Faut-il absolument partir pour se ressourcer? © Getty Images/iStockphoto

Comment bien choisir et réussir ses vacances (pour en profiter plus longtemps)

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Après des mois de travail acharné, la voici enfin: la bulle d’air estivale tant attendue. Plage, citytrip ou randonnée, à chacun son «truc» pour déconnecter. Avant un retour à la réalité parfois brutal. Voici quelques pistes pour bien choisir ses vacances et prolonger ses bienfaits.

– Alors, elles étaient bien, ces vacances?

– Elles paraissent déjà si loin…

Que cela soit trois semaines à la montagne ou dix jours à la plage, les vacances semblent souvent trop courtes. Une bulle d’air qui est loin d’être anodine pour le bien-être: «Les loisirs ne sont pas futiles. Ils sont même essentiels à notre équilibre mental», appuie Lisa Letessier, psychologue et auteure du livre «Comment garder le bénéfice de ses vacances», publié récemment aux éditions Odile Jacob. Raison de plus pour bien les choisir.

Partir où? Et surtout: pourquoi?

Mais c’est quoi, au final, les vacances idéales? Sont-elles ratées en cas de farniente à la piscine sans visiter l’endroit et sans «rentabiliser» le déplacement? Faut-il d’ailleurs absolument partir pour se ressourcer? Pour Lisa Letessier, le point de départ, crucial, est le suivant: il faut avant tout identifier ses besoins. Il est possible de le faire à travers quatre questions:

1. Quel paysage: plutôt vacances à la mer ou à la montagne, campagne ou ville?

2. Comment: cela peut être se reposer dans un all inclusive, faire de la randonnée ou du sport, se cultiver…

3. Avec qui: seul, en couple, en famille ou entre amis.

4. Pourquoi: découvrir, se reposer, bouger…

Il n’y a pas de réponse universelle: à chacun ses besoins au moment présent… et ses vacances. «Organiser ses vacances, son temps et sa vie est important mais, pour mettre en place des choses qui vous correspondent, il faut identifier ce qui vous fait vibrer, ce a qui du sens pour vous.» Cela peut prendre plusieurs formes: faire le tour du monde, faire 15.000 pas par jour pour visiter une ville ou se prélasser au soleil. Cela peut être aussi, tout simplement, ne rien faire. Se laisser porter par un voyage tout organisé, ou encore découvrir de nouveaux horizons.

Pour déterminer ce qui peut combler ces besoins, la psychologue conseille d’examiner ses vacances précédentes: les difficultés rencontrées, le ressenti, les regrets d’avoir fait ou non certaines choses. «Ne remontez pas trop loin dans le temps, car vos besoins peuvent avoir changé depuis», avertit-elle.

Combien de temps faut-il partir en vacances?

Une fois la destination et le style de vacances choisis, vient la question de la durée et de la fréquence. «Tout le monde ne peut pas prendre des vacances tous les trois mois», rappelle-t-elle. Elle conseille d’analyser sa «jauge de ressource»: ce qui épuise, les besoins non satisfaits et ce qui peut les combler, que cela soit par des congés ou autre chose. Il faut ensuite prendre conscience de son besoin en pauses afin de mieux ajuster son quotidien. «Par exemple, vous avez besoin de vacances toutes les trois semaines, mais vous ne pouvez pas partir une semaine par mois. Vous pouvez cependant consacrer un week-end par mois à vous faire plaisir, vous recentrer sur vos besoins et évaluer votre jauge de ressources.»

Idéalement, il ne faudrait pas partir en dessous de dix jours. Même si le temps pour se sentir ressourcé est propre à chacun. Et dépend de plusieurs choses: décalage horaire, temps pour (enfin) se relâcher… «Ce n’est qu’au bout d’une semaine qu’on commence à réellement profiter», écrit-elle. Il faut également bien choisir son moment en fonction de son énergie: certains ressentent la fatigue l’été approchant, d’autres subissent le manque de luminosité en hiver.

