Mobilisons-nous!

Face au réchauffement climatique, à la raréfaction des matières premières, aux problèmes de l’énergie ou encore aux pollutions de l’eau, de l’air et de la terre, la majorité des gens semble enfin prendre conscience des défis auxquels est confrontée notre planète. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces prises de conscience entraînent très peu de prises de décisions concrètes. […] Nos autorités politiques éclatées restent toujours guidées par leurs visions à court terme, électoralistes et partisanes et ne se décident toujours pas, par exemple, à supprimer le système absurde des voitures de société (Le Vif du 28 juillet). […] Quant à la population, elle semble surtout préoccupée à rattraper le temps perdu par le Covid, notamment en matière de vacances en avion (dont le kérosène n’est toujours pas taxé non plus). Mais comment peut-elle être motivée à réaliser des économies domestiques alors qu’elle est abreuvée, notamment par la publicité, d’images indécentes de voitures surdimensionnées et suréquipées ou de gadgets futiles, voraces en énergie et à l’obsolescence programmée? Il faudrait qu’on se rende enfin compte que nous sommes entrés en guerre et qu’on redécouvre comment nos sociétés s’étaient mobilisées, à partir des années 1930, pour faire face aux périls qui s’annonçaient. Il s’agissait aussi, à l’époque, d’économiser des matériaux «stratégiques» (acier, cuivre, nickel, aluminium…), de réduire la consommation de fuel, etc. […] Cette mobilisation impliquait l’ensemble de la société […] et une solidarité imposée mais nécessaire. Ce que nos parents et grands-parents ont pu faire, pourquoi n’en serions-nous pas capables aussi puisqu’il ne s’agit plus seulement de sauver une nation mais la planète? A moins de considérer que notre confort nous a définitivement privé de toute réactivité. Mais ce qui semble nous manquer le plus cruellement, c’est la conscience précise de la matérialité du danger et la définition d’objectifs clairs, cohérents, courageux et concrets.