Un an après la manifestation Black Lives Matter de Bruxelles : qu’en est-il des revendications?
Il y a un an, la manifestation Black Lives Matter à Bruxelles a réuni des milliers de personnes en pleine pandémie. Aujourd’hui, qu’en est-il des revendications réclamées lors de ce rassemblement?
Plus de 10 000 personnes s’étaient rassemblées le 7 juin 2020 au nom de la lutte antiraciste sur la place Poelaert, en face du Palais de justice de Bruxelles. Cette manifestation avait été organisée par l’ASBL Change, association ayant pour objectif de « valoriser » et « partager la culture et l’Histoire de l’Afrique auprès des afro-descendants et du reste du monde », comme indiqué sur leur site internet. Le rassemblement, comme beaucoup d’autres en Europe était une réaction au meurtre de George Floyd. En plus de la solidarité et du soutien avec les Afro-Américains, l’une des revendications principales était la fin des brutalités policières et autres discriminations raciales en Belgique.
Les violences policières n’ont pas cessé
En un an, plusieurs cas de violences policières ont été médiatisés sur le territoire belge, dont deux cas de jeunes hommes morts suite à des interpellations. En juillet 2020 alors que le monde était encore sous le choc de la vidéo du meurtre de George Floyd, Akram, Molenbeekois d’origine algérienne de vingt-neuf ans est mort suite à une intervention policière. Plus récemment c’est Ibrahima, jeune homme noir d’origine guinéenne qui est décédé en janvier à la suite de son arrestation. Il avait vingt-trois ans. Dans les deux cas, il s’agissait d’une crise cardiaque, selon les autorités. Dans un rapport publié fin avril, le comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) de l’ONU a fait part de son inquiétude face aux violences policières et au profilage racial en Belgique. De plus, le comité souligne dans le rapport qu’il est « également préoccupé par les informations selon lesquelles cette violence et ces mauvais traitements seraient intensifiés dans le contexte du contrôle des mesures de confinement prises dans le contexte de la pandémie Covid-19 et lors des récentes manifestations antiracistes ayant eu lieu dans l’Etat partie. ». Autrement dit, non seulement les violences policières n’ont pas cessé, mais elles auraient augmenté.
Qu’est-ce qui a changé ?
Si les violences policières sont toujours d’actualité, quelques changements sont tout de même visibles dans la société belge. D’après Dido Lakama, coordinateur de l’ASBL Change, tout n’est pas perdu. Selon lui, il n’y a pas eu de changement à l’échelle étatique comme on a pu le voir aux Etats Unis avec la condamnation de Derek Chauvin, le policier responsable de la mort de Floyd, mais il reste optimiste. Il déclare qu’il a « l’impression que les choses ont changé parce que les communautés sont entre elles plus solidaires », et que « sur le terrain, les citoyens ont plus conscience de ce que vivent les noirs ». En effet, les nombreux évènements qui ont eu lieu lors de cette période ont largement été relayés sur les réseaux sociaux. De plus, cette année, de fin avril à mi-juillet se tiennent les premières assises de la lutte contre le racisme au Parlement bruxellois. D’après Dido Lakama, il s’agirait d’une des conséquences directes de cette manifestation. Dans le domaine du sport, c’est la création de l’ASBL « Stop Racism In Sport » en janvier qui marque le changement. Il est donc possible de noter une envie de rassembler toutes les populations autour d’un but commun qui serait le vivre ensemble et la fin des discriminations.
Le coordinateur de l’ASBL Change qui était présent à la manifestation du 7 juin 2020 la qualifie de « moment historique » qui a rassemblé les communautés, « jeunes ou vieux, peu importe leurs partis politiques, les gens ont mis leurs clivages de côté. ». Aujourd’hui le but de l’ASBL est de continuer de médiatiser et de sensibiliser autour de ces questions pour que les choses continuent d’avancer et de changer.
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