45.000 policiers, 24.000 agents privés, plongeurs dans la Seine… L’incroyable dispositif de sécurité de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris

Ce vendredi 26 juillet, les Jeux olympiques de Paris débuteront par une cérémonie d’ouverture sur la Seine. La menace terroriste a plané sur toute la préparation.

Les 29 derniers Jeux olympiques d’été ont tous commencé par une cérémonie d’ouverture dans un stade. Pour la ville hôte, et par extension pour l’ensemble du pays hôte, il s’agissait à chaque fois d’un événement de prestige destiné à se faire connaître du monde entier. Souvenez-vous de la cérémonie d’ouverture mémorable des Jeux de Pékin en 2008. Mais cette année, Paris va adopter une approche différente, avec une cérémonie qui se déroulera non pas dans un stade, comme le Stade de France, mais sur la Seine. Des milliers d’athlètes olympiques (pas tous, car beaucoup ne seront pas encore à Paris ou préféreront se reposer) et des membres du staff de plus de 200 délégations traverseront le cœur de la capitale française à bord de 160 bateaux exploités par des sociétés de tourisme.

Ce parcours de six kilomètres partira du pont d’Austerlitz, passera à l’ouest de l’île Saint-Louis et de l’île de la Cité et se terminera, après être passé sous dix ponts, au parc du Trocadéro, à l’ombre de la tour Eiffel. C’est là que la cérémonie d’ouverture s’achèvera avec, entre autres, un spectacle artistique et musical et l’allumage de la vasque olympique. L’ensemble de la cérémonie durera un peu moins de quatre heures, de 19h30 à 23h15.

Le long du parcours, qui comprend 80 écrans géants, il était initialement prévu d’accueillir 600.000 spectateurs. Mais en raison de problèmes logistiques, d’inquiétudes quant à la stabilité des murs des quais et à la sécurité, ce nombre a été ramené à 326.000. 70.000 places ont également été perdues parce que les 900 bouquinistes, les libraires qui vendent leurs articles le long de la Seine depuis 150 ans, n’ont pas voulu bouger.

Les quelque 104.000 places sur les quais bas de la Seine sont payantes. Les prix varient entre 90 et 2.700 euros. Les 222.000 places des quais hauts sont gratuites et destinées au grand public. Ces spectateurs ont toutefois dû faire une demande de billets, afin que les organisateurs puissent utiliser une plateforme d’inscription spécialement créée pour déterminer exactement comment répartir tous les participants sur le parcours. Des centaines de caméras et des logiciels d’intelligence artificielle devraient veiller à cette répartition. Les personnes qui n’auront pas pu obtenir de billet pourront suivre la cérémonie sur des écrans géants dans d’autres quartiers de Paris.

La plus grande opération de sécurité depuis longtemps

Selon les spécialistes, du point de vue de la sécurité, la cérémonie d’ouverture est le plus grand événement que l’on ait vu en Europe depuis longtemps. Un événement de cette ampleur dans un espace public aussi vaste est donc une cible facile pour des attaques de drones ou des attentats terroristes. Comme le 13 novembre 2015, lorsque des commandos terroristes ont tué 147 personnes à Paris, notamment à proximité du Stade de France.

Pas moins de 45.000 policiers et 18.000 militaires sont donc mobilisés. Un périmètre antiterroriste de plusieurs kilomètres carrés sera également mis en place, dans lequel toute personne pourra être fouillée. Les personnes vivant dans ce périmètre ne pourront entrer et sortir de la zone qu’à l’aide d’un QR code. Les personnes qui ne s’enregistrent pas seront piégées. Quinze stations de métro et de tramway sont également fermées, ainsi que plusieurs ponts sur la Seine – en fait, depuis le début du mois de juin. Le trafic aérien dans un rayon de près de 150kilomètres sera également interrompu le vendredi 26 juillet au soir.

Sur les quais bas, 24.000 agents de sécurité privée assureront la sécurité des personnalités. Les forces spéciales de l’armée française seront même mobilisées pour les quelque 120 chefs d’Etat étrangers et 160 ministres. Des plongeurs surveilleront également tout danger éventuel sous la surface du fleuve.

Tony Estanguet, le président du comité d’organisation, a déjà souligné que Paris sera «l’endroit le plus sûr du monde» ce 26 juillet. Il a également indiqué que même en cas de menace terroriste accrue, la cérémonie ne serait pas déplacée. Le président de la République Emmanuel Macron, quant à lui, avait déjà laissé entendre que «le risque zéro n’existe pas» et que des plans B ou C étaient sur la table: pas de voyage en bateau et seulement une cérémonie au parc du Trocadéro, ou une cérémonie traditionnelle au Stade de France, où la sécurité peut être beaucoup mieux contrôlée.

Balcons branlants

Ce ne sont pas les seules préoccupations, car on craint également que les spectateurs ne tombent dans la Seine ou ne tombent des quais supérieurs aux quais inférieurs. La Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) a également mis en garde contre les risques d’effondrement des immeubles situés le long de la Seine. La fédération doute que tous les balcons soient suffisamment solides pour supporter le poids des nombreux curieux.

Si tout se passe comme prévu, la cérémonie d’ouverture constituera un énorme coup de pub pour la ville de Paris, avec la mise en vitrine de tous les monuments célèbres de la «Ville Lumière». «Il est de notre responsabilité de créer du rêve, de montrer à quel point cette ville et la France sont incroyablement belles», a déclaré Tony Estanguet lors de la présentation de la cérémonie d’ouverture. Mais si quelque chose devait mal tourner, le monde entier verrait ce rêve se transformer en cauchemar.