Grève du secteur public: le point sur la journée
Le service alternatif de la SNCB est entré en vigueur ce lundi à 22h00 pour la journée de grève dans le secteur public. La circulation des trains sera très fortement perturbée jusque mardi soir et le réseau ferroviaire sera fermé dans les provinces de Liège, Luxembourg et Namur. Seul un quart des trains circuleront dans le reste du pays.
Le front commun syndical avait annoncé, début du mois, une journée d’action nationale. Le syndicat socialiste des services publics (CGSP) avait déposé un préavis et a confirmé ce vendredi son appel à la grève générale.
Il s’agit, pour les formations syndicales, de dénoncer « le malaise général » qui se fait ressentir dans les services publics à tous niveaux. Les revendications de cette journée se déclinent en quatre points, indique la CSGP: plus de pouvoir d’achat, renforcement des pensions, le recrutement de personnel avec emplois de qualité et plus d’investissements opérationnels, et enfin le respect pour les libertés syndicales et du pouvoir de négocier.
Les syndicats ont mobilisé en masse à Charleroi
Les syndicats se sont mobilisés en nombre à Charleroi: ils ont tenu plusieurs piquets de grève, ont effectué une marche et ont également distribué des tracts à différents ronds-points du centre-ville. Les piquets de grève ont concerné l’hôtel de ville de Charleroi, plusieurs maisons communales annexes, le bâtiment de la régie communale autonome ainsi que les locaux de structures comme l’Onem ou le Forem.
Une marche partant du site de l’Intercommunale de déchets Tibi et allant vers le centre-ville a rassemblé en outre de nombreux travailleurs des services publics carolos autour de revendications comme la hausse du pouvoir d’achat et l’augmentation des moyens alloués aux services publics. A différents ronds-points, des délégués syndicaux sont allés à la rencontre des automobilistes carolos en leur distribuant des tracts. « Les services publics font un travail essentiel mais trop souvent passé sous silence. Il est important de le rappeler à l’occasion d’une journée comme celle-ci », a déclaré Philippe Barbion, permanent CGSP
Aucun train dans les provinces de Liège, Luxembourg et Namur
Le service alternatif de la SNCB est entré en vigueur ce lundi à 22h00. La circulation des trains sera très fortement perturbée jusque mardi soir et le réseau ferroviaire sera fermé dans les provinces de Liège, Luxembourg et Namur. Seul un quart des trains circuleront dans le reste du pays.
Le service minimum a été élaboré en fonction de la présence du personnel, dans les provinces où c’était possible. Aucun train ne pourra circuler dans celles de Liège, Luxembourg et Namur car les cabines de signalisation d’Infrabel resteront fermées en raison du nombre insuffisant de membres du personnel. Les trains IC (reliant les grandes villes) qui traversent ces provinces seront donc également limités, comme ceux Ostende-Eupen qui ne circuleront qu’entre Ostende et Louvain.
Dans le reste du pays, un train IC sur trois et un train S (offre suburbaine) ou L sur cinq seront disponibles. La plupart des trains P, qui roulent exclusivement pendant les heures de pointe du matin et du soir, ne circuleront cependant pas. Quelques gares seront d’ailleurs peu voire pas desservies. La circulation reprendra normalement dès mercredi matin.
La circulation reprendra normalement dès mercredi matin. Les voyageurs peuvent consulter le service alternatif sur le planificateur de voyages.
Une seule ligne de métro desservie à Bruxelles
La circulation des métros est perturbée à Bruxelles. Sur les quatre lignes qui quadrillent la capitale, une seule est en service, il s’agit de la ligne 1, a indiqué la Stib via Twitter.
Les trams des lignes 3, 4, 7, 8, 9, 51 et 92 circulent en ce moment sur le réseau, selon une mise à jour de la situation à 7h30. Des bus sillonnent également la capitale sur les lignes 12, 34, 46, 53, 56, 59, 65, 71, 74, 87 (prolongé jusqu’à Étangs Noirs), 88 et 95. « Les autres lignes ne rouleront pas aujourd’hui », précise encore la société de transport en commun.
Le réseau des bus Tec fortement affecté
Le réseau Tec est particulièrement affecté par les actions syndicales menées en front commun en divers endroits du pays à l’occasion de la grève générale dans les services publics. « On conseille aux voyageurs de ne pas prendre le bus aujourd’hui », recommande la société régionale wallonne des transports.
