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Le jet privé, objet très identifié
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Difficile, désormais, de voyager incognito en jet privé: dès lors que les données de vol de ces appareils, publiques, sont répertoriées sur certains sites comme Flightradar24, n’importe qui peut suivre à la trace ceux qui optent pour ce type de transport, chefs d’entreprise, responsables politiques ou vedettes en tout genre. Les voilà donc au centre de l’attention sur toute la planète, à l’heure où celle-ci souffre particulièrement du réchauffement climatique et où les gouvernements invitent les «autres» citoyens à limiter leurs émissions de CO2. Pour ces derniers, la pilule est amère. Un vol de jet privé émet, en effet, deux tonnes de CO2 par heure alors qu’annuellement, un habitant des Emirats arabes unis en émet personnellement 20 tonnes, un Américain, 15, un Belge, 8, et un Burundais, 0,1 tonne. Les Accords de Paris sur la lutte contre le réchauffement prévoient un objectif idéal à atteindre de deux tonnes de CO2 par habitant d’ici à 2050…
Ils sont donc quelques-uns à effectuer les relevés systématiques des vols en jet privé qu’entreprennent ceux qui en ont les moyens, dont Elon Musk (Tesla), Mark Zuckerberg (Meta) ou la chanteuse Taylor Swift. Entre janvier et septembre 2022, cette dernière a effectué 170 vols, pour 8 293 tonnes d’émissions de CO2. Plus près de chez nous, une multinationale comme Total, ainsi que les grands patrons français Vincent Bolloré, auteur de cinq vols en une seule journée, ou Bernard Arnault, homme le plus riche de France, font l’objet de la même attention, comme sur le compte Twitter @laviondeBernard. A la grosse louche, assure l’ONG Transport et Environnement, 1% de la population, adepte de l’utilisation privée de ces petits avions, est ainsi responsable de la moitié des émissions dues au secteur de l’aviation. La tendance s’amplifie puisqu’aux Etats-Unis, précise le Wall Street Journal, les vols mensuels de jets privés ont augmenté de 30% depuis 2019. En France, 10% des avions qui décollent sont réservés par des particuliers.
Alors? Les traqueurs de voyages en jet, qui s’intéressent aussi aux déplacements en yacht, assurent que leurs révélations ont un impact. Le milliardaire Bernard Arnault aurait ainsi cessé d’utiliser son avion personnel, sans doute au profit d’appareils de location plus discrets. Ces lanceurs d’alerte espèrent aussi faire pression sur les gouvernements afin qu’ils taxent ce type de déplacements, les régulent ou les interdisent. En Belgique, Groen a proposé de taxer les vols en jet privé à hauteur de 3 000 euros, au moins.
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