Des vitres pour tantôt chauffer, tantôt rafraîchir l'atmosphère interne d'un bâtiment. © InDeWaG.eu

Des fenêtres… liquides

Rosanne Mathot Journaliste

Demain, les bâtiments pourraient bien être chauffés et rafraîchis grâce à leurs fenêtres. Comment ? Via à un flux liquide circulant en leur sein, qui absorbera le rayonnement solaire et le transformera en énergie thermique. S’il était encore en vie, Le Corbusier en serait tout ému, lui qui, le premier, s’est fait le héraut d’une architecture vitrée en créant sa fameuse  » fenêtre en bande « , un des cinq points clés de l’art de bâtir moderne.

De fait : depuis les travaux du maître suisse, le verre se retrouve partout dans l’architecture contemporaine, tant pour assouvir nos envies de soleil et de lumière que pour répondre à notre quête d’un bien-être intégrant espaces intérieur et extérieur. Le problème de tous ces vitrages ? Un inconfort thermique non négligeable, tant en été qu’en hiver avec, pour conséquence, un recours démesuré à la climatisation.

Une des solutions envisageables pour résoudre le dilemme entre confort et respect de l’environnement pourrait résider dans les  » fenêtres liquides  » mises au point par InDeWaG (Industrial Development of Water Flow Glazing Systems), un consortium privé-public soutenu par l’Union européenne dans le cadre de son programme Horizon 2020. En octobre 2019, InDeWaG inaugurait son pavillon-témoin à Sofia, en Bulgarie : un tout petit bâti, presque entièrement vitré, visant à démontrer qu’en remplaçant l’air par de l’eau entre les deux faces de verre des doubles vitrages, on pourrait tendre vers l’idéal du  » bâtiment à énergie zéro « , dans lequel la quantité totale d’énergie utilisée à l’année est quasiment égale à la quantité d’énergie renouvelable produite sur le site.

Les scientifiques espagnols, bulgares et allemands à la tête du projet sont partis du constat que l’eau, plus dense que l’air, absorbe 3,5 milliers de fois mieux la lumière infrarouge. Par ailleurs, davantage que l’air dont la distribution requiert de grosses unités de ventilation, elle est facile à acheminer dans l’ensemble de la construction, via des tuyauteries menues assurant à la fois le chauffage et l’alimentation en eau chaude.

Concrètement, il s’agit d’injecter entre deux panneaux de verre dotés de cellules solaires un mélange composé à 70 % d’eau distillée et à 30 % d’éthylène glycol (un antigel). Une pompe se charge de la circulation du flux liquide et une petite station météo, installée sur le toit du pavillon, donne aux chercheurs une indication de la vitesse à laquelle le liquide doit se mouvoir à l’intérieur des deux vitres, afin de réchauffer l’atmosphère interne du bâti ou, au contraire, la rafraîchir. Ce dernier point est crucial puisque, globalement, suite à la démultiplication des ordinateurs et des appareils électriques, le besoin de climatisation a désormais dépassé celui du chauffage. Le système fonctionne et est prêt à être industrialisé, affirme-t-on chez InDeWaG. Reste à trouver des investisseurs prêts à se jeter à l’eau…

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