Dans l’immédiat, aucun chiffre n’était disponible sur le nombre de véhicules qui circulent, ainsi que sur l’ampleur des perturbations en cours sur le réseau. « Mais beaucoup de chauffeurs ont décidé de ne pas quitter leur dépôt », indique la société. Une attestation de perturbations est disponible sur le site du Tec.
En Flandre, six trams et bus sur dix de la société de transport public De Lijn circulent en moyenne. Toutefois, ce chiffre varie légèrement selon les provinces. En Flandre occidentale et dans le Brabant flamand, par exemple, 65 % des trams et des bus sont en service, tandis qu’en Flandre orientale, à peine la moitié des bus et des trams roulent sur le réseau. Trois quarts des trams sont supprimés à la Côte.
Les militants cheminots de la CSC-Transcom se sont rassemblés mardi matin pour mener une action symbolique devant la gare de Mons dans le cadre de la journée d’action nationale dans les services publics.
L’objectif des cheminots était de réclamer les moyens et les recrutements indispensables à la réalisation de leurs missions de service public. Les militants ont également dénoncé le non-remplacement du personnel des chemins de fer et les économies budgétaires imposées par les précédents gouvernements successifs. « Depuis 2016, les cheminots n’ont pas pu organiser de mouvement de grève tel que nous le faisons ce mardi, ils peuvent ainsi exprimer leur ras-le-bol parce que chaque situation de travail s’est dégradée », a expliqué Cédric Depret, permanent CSC-Transcom.
« Il faut enfin investir massivement dans les services publics, en ce compris les chemins de fer. Il est anormal que les cheminots ne puissent plus avoir leurs jours de congé prévus, que, dans les fonctions de sécurité, ils ne peuvent plus être libérés pour des visites médicales, tout cela par manque de personnel. Le ministre de la Mobilité veut mettre plus de trains, c’est très bien. Mais alors il faut plus de moyens pour le rail. La crise du Covid a montré l’utilité des services publics: mais, deux ans plus tard, où en est l’investissement dans les services publics? Nous posons la question« , a-t-il ponctué.
Le trafic routier peu perturbé pour l’instant
Le trafic routier semblait peu perturbé ce mardi matin, malgré la journée d’action nationale qui touche les services publics. Touring Mobilis relevait 327km d’embouteillages cumulés sur le réseau routier vers 08h15. De nombreux employés ont sans doute opté pour la formule du télétravail.
Les zones de secours limitées dans leurs actions de grève
Les zones de secours du pays mènent ci et là quelques actions sporadiques, mais continuent à assurer les premiers secours, que ce soit en ce qui concerne l’aide médicale urgente ou les interventions en cas d’incendie. « La grève est chez nous l’arme ultime, on ne veut pas prendre la population en otage », indique d’emblée à Belga Peter Vandenbercke, ambulancier à l’intercommunale de Liège et environs et dirigeant responsable du SLFP. « On fait donc les inventaires des véhicules et on assure les départs urgents. Pour le reste, on se croise les bras », ajoute-t-il. Une action symbolique est toutefois prévue dans les différentes casernes du pays. « Les camions vont sortir à la même heure, toutes sirènes hurlantes, afin de faire entendre notre mécontentement », illustre M. Vandenbercke.
Le conflit social a même pris une dimension judiciaire puisqu’il oppose plusieurs pompiers à la direction de l’Intercommunale d’incendie de Liège et environs (IILE). Des sanctions disciplinaires et des retenues sur salaire ont notamment été imposées à un nombre important d’agents grévistes. « Parmi eux, 280 ont saisi le tribunal du travail qui s’est prononcé en leur faveur et a condamné l’IILE, qui s’est immédiatement pourvue en Cassation », explique M. Vandenbercke. « Certaines autorités supra-communales ne nous laissent pas la possibilité de faire grève de façon ludique », épingle le dirigeant responsable du SLFP, amer. « Nous avons affaire à un management pathogène qui risque de faire beaucoup de dégâts pour le service à la population », regrette-t-il. Le personnel des zones de secours, qui s’est retrouvé en première ligne face à la pandémie de coronavirus et aux inondations de juillet 2021, déplore encore le manque de considération de la part de la ministre fédérale de l’Intérieur, Annelies Verlinden. « On est complètement ignorés. On se demande même si elle sait qu’elle a les zones de secours dans ses compétences », soupire Eric Labourdette, dirigeant responsable pour le SLFP. Des négociations avec la ministre sont prévues les 16 et 22 juin prochains, selon le syndicat libre de la fonction publique. « Si elles échouent, des actions intra-professionnelles plus musclées vont être menées », prévient le SLFP, qui met en garde contre un mouvement de grogne « qui prend de l’ampleur au sein des sapeurs-pompiers ».
