A Zwolle, aux Pays-Bas, une piste cyclable en plastique recyclé a été inaugurée le 11 septembre. © RAYMOND VAN OLPHEN/BELGAIMAGE

Des routes en plastique, la solution pour recycler nos déchets?

Rosanne Mathot Journaliste

Le problème ? La pollution due au plastique. Une solution possible ? Utiliser ces déchets, pour en faire des chaussées, des pistes cyclables et des autoroutes « éco-amicales », moins chères et plus durables que les routes traditionnelles, tout en faisant un geste pour la planète. Pour l’heure, la « PlasticRoad » n’est qu’un projet-pilote, lancé le 11 septembre dernier, aux Pays-Bas, mais il a largement de quoi séduire notre pays, montré du doigt pour la très mauvaise qualité de ses routes.

« Il FAUT l’essayer à Bruxelles ! » : l’échevine (et ingénieure) bruxelloise à la mobilité, Els Ampe, est tout feu, tout flammes, pour ce qui est de la « PlasticRoad » (un projet-pilote imaginé par deux ingénieurs néerlandais en 2013, Anne Koudstaal et Simon Jorritsma ) qui vient de se concrétiser – de façon modeste, certes- , à Zwolle, à 80 km au nord d’Amsterdam, le 11 septembre dernier, via la construction d’une piste cyclable-pilote de 30 mètres de long, réalisée en plastique recyclé. Une piste-test qui se présente sous la forme de dalles légères et creuses, faciles à poser et à remplacer (façon « Lego ») et qui, dans cinq ans, une fois sa mission accomplie, pourra, une fois encore, être recyclée. Une 2e piste cyclable de ce type sera inaugurée, en novembre prochain, à Giethoorn, toujours aux Pays-Bas.

Evidemment, bien des dents pourraient grincer à l’évocation des porteurs du projet : KWS infra, le leader néerlandais de l’asphalte ; TOTAL, le poids-lourd français du pétrole et Wavin, un fabricant local de tuyaux en plastique.

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La « Plasticroad » a été imaginée par deux ingénieurs néerlandais : Anne Koudstaal (à droite) et Simon Jorritsma (à gauche), en 2013. Leur projet-pilote vient d’être concrétisé via un partenariat entre KWS infra, le leader néerlandais de l’asphalte; TOTAL, le poids-lourd français du pétrole; et WAVIN, un fabricant néerlandais de tuyauteries en plastique. © dutchwatersector.com

Première « smart-road » au monde

Cette piste cyclable est aussi une « smart-road » : dotée de senseurs, elle sera capable, tout au long de ses cinq ans de tests, de mesurer le trafic, son poids et les conséquences qu’il faut en tirer, pour la standardiser et l’améliorer. Dotée de rigoles, cette piste cyclable permet aussi le stockage de l’eau de pluie, en cas de fortes précipitations, via ses cavités : exit, l’aquaplanning ! En cas de sécheresse, ces mêmes cavités pourront aussi constituer un réservoir d’eau. L’idée est aussi que ces « PlasticRoads » soient capables, à terme, de se servir de l’énergie kinétique, pour alimenter, par exemple, les lampadaires, le long des routes.

« Ce serait logique de construire des « PlasticRoads » en Belgique »

Les Pays-Bas, c’est le pays qui nous a donné le Bluetooth, la cassette audio, le CD, le CD-Rom et le thermomètre à mercure : extrêmement créatifs, les Pays-Bas sont aussi à l’origine de la « PlasticRoad » : »La réflexion des Néerlandais est incroyablement moderne « , commente encore Els Ampe. « Il ne faut pas oublier que la Belgique est au top, pour ce qui est du recyclage du plastique. A Anvers, on a des firmes qui sont spécialisées dans le recyclage du plastique. Ce serait donc tout à fait logique de construire des « PlasticRoads » en Belgique… Nous allons nous mettre en contact avec les concepteurs de la « PlasticRoad » et avec la commune de Zwolle ».

Des routes en plastique, la solution pour recycler nos déchets?
© PlasticRoad

« Il y a aura des « PlasticRoads » en Wallonie, dans dix ans »

Même enthousiasme, côté wallon. Ainsi, Laurence Zanchetta, porte-parole de la Région wallonne, pour ce qui est des infrastructures, routes et bâtiments, ne modère pas son intérêt : « On est super-chauds! Bien sûr, nous devons nous montrer prudents, mais tout est très alléchant : le côté « préfabriqué » est un atout indiscutable ! Idem, pour ce qui est de réutiliser du plastique ! Ça nous intéresse grandement ! On se va se mettre en contact avec ceux qui portent ce projet. Si la « plasticRoad » fait ses preuves, il y en aura, en Wallonie, dans dix ans « .

Trois fois moins chères que des chaussées traditionnelles

Ces chaussées, réalisées, à terme, à 100 % en plastique recyclé issu des océans, promettent des chantiers rapides, sans fondations, moins bruyants, et de faibles coûts de transport. Autre avantage : le peu d’entretien que devraient réclamer ces chaussées, couplé à une belle longévité, de l’ordre d’un demi-siècle. Bilan : ces routes en plastique devraient non seulement être plus faciles à poser que les routes que l’on connaît, mais, d’après leurs concepteurs, elles seraient également « trois fois moins chères » que les routes classiques.

Un marché immense

Le dernier rapport du Forum économique mondial (2017-2018) estime que l’état des routes belges est calamiteux : pire que celui des routes du Rwanda. Même son de cloche, pour ce qui est du sondage réalisé par le MR, en 2015 : sur 2000 personnes interrogées, 92% des gens trouvaient que les toutes wallonnes étaient « désastreuses ». Alors que l’on sait que 16% des déchets humains sont des plastiques – et que, chaque année, 8 millions de tonnes de plastique se retrouvent à polluer nos océans – les routes en plastique semblent une idée prometteuse : aujourd’hui, 55% des déchets plastiques sont incinérés. Comme il y a, sur Terre, près de 40 millions de kilomètres de routes, on peut imaginer à quel point ce marché est prometteur. Le gouvernement indien ne s’y est pas trompé : depuis 2015, il incite déjà tous les constructeurs du pays à utiliser du plastique, dans la confection des routes.

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