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Les bonheurs de Sophie

Sophie Strépenne n’est qu’au début de sa carrière, mais la défenseure de Sibret s’active déjà à assurer la relève en Province de Luxembourg.

Elle est à la fois précoce et hyperactive. À 22 ans, Sophie Strépenne a déjà été Soulier d’Or, internationale espoir, titulaire au Standard, entraîneuse et formatrice. Un parcours qui lui paraît pourtant assez naturel. «J’ai vraiment envie de voir le foot féminin évoluer, donc je m’investis là où je sens que je peux être utile», glisse simplement celle qui risque de rester encore longtemps la plus jeune lauréate du Soulier d’Or de la Province de Luxembourg.

En 2015, elle n’a en effet que quinze ans et deux dizaines de matchs en équipe Première dans les pattes quand elle est sacrée. «C’était une super récompense pour ma belle saison, mais j’ai surtout considéré ce prix comme la preuve de ma régularité avec Sibret, que je venais à peine de rejoindre.» Petite, Sophie passait son temps à se couvrir de boue sur le bord du terrain, alors que son frère jumeau disputait ses premiers matches en club. Une fois affiliée, elle a connu toutes les classes d’âge mixtes avant de passer du côté féminin une fois adolescente. «J’ai choisi Sibret parce que c’est le club-phare de la Province, qui attire des filles de Ciney, Virton ou même Sedan. J’étais encore une gamine donc j’y suis d’abord allée pour découvrir le niveau… et l’ambiance d’un vestiaire, vu que j’avais toujours eu l’habitude d’être seule pour me changer.»

À Sibret, j’ai retrouvé l’ambiance folle de la troisième mi-temps.» SOPHIE STRÉPENNE

Sibret-Standard-Sibret

La suite, c’est donc une première saison dingue où la défenseuse axiale impose son physique auprès des «vieilles» et tape dans l’œil du Standard, qu’elle rejoint deux ans plus tard. Elle y côtoie le haut niveau de la Super League, gratte une place de titulaire, enfile la vareuse de l’équipe nationale U19 et s’imagine même suivre les traces d’Aline Zeler, originaire de la même région. À l’issue de la pause Covid, Sophie décide toutefois de rentrer au bercail. «Je sentais que mon corps ne pourrait pas tout suivre, donc j’ai privilégié mes études d’éducation physique.» En quelques semaines, la jeune fille délaisse la Super League et l’impeccable Sart-Tilman, où tout est carré avec un suivi et un personnel professionnels, pour retrouver la D2 dans les modestes installations de la Rue sous le Bî de Sibret, «où le soigneur débarque avec une bouteille d’eau quand tu es blessée», plaisante-t-elle. «Maintenant, là où on rentrait toutes chez nous après les matchs au Standard, j’ai retrouvé l’ambiance folle de la troisième mi-temps ici.» Voilà peut-être tout le paradoxe de la droitière, tiraillée entre son amour pour le jeu et celui de la fête qui peut régner autour. «En Super League, la pression est peut-être trop forte pour moi, mais en D2, c’est parfois un peu trop amateur. En fait, la D1 est un bon compromis, j’aimerais y rejouer à moyen terme.»

Développer le foot féminin

En attendant, Sophie continue de co-écrire l’impressionnante histoire de ce petit village de 800 habitants, dont l’équipe première règne sur le foot luxembourgeois depuis de longues années. En tant que joueuse, mais aussi coach de deux équipes de jeunes (W9 et W12), pour faire fructifier l’héritage du matricule 6723 dans le futur. «Le foot féminin se développe tout doucement dans la région, mais on reste totalement en retard par rapport à la formation flamande, notamment parce qu’il n’y a pas assez d’activités ni de pubs dans les médias.» En parallèle de ses entraînements, Sophie coordonne donc à Vaux-sur-Sûre les rencontres Foot For Girls, ces séances gratuites d’initiation au foot pour petites filles, et travaille aussi à la constitution des sélections provinciales des catégories U10, U11 et U13. «Il y a peu, on m’a proposé de reprendre les rênes de l’équipe de Sibret, mais à 22 ans, c’était trop tôt. Mon prochain objectif, c’est de décrocher le Brevet B de l’ACFF. Il paraît que je serais la première à l’avoir dans la province.» Comme par hasard…

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