Le départ a lieu au musée Guggenheim. © getty

Tour de France 2023: une première étape aux accents espagnols avec un final pour les puncheurs

Le Vif

Le Tour de France ne fait plus le tour du pays depuis longtemps, comme en atteste la diagonale qui barre la carte de cette 110e édition: la caravane va du sud-ouest au nord-est, avec ici et là quelques pas de côté. Jamais encore le Tour ne s’était limité à une superficie aussi restreinte.

Il dépasse également depuis longtemps les frontières de l’Hexagone. Pour la douzième fois depuis le début de ce siècle et pour la 25e fois de son histoire, le grand départ a lieu à l’étranger et cette fois, dans une série inédite de trois: après Copenhague en 2022, l’honneur revient à Bilbao tandis que le coup d’envoi 2024 sera donné à Florence. Manifestement, le chauvinisme français s’éteint dès qu’ASO, l’organisateur, trouve à l’étranger de grandes villes et régions suffisamment folles de cyclisme pour débourser de fortes sommes en city marketing.

Ce n’est pas une primeur pour l’Espagne, puisque l’édition 1992 s’était élancée de San Sebastián. Le patron du Tour, Christian Prudhomme, prétend que les autorités basques ont immédiatement renouvelé leur candidature, mais le dossier ne s’est concrétisé qu’après l’organisation par Bilbao d’arrivées d’étapes de la Vuelta en 2016 et en 2019. Jens Keukeleire et Philippe Gilbert s’y étaient imposés. Prudhomme a chaque fois rencontré le maire, Juan Mari Aburto, qu’il a ensuite reçu à Paris. Les deux hommes ont trouvé un accord pour ce triptyque de trois jours en 2020. Coût total: douze millions d’euros, payés par la ville de Bilbao, le gouvernement basque et les autres villes de la région que traversera le Tour.

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Du spectacle

Le grand départ doit mettre les atouts de Bilbao en valeur. Il ne faut donc pas s’étonner que le départ officieux de cette première étape soit donné Plaza Jose Maria Agirre Ertzainaren, la place jouxtant le célèbre Musée Guggenheim et la sculpture Puppy, respectivement dus à l’architecte canadien Frank Gehry et à l’artiste américain Jeff Koons.

Le lauréat de cette étape signera-t-il lui aussi un chef d’œuvre? C’est difficile à dire mais une chose est certaine: ce tracé de 182 kilomètres sera spectaculaire, par le déroulement de la course comme grâce aux images prises depuis l’hélicoptère. Immédiatement après le départ officiel, le parcours est en pente, avec, notamment, la Côte de Laukiz (2,2 kilomètres à 6,9%). Cette étape est taillée à la mesure de baroudeurs qui rêvent du maillot à pois, car ils peuvent déjà grappiller des points.

Si un groupe parvient à se détacher dans la première phase, le scénario ne changera sans doute plus jusqu’au final. En route, le peloton doit toutefois gravir la Côte de San Juan de Gaztelugatxe (3,5 kilomètres à 7,6%), proche de l’île du même nom, le lieu de tournage de certaines scènes de la série Game of Thrones. Ensuite, le tracé effectue une boucle le long de la côte, pour traverser deux fois Gernika, le nom basque de Guernica, célèbre grâce à la peinture du même nom de Pablo Picasso, réalisée en commémoration du bombardement de la commune pendant la guerre civile espagnole.

Un final pour les puncheurs

Les grands noms vont sans doute se déchaîner en fin d’étape, en franchissant successivement la Côte de Morga (3,9 kilomètres à 4,1%), la Côte de Vivero (4,2 kilomètres à 7,3%) et la Côte de Pike (2 kilomètres à 9%, dont les 500 derniers mètres atteignent une moyenne de 15%, avec un pic à 20%). L’ultime sommet se situe à dix kilomètres de la ligne. La plupart des Espagnols connaissent bien le terrain, car le Pike et le Vivero pimentent le Circuito de Getxo, une course d’un jour. Fin juillet 2022, le grand talent espagnol Juan Ayuso y a fêté son premier succès professionnel.

La Côte de Pike sera la plus décisive, compte tenu de sa déclivité, et elle s’assortit d’un incitant: les huit, cinq et deux secondes de bonification au sommet. Reste à savoir quels dégâts l’ascension provoquera. Un coureur ou un groupe vont-ils s’échapper ou un peloton plus conséquent parviendra-t-il à effectuer la jonction dans les dix derniers kilomètres? Précisons que le dernier kilomètre, qui conduit à l’Avenida Zumalacarregui, le long du Parque Extebarria de Bilbao, présente une inclinaison de 5%. Aucun pur sprinteur n’aura résisté au dénivelé de 3.300 mètres de l’étape et à l’ultime montée. Wout van Aert a donc une première chance de succès. À moins que Mathieu van der Poel ou Tadej Pogacar ne le devancent?

La Côte de San Juan de Gaztelugatxe avec la spectaculaire île rocheuse au premier plan.
La Côte de San Juan de Gaztelugatxe avec la spectaculaire île rocheuse au premier plan. © getty
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