans en attendre un autre en retour.
Qu’avez-vous récemment fait pour vous-même ?
Je suis partie pour la première fois en vacances sans mon mari et mes enfants, juste avec mes meilleurs amis, en France. Cela fait plus de trente-cinq ans que nous formons une petite bande, j’ai réalisé que, malgré les vicissitudes de la vie, nous avions réussi à la traverser ensemble tout en restant debout. Aujourd’hui encore, nous pouvons toujours compter les uns sur les autres et c’est très important.
Et pour votre entourage, privé ou professionnel ?
Je déteste le terme » client « , pour un avocat, je trouve cela vulgaire. De la même manière, je n’accepte jamais un dossier après un seul rendez-vous, un peu comme dans une histoire d’amour, il faut savoir si cela va marcher. Dernièrement, j’ai reçu une femme qui n’avait plus du tout confiance en elle. Lors de la seconde consultation, elle m’a confié qu’elle revenait car elle s’était sentie à nouveau respectée. Et moi, je me suis dit : » OK, je ne suis pas tout à fait inutile. »
Et pour la société ?
Mes spectacles car je pense que le rire en général est une thérapie merveilleuse, ça aide à réfléchir et cela rend les gens plus lucides et intelligents. Là où le chagrin isole, le rire rapproche.
Quel beau geste avez-vous posé pour des gens qui ne vous aiment pas ou que vous n’aimez pas ?
Aucun car je refuse de perdre du temps avec eux. Je ne leur nuirai jamais, mais j’ai un gros défaut, je n’oublie rien et je ne pardonne rien.
Qu’avez-vous lu, vu ou entendu récemment qui vous réconcilie avec la nature humaine ?
J’ai croisé une mariée qui sortait d’un hôtel chic, elle était tellement magnifique que je me suis permis de le lui dire. Il s’est avéré que je l’avais assistée comme avocate des années plus tôt. J’avais gardé le souvenir d’une femme frappée par le chagrin et la tristesse et je retrouvais une femme rayonnante et pleinement heureuse.
Quel acte avez-vous posé dans votre vie et dont vous êtes le plus fier ?
Avant qu’il ne meure, j’avais promis à mon père de réussir en première session ma 4e année en droit. Il est mort cinq jours avant mes examens, j’ai réussi et j’ai même obtenu une distinction. Je suis fière d’avoir tenu ma promesse envers lui.
Quel acte a-t-on posé à votre égard et qui a changé votre vie ?
La confiance du TTO (NDLR : le théâtre de la Toison d’or, à Bruxelles), celle de Nathalie Uffner mais aussi de toute l’équipe. Ils m’ont permis de trouver ma place dans un milieu que j’avais toujours rêvé de toucher du doigt. A leur façon, ils m’ont permis de me réconcilier avec moi-même.
Qui sont les personnes qui vous inspirent ?
Les femmes courageuses, de Gisèle Halimi à Simone Weil en passant par ces femmes que je vois le soir en hiver avec leurs trois gosses à l’arrêt de bus, au milieu des cartables et des courses pour le souper. Bref, toutes celles qui continuent à avancer dans le quotidien.
Quelle est la dernière chose que vous ayez donnée ?
Ce matin, un baiser à mon ado alors qu’il dormait encore.
Selon vous, le monde irait mieux si…
Les gens étaient plus curieux des autres, de leur voisin dans le train mais aussi de ceux qui ont du chagrin. Si les gens arrêtaient aussi de vivre en clan, enfermés dans les convenances sociales.
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