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Le billet d’avion

Le Vif
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Partout, des vols annulés. Chez Brussels Airlines, 148 cet été, chez Lufthansa, 900 vols intra-européens, des centaines chez Eurowings, sa filiale low cost. Idem chez l’avionneur Swiss Air, autre filiale de Lufthansa. Ce qui se passe déjà en Europe donne une idée de ce qui pourrait se produire en Belgique. Ainsi, à Dublin, plus d’un millier de voyageurs ont raté leur vol à cause de files gigantesques à l’aéroport. A Amsterdam, excédés de poireauter plus d’une heure pour entrer dans l’aéroport, des passagers en sont venus récemment aux mains avec le personnel de sécurité. A Londres, la compagnie Ryanair a demandé à ses clients de venir enregistrer leurs bagages la veille, tant l’aéroport était engorgé. Une situation qui n’a plus rien d’exceptionnel. Et un secteur mis à terre par le Covid-19. Le transport aérien a taillé dans ses effectifs et, avec lui, c’est tout l’écosystème – compagnies, aéroports, société de restauration à bord ou d’assistance en escale – qui trinque. Il y a désormais des manques dans toute la chaîne. Au sol, d’abord. La plupart des platesformes européennes sont confrontées à une pénurie de personnel. Manutention des bagages, contrôle de sécurité, enregistrement et embarquement des passagers… Des postes essentiels dans un aéroport et non pourvus. Ce qui ralentit évidemment les flux et provoque des retards au décollage, voire des annulations. Brussels Airport a lancé une opération de recrutement de 1 200 collaborateurs. Mais, comme les autres aéroports, il se heurte à la traditionnelle médiocrité des salaires dans ce secteur et à la nécessité, pour les candidats, d’accepter des horaires très flexibles. A bord, ensuite. Des grèves sont possibles ou annoncées chez Brussels Airlines, Ryanair, mais aussi chez KLM, Air France ou encore EasyJet. Aux Etats-Unis, c’est la pénurie de pilotes qui est la plus pénalisante. En Europe, on manque aussi de personnel de bord et les transporteurs n’arrivent pas à répondre à cette brutale poussée du trafic aérien, amorcée depuis les vacances de printemps. Surtout, personne n’a rien vu venir. Le secteur ne s’attendait pas à un retour à des chiffres de fréquentation comparables à ceux de 2019 avant 2023, voire 2024. Il y a un effet rattrapage, appelé revenge travel aux Etats-Unis: une clientèle frustrée de voyages après deux années de crise qui prend sa revanche. Malgré le flygskam (la «honte de prendre l’avion»), mouvement né en 2018 en Suède qui réclame, au minimum, plus de sobriété aérienne, la demande pour les billets d’avion… s’envole.

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