Le Kenya devient le 3e pays à tester à grande échelle un vaccin antipaludique
Après le Malawi et le Ghana en avril, le Kenya va lancer vendredi une campagne de vaccination contre le paludisme, test grandeur nature du vaccin expérimental le plus avancé contre cette maladie qui tue chaque année plusieurs centaines de milliers de personnes en Afrique, principalement des enfants.
Aboutissement de plus de 30 ans de travaux, la campagne lancée dans ces trois pays vise à confirmer l’efficacité du vaccin sur des enfants âgés de moins de 2 ans, les plus vulnérables à la malaria. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui coordonne ces programmes, espère vacciner 120.000 enfants dans chacun de ces pays d’ici à 2020.
Le lancement de la campagne de vaccination kényane doit avoir lieu vendredi dans un centre de santé du comté de Homa Bay, dans la région du lac Victoria, une des plus touchées au monde par le paludisme.
Baptisé « Mosquirix » ou RTS,S, ce vaccin a été développé par le géant pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline et l’ONG Path, et financé par l’Alliance du vaccin (Gavi), le Fonds mondial de lutte contre le sida et le paludisme et l’Unicef.
Le paludisme, maladie transmise par les moustiques et caractérisée par des épisodes cycliques de fièvre plus ou moins graves pouvant notamment être accompagnés de diarrhées, a tué 435.000 personnes dans le monde en 2017, dont 90% en Afrique. Les enfants âgés de moins de 5 ans représentent plus des deux tiers de ces décès.
« En protégeant les enfants, on peut donc avoir un impact important dans la prévention de la malaria », a déclaré à l’AFP Richard Mihigo, coordinateur de programmes d’immunisation et vaccination pour l’OMS, basé à Brazzaville, en amont du lancement.
Le Mosquirix agit contre le plasmodium falciparum, la variante la plus mortelle et la plus courante du parasite responsable du paludisme. Lors des essais préliminaires menés de 2009 à 2015, il a permis de réduire de 39% le nombre d’épisodes paludiques chez les enfants de 17 mois à 5 ans.
Son efficacité n’est donc que relative mais chercheurs et autorités sanitaires notent d’une part qu’au vu du nombre de victimes, le nombre de personnes sauvées sera significatif, et d’autre part que le vaccin doit être associé à d’autres moyens de prévention tels que les moustiquaires imprégnées de répulsif.
Le programme a notamment pour but de tester le vaccin « dans des conditions réelles avant que la moindre décision (politique, ndlr) ne soit prise pour étendre l’usage de ce vaccin », a souligné M. Mihigo.
Il s’agira par ailleurs d’évaluer certains obstacles logistiques et de sensibiliser les parents au cycle de vaccination antipaludique, qui implique quatre injections et ne correspond pas au cycle traditionnel de vaccination des enfants (DTP, rougeole, etc).
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