Thierry Neuville enfin champion du monde des rallyes
Thierry Neuville a enfin été couronné champion du monde des rallyes WRC dimanche après avoir échoué pas moins de cinq fois à la deuxième place (et trois fois à la troisième), une consécration non seulement pour le pilote belge mais aussi pour le constructeur Hyundai pour lequel il court depuis dix ans.
Le Belge a souffert pendant sa carrière de la domination sur le WRC du Français Sébastien Ogier. Avec huit titres entre 2013 et 2021 ce dernier a écrasé le rallye mondial, barrant la route à Neuville, second en 2013 puis à nouveau de 2016 à 2019. Et lorsque Ogier a pris une semi-retraite en 2022, ne disputant que quelques rallyes dans l’année, c’est le jeune Finlandais Kalle Rovanperä qui a pris sa succession en décrochant le titre en 2022 et 2023. Mais cette année, tant Ogier que Rovanperä n’ont pas participé à la totalité des 13 manches de la saison, ouvrant la voie à Neuville. Le Français a bien tenté de conquérir un 9e titre en décidant de participer aux six dernières manches du championnat lorsqu’il a vu que celui-ci était à sa portée mais l’avance de Neuville était déjà trop grande.
La saison 2024 aura été la bonne
La saison 2024 aura donc été la bonne pour Neuville qui a pris la tête du championnat dès sa victoire au rallye de Monte-Carlo, première manche du championnat, pour ne plus la lâcher.
Avec les programmes partiels du Finlandais Kalle Rovanperä et de Sébastien Ogier, le Belge a été le plus régulier, avec deux victoires à Monte-Carlo et en Grèce et terminant six fois sur le podium sur treize épreuves. Après sa victoire sur le Rocher, Neuville a enchaîné avec une quatrième place sur la neige en Suède puis une cinquième place au Kenya avant deux troisièmes places en Croatie et au Portugal. Même lorsqu’il part à la faute, le nouveau champion du monde parvient à sauver la mise à l’image du rallye de Sardaigne où il sort de la route le samedi avant d’empocher les 12 points mis en jeu le dimanche.
Quatrième en Pologne puis huitième en Lettonie, Neuville retrouve le podium en Finlande avec une 2e place. Il décroche ensuite sa deuxième victoire de la saison, la 21e de sa carrière, en Grèce où il pose les bases de son premier titre mondial dont il se rapproche après le Chili (4e) et le rallye d’Europe centrale (3e). Lors du dernier rendez-vous de la saison au Japon, le Saint-Vithois aura entretenu le suspense jusqu’au bout à cause d’un problème moteur dans la journée de vendredi avant de revenir dans les points samedi puis d’assurer son sacre dans la journée de dimanche, après la sortie de route d’Ott Tänak.
Une suprise
A peine après avoir enlevé son casque, Thierry Neuville s’est réjoui de son titre acquis au Japon à 36 ans. « Pour être tout à fait honnête, c’est une surprise. Je ne sais pas encore trop quoi dire en ce moment« , a-t-il déclaré. « Mais je pense qu’on le mérite. La saison a été très compliquée, nous avions beaucoup de pression, notamment ce week-end. C’était certainement plus de pression que ce que nous avions besoin, d’autant plus pour ce dernier rallye. Nous savions qu’il y avait encore des risques, mais compte tenu des problèmes que nous avions eu durant le week-end, nous nous en sommes très bien sortis. Je suis très content et c’est très excitant aussi de concourir aussi pour le titre des constructeurs. Nous voulons rentrer à la maison avec tous les trophées », a encore poursuivi le Belge au terme de la deuxième spéciale de la journée dimanche. « La tactique est simple: on doit tout donner. Nous n’avons rien à perdre et nous voulons aider l’équipe à remporter le titre. Tout le monde le veut et le mérite aussi. Je dois faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aller au plus vite », a encore annoncé le Saint-Vithois.
Fin de la malédiction
Sa passion du rallye, le pilote belge l’a acquise avec son père qu’il accompagnait sur les courses automobiles en Belgique quand il était enfant. Elevé à quelques kilomètres du légendaire circuit belge de Spa-Francorchamps, le champion sait « depuis l’âge de quatre ans », qu’il veut faire du rallye: « je trouvais ce sport hyper spectaculaire », racontait-il l’an dernier à Propulsion Podcast, un programme spécialisé dans le sport auto. Il dispute à 19 ans son premier rallye au Luxembourg et termine, déjà, 2e. Puis il découvre le WRC en 2009, au volant d’une Citroën, marque avec laquelle il termine 7e du championnat du monde Junior-WRC.
Considéré comme l’un des grands espoirs de la nouvelle génération de pilotes de rallye, Neuville dispute en 2012 sa première saison complète en WRC toujours pour la marque française. Il passe chez Ford l’année suivante et monte sur son premier podium, lors du Rallye du Mexique, finissant vice-champion du monde derrière Ogier. Il rejoint en 2014 Hyundai, à qui il est resté fidèle depuis. C’est la première fois cette année que la marque sud-coréenne remporte le titre pilotes après s’être adjugé deux fois le titre des constructeurs en 2019 et 2020.
Thierry Neuville compte aujourd’hui 21 victoires en WRC dont 2 acquises cette année. Pouvant se montrer très rapide, le Belge est aussi coutumier de petites erreurs qui lui ont valu plusieurs accidents spectaculaires. Lors du dernier rallye d’Europe centrale en octobre, sa fébrilité lui a valu des sorties de routes, certes mineures, mais qui l’ont empêché de ceindre la couronne mondiale lors de cette pénultième manche du championnat. Mais après 168 départs en rallyes WRC sans pouvoir décrocher le titre, il a mis fin à la malédiction.
Avec ses lunettes à monture orange d’ingénieur en informatique et sa tignasse châtain, germanophone et francophone, plutôt discret sur sa vie personnelle, Neuville ne s’épanche pas sur les réseaux sociaux: au milieu des photos de WRC, on trouve quelques clichés avec sa compagne Déborah et leurs deux enfants avec qui il vit à Monaco.