Les programmes de la RTBF peu affectés, soutien des syndicats à la VRT
L’information à la RTBF est aujourd’hui assurée a minima, a indiqué à Belga la porte-parole de la chaîne de service public, alors qu’ont lieu ce mardi des actions de grève aux quatre coins du pays.
La RTBF est tenue d’assurer un certain nombre de programmes, dont les bulletins d’information générale, précise Axelle Pollet. Pour ce faire, 230 personnes ont été réquisitionnées sur un total de 1.970 équivalents temps-plein (ETP). En radio, un certain décalage est toutefois possible afin d’informer sur les actions syndicales en cours tandis qu’un bandeau devrait alerter, lors des journaux télévisés, sur la journée de grève nationale dans les services publics. Le concours musical Reine Elisabeth sera par ailleurs bien diffusé. Le programme des autres émissions de la journée pourrait toutefois être quelque peu perturbé, avertit la directrice de la communication.
Des piquets de grève ont été installés sur les différents sites régionaux de la RTBF, précisément à Mons, Charleroi, Namur et Liège. A Bruxelles, une grève massive est en cours en front commun syndical, en soutien à la VRT, indique Bernard Gabus, président de l’Interrégionale wallonne de la CGSP à la RTBF.
Peu de profs grévistes, mais les écoles surtout affectées par l’absence de bus et trains
Le mouvement de grève dans les services publics semblait assez peu suivi dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, manifestement davantage impactées par l’absence de transport en commun que par un débrayage des personnels enseignants. « Le suivi (du mot d’ordre de grève) semble assez limité. Toutes les écoles sont ouvertes », commentait ainsi mardi Géraldine Kamps, porte-parole du réseau d’enseignement public Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE). Pour le réseau catholique, qui scolarise un enfant sur deux en FWB, le constat était similaire.
« Le secteur de l’enseignement est principalement affecté par la grève qui touche les transports en commun et qui est elle-même suivie de manière variable selon les sous-régions », analyse Etienne Michel, le directeur du secrétariat général de l’enseignement catholique (SeGEC). « La situation dans les écoles est donc, selon les situations, surtout caractérisée par certains élèves ou enseignants qui n’ont pas pu rejoindre leur école », confie-t-il. Interrogé mardi, Joseph Thonon, président de la CGSP-Enseignement reconnaissait qu’il était difficile pour les syndicats de faire un bilan du mouvement de grève dans les 3.000 implantations scolaires que compte la Wallonie et de Bruxelles. Des données chiffrées sur la participation ne seront pas disponibles avant un mois. « Ce que l’on peut dire, c’est que les écoles fonctionnent au ralenti à cause de l’absence de bus et de trains, ainsi que enseignants grévistes à certains endroits ». Comme de coutume lors de mouvements sociaux, les écoles sont tenues d’organiser des garderies en cas de grève de leurs enseignants ce mardi.
Les services de bpost perturbés, principalement en Wallonie
L’entreprise postale bpost est perturbée mardi en raison de la journée d’action nationale dans les services publics. Une partie du courrier ne peut ainsi pas être distribuée, essentiellement en Wallonie et plus précisément dans les régions de Liège et de Charleroi où des piquets ont été installés, a expliqué une porte-parole.
Les centres de tri sont également touchés par la grève, ce qui fait que les perturbations pourraient encore durer les prochains jours, précise bpost. « Environ 70% des tournées de journaux ont été assurées » en Wallonie, détaille une porte-parole de bpost. « Pour le courrier, cela tourne autour de 60% mais dans la région de Liège la proportion est bien plus basse », a-t-elle ajouté. En Flandre, par contre, 90% des tournées sont effectuées. Certains bureaux de poste ont également fermé leurs portes mardi, environ 60% à l’échelle de la Belgique. Ce pourcentage cache toutefois une forte disparité régionale alors que seuls 35% des bureaux bruxellois sont ouverts et jusqu’à 96% des bureaux sont ouverts en Flandre.
