Le bruit en classe nuit à l’apprentissage: des conseils pour le réduire
Le bruit dans les établissements scolaires est un problème trop souvent négligé, alors qu’il a d’importantes répercussions sur la santé et l’apprentissage. De simples outils peuvent pourtant fortement améliorer l’environnement sonore en classe.
Et si certaines difficultés scolaires provenaient du bruit? Ce facteur est souvent sous-estimé alors qu’il nuit gravement au bien-être et à l’apprentissage. Or, les écoles sont pour la plupart de mauvais élèves en matière acoustique, que ce soit à cause du nombre trop important d’enfants, de la conception des bâtiments, des comportements individuels ou encore d’éléments extérieurs (trafic routier, voisinage, etc.). Ainsi, le niveau sonore d’une salle de classe est en moyenne de 60 décibels lors d’une leçon donnée par le professeur mais monte à 80 lors de travaux de groupe. L’intensité est à peu près la même dans le réfectoire ou la salle de gymnastique tandis que, dans la cour de récréation, il est fréquent qu’on atteigne les 90 à 100 décibels. Mais pour pouvoir discuter à voix normale à proximité d’un interlocuteur, l’intensité sonore ambiante ne doit pas dépasser les 60 décibels. Si elle est plus élevée, les occupants d’une pièce ou d’un lieu ont inconsciemment tendance à élever la voix pour s’entendre et la font monter crescendo. C’est ce qu’on appelle « l’effet cocktail ».
Lorsqu’on élève la voix, la prononciation est altérée. Cela peut compliquer la compréhension chez les enfants ne maîtrisant pas encore totalement le langage.
Cette exposition régulière au bruit n’est pas sans conséquences, tant pour les élèves que pour les enseignants. Elle peut causer des troubles de l’ouïe allant de la fatigue à la perte partielle ou totale d’audition, en passant par les acouphènes. Le bruit a également un impact direct sur le stress, la fatigue et l’apprentissage. Plusieurs études ont démontré qu’un bruit de fond avait des conséquences négatives sur les performances cognitives, surtout chez les plus jeunes. De plus, lorsqu’on élève la voix, la prononciation est altérée et peut compliquer la compréhension chez les enfants ne maîtrisant pas encore totalement le langage. On remarque également que le bruit en classe entraîne de l’inattention, une participation réduite, de l’irritabilité ou encore de l’agitation psychomotrice. 7
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Des conseils utiles
Agir sur le bruit est donc une nécessité pour la santé comme pour l’apprentissage. L’idéal est, à terme, de développer des bâtiments scolaires qui assurent une acoustique confortable pour leurs occupants. Une norme datant de 2012 prévoit d’ailleurs des exigences en matière de réduction de la résonance, d’isolation aux bruits aériens et de chocs, etc. lors de la rénovation ou la construction de classes. Mais tout cela avance très lentement.
En attendant d’éventuels travaux permettant de répondre à ces critères, les écoles peuvent améliorer leur environnement sonore à moindres frais. C’est ce que propose l’asbl Empreintes avec une série d’outils pédagogiques axés sur une démarche en quatre temps: sensibiliser, agir, communiquer et pérenniser. L’association met pour cela un site (bruitalecole.be) et un dossier d’accompagnement pédagogique à disposition. Elle organise également des interventions dans les classes et auprès des professeurs sur la thématique du bruit.
Quatre leçons pour une classe plus silencieuse
Utiliser un « langage des signes ». En classe, bon nombre de demandes ou d’échanges verbaux récurrents peuvent être remplacés par des gestes. Professeurs et élèves peuvent convenir de codes pour faire savoir que l’on a fini son travail, que l’on a besoin d’un outil en particulier, etc.
Recourir au textile. Placer de la feutrine sur les bancs, portes, tableaux et autres objets qui claquent, des balles de tennis sur les pieds des chaises qui crient lorsqu’on les traîne ou encore coller des cartons d’oeufs ou des morceaux de tapis sur les murs pour diminuer la résonance du local.
Instaurer le calme après la récré. De retour de récréation, les enfants sont souvent excités et bruyants. Pour revenir plus facilement à une ambiance de travail, le professeur peut instaurer quelques minutes de calme durant lesquelles il lit une histoire, propose des exercices de yoga ou laisse tout simplement les élèves se poser.
Rédiger une charte. L’idéal pour faire contribuer les élèves est de les inviter à réaliser une charte où chacun fait part de ses idées et de ses engagements pour diminuer le bruit. Ce document est ensuite signé par les participants puis affiché au mur afin que chacun puisse se rappeler des efforts qu’il a promis de faire.
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