Emma Meesseman a tout tenté, mais ça n’a pas suffi pour envoyer les Belgian Cats en finale olympique. © BELGA PHOTO VIRGINIE LEFOUR

Trop petites, trop peu nombreuses, trop déforcées: pourquoi les Cats n’ont pas pu venir à bout de la France

Les Cats ont été éliminées par la France après prolongations. Le match n’a pourtant pas été si serré que ça. Quelques chiffres montrent la domination bleue et les limites belges.

Bien que le match ait été passionnant et serré, la France a battu les Cats belges à bien des égards en demi-finale du tournoi olympique de basket-ball. Comme l’a souligné le sélectionneur national Rachid Meziane, la différence s’est faite par la quantité et la qualité, supérieures dans les rangs français.

Dernière joueuse à quitter le parquet, Emma Meesseman était encore sur le banc quelques minutes après le match contre la France. Elle regardait, profondément déçue, ses coéquipières se diriger au compte-gouttes vers la zone mixte. Pensait-elle à son tir à trois points à la fin du temps réglementaire, avec lequel elle avait froidement ramené le score à 66-66, panier digne des rois et reines de la discipline?

Non, parce que ce tir à trois points n’avait pas permis aux Cats de gagner, comme elle l’a expliqué par la suite. D’ailleurs, selon Meesseman, chaque possession de balle, chaque point, chaque perte de balle dans un match est important. Et c’est la somme de tout cela qui donne le score final (81-75, après prolongations).

Le fait que le match se soit terminé par des prolongations était déjà surprenant, alors que la France menait de six points à 56 secondes de la fin. Une erreur stupide de la défense locale a permis à Julie Vanloo d’enchaîner trois lancers francs, puis Meesseman a fait parler sa classe avec ce dernier tir à trois points. Deux évènements inattendus au bout d’un match dans lequel les chiffres cruciaux étaient en faveur des Françaises: 19 rebonds offensifs à 7 (avec 18 points marqués sur ces «deuxièmes chances»), 14 interceptions à 4 ou 14 pertes de balle à 22. Les nombreuses imprécisions belges ont offert près d’une trentaine de points à la France. «Nous avons commis trop d’erreurs stupides», a d’ailleurs conclu Meesseman.

La finition des Cats et la maladresse bleue

Comment ce match est-il donc allé aux prolongations? La réponse se trouve à la finition. Seuls 30% des tirs bleus ont trouvé la cible, une moyenne qui descend même à 23% à trois points. Avec 53% de réussite au tir et 30% à distance, les Belgian Cats ont été plus justes. Le problème, c’est que la France a tiré 25 fois de plus que la Belgique.

Cet écart s’est principalement dessiné sur les rebonds offensifs, très souvent pris par les Françaises. Une différence colossale qui s’explique par un déficit de taille, mais aussi par la défense belge trop basse qui n’a pas assez souvent éloigné les joueuses locales du panier, au grand dam de Rachid Meziane.

Le coach s’est également agacé face aux nombreuses pertes de balle. Sept pour Julie Vanloo, qui en avait déjà perdu neuf contre l’Espagne, et même cinq pour Emma Meesseman. Certes, les Françaises ont défendu très durement contre la star belge avec la bénédiction des arbitres. Meziane a d’ailleurs pointé du doigt le basket très rugueux des Bleues après la rencontre. Surtout, il a souligné le problème majeur de son équipe: le manque d’options de rotation dans un match à haute intensité, très énergivore, conclu en outre par une prolongation. Vanloo et Meesseman ont joué 41 minutes, Elise Ramette 38, Kyara Linskens et Becky Massey plus de 30. C’est beaucoup, deux jours à peine après le quart de finale contre l’Espagne.

En comparaison, parmi les Françaises, seules Iliana Rupert (plus de 31 minutes) et Janelle Salaun (30 bonnes minutes) ont été sur le terrain plus d’une demi-heure, les autres sont restées en dessous de cette limite. Elles étaient donc plus fraîches en fin de match et ont dépassé les Cats dans le quatrième quart-temps puis lors de la prolongation.

Les limites du banc des Cats

Si Meziane a autant fait jouer ses joueuses de base, hormis Antonia Delaere (en raison du poids des fautes), c’est aussi parce qu’il a obtenu très peu de production du banc: à peine 8 points, dont 5 en 30 minutes pour Becky Massey, et 3 en 9 minutes pour Bethy Mununga. Comme lors du match contre l’Espagne, Maxuella Lisowa a encore été invisible: 0 point et 0 rebond en 8 minutes, mais 4 fautes. Lisowa s’était imposée comme l’une des valeurs sûres du tournoi de qualification olympique, tout comme Mununga, mais elle n’arrive pas à s’imposer lors de ces Jeux.

Cela limite les possibilités de rotation du sélectionneur Meziane. D’autant plus que la meneuse de jeu titulaire Julie Allemand est absente pour cause de blessure. Jusqu’aux demi-finales, cette perte pouvait être compensée, notamment parce que Elise Ramette réalise un bon tournoi, mais contre la France, l’absence d’Allemand s’est fait cruellement sentir. En tant que meneuse de jeu expérimentée, elle aurait pu apporter de la sérénité au ballon. Ce que Julie Vanloo ne peut pas faire, surtout dans ce tournoi. Sans parler d’une finition qui a également été décevante (2 paniers à trois points en 11 tentatives).

Lorsque nous avons fait remarquer à Emma Meesseman, après le match, qu’Allemand était absente, elle a estimé qu’il était injuste pour ses coéquipières de dire que les Cats auraient gagné avec elle. Mais elle a aussi admis qu’Allemand, sur le terrain, «n’aurait pas pu faire de mal». Notamment parce qu’elle connaît très bien les joueuses françaises (Allemand étant active dans le championnat de France).

Contre l’Australie pour le bronze

Le fait est que sans la meneuse de jeu wallonne, sans contribution majeure du banc et avec une Vanloo peu performante, les Cats se sont heurtés à leurs limites, surtout face à une équipe de haut niveau plus large et plus grande. C’est un peu comme cela que l’on touche le plafond en demi-finale des Jeux Olympiques. Après tout, la France n’était pas du même calibre que l’Espagne en quarts de finale ou que le Japon en phase de groupes.

Il y a de fortes chances que ce soit également le cas lors du match pour la médaille de bronze, dimanche à 11h30, contre l’Australie. Il s’agit là aussi d’un pays de premier plan, qui dispose d’un éventail plus large de joueuses de qualité. Emma Meesseman devra donc être encore plus productive que ses 19 points, 14 rebonds et 6 passes décisives contre la France, et toutes ses coéquipières devront limiter le nombre d’erreurs et se surpasser.

La bonne nouvelle, c’est qu’après la déception initiale, de nombreuses joueuses ont semblé tourner le bouton tout de suite. Julie Vanloo l’a même raconté avec beaucoup de panache en zone mixte. Elles veulent à nouveau tout donner lors du match contre l’Australie. «Pour que nous soyons fières de nous et de la Belgique», a déclaré Emma Meesseman. Une chose est sûre: ce n’est pas du tout elle qui sera responsable si ça ne marche pas.

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