Les services de Bruxelles-Propreté fortement perturbés
Le ramassage des poubelles n’est que partiellement assuré dans la plupart des communes bruxelloises. Les recyparcs sont en revanche majoritairement ouverts. Concrètement, le ramassage des sacs blanc est a moitié assuré dans les communes d’Anderlecht, de Berchem-Sainte-Agathe, de Woluwe-Saint-Pierre et à Schaarbeek, dans les rues mitoyennes à Woluwe-Saint-Lambert. Il est mieux effectué à Bruxelles Haren avec seulement 20% de sacs non collectés, à Molenbeek (30%) et à Woluwe-Saint-Lambert (40%). Evere, Ganshoren et Jette sont en revanche très touchées par la grève avec respectivement 80, 70 et 60% de sacs non collectés. À Etterbeek et Auderghem, les poubelles ne sont pas du tout ramassées dans les rues mitoyennes à Woluwe-Saint-Pierre. En ce qui concerne les sacs bleus, le ramassage est encore plus perturbé et atteint les 90% de sacs non collectés dans toutes les communes sauf à Anderlecht où il avoisine les 70%.
Les enlèvements d’encombrants ont en revanche tous été effectués et les recyparcs sont ouverts à l’exception notable de celui de Woluwe-Saint-Pierre. Bruxelles-Propreté invite les riverains dont les poubelles n’auraient pas été ramassées à rentrer leurs déchets jusqu’à la collecte suivante
Le trafic des ferries perturbé
La circulation des ferries est interrompue depuis mardi matin en raison des actions syndicales menées en front commun à l’occasion de la grève générale dans les services publics, a rapporté l’Agence flamande des services maritimes et côtiers.
Le trafic de ferries est paralysé à Ostende. « Il était censé redémarrer à 10h30, mais on ne sait pas encore si cela sera possible », a déclaré Francis Verreth de l’Agence des services maritimes et côtiers. « Le service de ferries à Anvers – entre Linkeroever et het Steen – fonctionnera jusqu’à 15h00 aujourd’hui, mais pas après. » Quant à la circulation des ferries à Langerbrugge, sur le canal de Gand-Terneuzen, elle s’arrêtera cet après-midi à 13h30. Et les bateaux assurant la liaison entre Bâle et Hemiksem (Escaut) ainsi qu’entre Kruibeke et Hoboken (Escaut) ne partiront pas avant mercredi matin.
La grève fortement suivie par le personnel des prisons
Le personnel des prisons a massivement pris part à la journée d’action nationale de mardi, rapporte les syndicats des services pénitentiaires. « Près des trois quarts de notre personnel participe à la journée d’action », déclare Robby De Kaey de la CGSP-Justice. « À certains endroits, il y en a même plus. » Secrétaire permanent SLFP, Eddy De Smedt souligne lui aussi un grand taux de participation à la grève nationale. « On constate clairement que l’action est bien suivie. »
Cette journée d’action est fortement suivie dans les prisons où il y a un manque de personnel assez important. C’est le cas à Bruges, Dendermonde ou encore Malines, mais aussi à Merksplas, où un piquet de grève a également été installé. Cependant, c’est aussi le cas dans les prisons bruxelloises, précise M. De Smedt. Du côté de la direction générale des Établissements pénitentiaires (EPI), on accueille cette grève beaucoup moins bien. « C’est grave », réagit kathleen Van De Vijver, porte-parole de l’EPI. « Car on peut voir qu’il y a moins de personnel présent dans les prisons que ce qu’il faut pour assurer le service minimum. »
C’est pourquoi des agents de police ont dû être envoyés en renfort dans certains endroits. Les prisons essaient donc d’assurer les services de base, mais dans plusieurs établissements, les détenus ressentiront les conséquences de la grève. Par exemple, seuls les prisonniers de l’établissement pénitentiaire de Dendermonde, de la prison centrale de Louvain et de celle de Malines auront droit à une promenade mardi. Il n’est, par contre, toujours pas possible de recevoir des visiteurs.
Et tout le reste…
Il s’avère compliqué de tout énumérer, les mais le mouvement impliquant l’ensemble des services publics, il y a fort à parier que les impacts seront nombreux, à des degrés divers et différemment en fonction des régions. On peut citer le ramassage des poubelles, les administrations communales, les services publics fédéraux, les administrations régionales et communautaires, les intercommunales, la distribution du courrier, le secteur des soins, les pompiers, etc.
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