Stressantes vacances

Si les vacances sont indispensables, elles sont souvent aussi un concentré d’émotions. C’est le moment de faire une mise au point ou une remise en question. Elles peuvent également être une source de stress. Pour certains, «c’est une épreuve de bout en bout, un vrai parcours du combattant jalonné d’étapes plus redoutables les unes que les autres.» Cela peut être le stress de l’organisation, la peur que tout ne se passe pas comme prévu, ou bien la phobie des transports.

Attention aussi à l’excès d’excitation. Souvent, avant de partir, on accélère le rythme pour tout finir dans les temps alors que c’est avant tout un moment pour ralentir. «C’est un moment de transition et il faut apprendre à décélérer. Ce qui, concrètement, veut dire: se mettre en vacances avant d’être en vacances.» Car pour se régénérer, le cerveau a, lui aussi, besoin de congés. Ce qui ne lui arrive pas souvent. «A la veille de partir, votre cerveau reste saturé et suractivé. Votre cortex préfrontal surchauffe toujours quand vous faites vos valises, gérez le départ… Et puis vous arrivez (enfin!) à destination, et là, tout d’un coup, pouf, tout s’arrête. Comment voulez-vous que votre cerveau ait le temps de suivre!» Ce dernier a besoin d’un temps d’adaptation. Il se relâche au bout de deux ou trois jours. Une période qui peut être propice aux disputes de couple, coups de mou, spleen… Ce n’est seulement que trois jours plus tard que le cerveau récupère et peut enfin profiter.

Adieu culpabilité!

Une fois sur place, la proximité avec les covacanciers peut aussi cristalliser des tensions: un ami qui râle sur tout, ou une grosse dispute de couple. Pour Lisa Letessier, aussi thérapeute de couple, les vacances sont le moment d’identifier si les problèmes du quotidien sont extérieurs ou intérieurs. «Les vacances sont le moment idéal pour s’occuper de son couple» et de ses trois piliers: l’amour, l’amitié et la sexualité.

Son meilleur conseil: lâcher prise. Pas évident pour ceux qui aiment tout contrôler. A ceux qui auraient du mal à lâcher-prise, elle conseille de planifier une partie des activités, tout en laissant du temps pour l’imprévu ou la replanification, et faire de la place pour la surprise et la nouveauté. Et s’autoriser aussi à profiter… sans culpabiliser. «Beaucoup de personnes ont du mal à se reposer, à s’autoriser à ralentir ou à s’adonner à des activités sans autre objectif que le plaisir et la détente. Quant à ne rien faire du tout, cela leur est carrément impossible!» C’est ce qu’elle appelle la culpabilité du repos.

Trois conseils pour déconnecter

Un meilleur sommeil. «Le temps de sommeil n’est JAMAIS du temps perdu. C’est un temps indispensable pour restaurer ses ressources.» Et c’est aussi valable en vacances. Inutile de se lever aux aurores pour «profiter au maximum», au risque de revenir épuisés.

Un bain de nature. Que cela soit la forêt, la campagne, la mer ou encore la montagne, le contact avec l’environnement naturel apporte de nombreux bienfaits.

Le silence et l’ennui. «Le silence permet de se recentrer, de faire une pause sensorielle. Cela ne signifie pas être dans le vide absolu! Ce qui, pour un temps, doit être mis à distance, ce sont les bruits urbains et les interactions sociales.»

Partir pour mieux revenir

Pour le retour, la psychologue conseille d’atterrir en douceur, pour laisser le temps à son cerveau de se réadapter, dans l’autre sens. Mettre les bouchées doubles pour rattraper ses mails et dossiers en retard? Certainement pas! «La première clé est de se réserver toujours un jour ou deux de battement avant de reprendre. Prenez ces deux jours pour défaire tranquillement vos valises, vous occuper de vos lessives et ranger vos affaires.»

Et de réfléchir, à nouveau, à ses besoins et ses ressources. «Si vous êtes prêts à mettre en place de nouvelles habitudes pour limiter ce qui vous pèse et évacuer le plus possible ce qui vous plombe, vous allez pouvoir, en allégeant ainsi votre charge mentale, vous aménager un quotidien où vos ressources seront durablement protégées», conclut-elle. Partir pour mieux revenir, finalement.

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