«L’équipe Jumbo-Visma est peut-être trop forte pour Van Aert»
José De Cauwer et Benji Naesen adorent le cyclisme et n’ont pas leur langue en poche. Comment voient-ils la saison à venir?
Près d’un demi-siècle sépare José De Cauwer (73 ans) et Benji Naesen (25 ans). Il est donc logique qu’ils n’analysent pas toujours la course de la même façon. «Actuellement, il y a beaucoup de podcasts consacrés au cyclisme et on y raconte souvent des âneries», dit De Cauwer au cours d’une interview de trois heures. «Tu as raison, José. Je trouve qu’on ne devrait autoriser que nos podcasts», réplique Naesen en rigolant. «Certains podcasteurs veulent se démarquer – pas toi, hein, Benji – à tout prix, quitte à dire n’importe quoi. Avoir un avis, c’est bien. Mais quand on parle de cyclisme, on ne peut quand même pas dire que Remco Evenepoel est un mauvais coureur. Comment peut-on s’opposer à Remco Evenepoel, à Wout van Aert ou Mathieu Van der Poel? Quand on aime la course, c’est impossible.» Naesen opine du chef. Comme De Cauwer, c’est un passionné de cyclisme.
De Cauwer, on ne le présente plus. Quant à Benji Naesen, il a lancé en 2020 le Lanterne Rouge Cycling Podcast, avec l’Australien Patrick Broe. Aujourd’hui, leur podcast de cyclisme est l’un des plus écoutés au monde. C’est grâce à cela que, l’an dernier, ils sont devenus consultants vidéo et conseillers tactiques chez Jumbo-Visma. «On a fait insérer une clause de neutralité dans notre contrat, car on voulait pouvoir continuer à défendre notre point de vue», insiste Naesen, qui n’a pas prolongé l’expérience avec l’équipe néerlandaise et est redevenu créateur de contenu. Avec José De Cauwer, ils évoquent la saison cycliste 2023.
«Jumbo-Visma pourrait devenir le nouveau Quick-Step»
Espérez-vous une année aussi palpitante que la dernière?
JOSÉ DE CAUWER ET BENJI NAESEN (en chœur): Tout à fait!
Wout van Aert, pas nécessairement. Il dit qu’il échangerait volontiers quelques places dans le top 10 contre une grande victoire. Les superlatifs à son sujet ne manquent pas, mais doit-il absolument remporter le Tour des Flandres et/ou Paris-Roubaix?
DE CAUWER: Mathieu van der Poel a déjà remporté deux fois le Tour des Flandres, il est donc normal que Wout van Aert se demande pourquoi il n’a pas encore une telle course à son palmarès. Est-ce pour cette saison? L’équipe Jumbo-Visma est en tout cas encore plus forte, avec Jan Tratnik et, surtout, Dylan van Baarle. Mais est-ce vraiment un avantage pour Wout? L’équipe est peut-être trop forte pour lui? Car comment les autres équipes vont-elles réagir lorsque Van Baarle sera devant? Il y a une chance qu’elles se disent: «On n’a pas le même bloc que vous, on ne peut pas boucher le trou.» Ou encore: «On reste avec Van Aert, c’est lui l’homme à battre.» Ainsi, les directeurs sportifs imaginatifs – même s’il n’y en a pas beaucoup pour le moment – pourraient semer la zizanie au sein de l’équipe Jumbo-Visma.
NAESEN: Supposons que Van der Poel ou Pogacar s’échappent dans le Vieux Quaremont ou le Paterberg: Tratnik et Van Baarle ne vont pas pouvoir suivre. On ne va donc pas garder ces deux hommes jusqu’au final, on va les envoyer en éclaireurs. Ça pourrait mettre Van Aert dans un fauteuil mais aussi l’enfermer, comme dit José. En tout cas, l’équipe Jumbo-Visma doit au moins remporter une de ces deux classiques. En 2022, elle a eu de la malchance puisque Van Aert a eu le Covid et connu des problèmes matériels, tout comme Laporte. Si elle est épargnée par le destin, elle doit gagner. Sans quoi elle aura échoué.
DE CAUWER: Jumbo-Visma pourrait devenir le nouveau Quick-Step. Ce qui veut dire que ce ne sera pas toujours le leader qui gagnera. L’équipe élargit sa base, mais son leader est plus nerveux. Autre nuance: à l’époque de la domination de Quick-Step, la concurrence était moins forte. Aujourd’hui, il y a d’autres blocs, même s’ils ne sont pas du même niveau que Jumbo-Visma.
«Sur papier, Van der Poel est encore plus fort»
Avec les arrivées de Sören Kragh Andersen et Quinten Hermans, l’équipe Alpecin-Deceuninck est plus forte qu’avant. Mais pour les classiques, son seul leader, c’est Mathieu van der Poel. Sera-t-il encore plus motivé par ce qu’il s’est passé au championnat du monde à Wollongong? Et, plus important encore: son dos tiendra-t-il le coup?
NAESEN: La saison dernière, sa préparation était loin d’être optimale, ce qui ne l’a pas empêché de remporter le Ronde. Sur papier, il est encore plus fort. De plus, comme vous l’avez dit, avec Kragh Andersen et Hermans, son équipe s’est renforcée. Ces gars-là peuvent boucher un trou alors que par le passé, c’est lui qui devait le faire.
DE CAUWER: Ce sont d’excellents coureurs, mais pas du calibre des hommes de Jumbo-Visma. C’est pourquoi Mathieu devra démarrer à temps, ce qui obligera Wout à faire l’effort car il est le seul de la brigade jaune à pouvoir le faire. Sa tactique, c’est de diviser pour régner et de se battre contre les grands. L’année 2023 pourrait bien être celle de Van der Poel. En partie à cause de tout ce qu’il s’est passé la saison dernière, je vois des signaux qui annoncent la fin de la récréation. Et en ce qui concerne son dos: il a toujours eu des problèmes. Il n’a pas de core stability. Il y travaille, mais ce n’est pas simple, tout comme il n’est pas évident de ne se consacrer et de ne penser qu’à ça. On ne peut rien laisser au hasard. J’en connais un qui fait attention à tout: Wout van Aert. Je me demande comment il est possible de vivre à ce point pour son métier. D’ailleurs, l’un d’entre nous a-t-il déjà vu quelqu’un rouler au Tour comme Van Aert en 2022?
NAESEN: Pas moi, en tout cas: je n’ai que 25 ans (il rit).
DE CAUWER: J’ai vu Merckx et Hinault au Tour: ils étaient incroyablement forts mais parfois, ils mettaient le frein à main. L’an dernier, Van Aert ne l’a pas fait.
«Pogacar sera difficile à battre»
Aura-t-il encore le même rôle au Tour?
DE CAUWER: À sa place, je n’accepterais pas cela. Van Aert doit être plus égoïste. Le meilleur coureur de classique au monde qui dépense son énergie au service d’un autre, ce n’est pas une bonne idée pour la suite de sa carrière.
NAESEN: Je suppose que l’équipe le récompense financièrement mais à un certain moment, il va dire qu’il veut rouler pour lui. Je pense cependant que ce ne sera pas pour cette saison et qu’il va refaire la même chose au Tour.
DE CAUWER: Vingegaard a remporté le Tour grâce à Van Aert, mais y parviendra-t-il encore? Car outre Van Aert, il y a eu les erreurs commises par l’équipe UAE. Dans l’étape du Galibier, par exemple, Pogacar n’aurait jamais dû rouler derrière Roglic.
NAESEN: Et laisser Almeida à la maison en se disant que Pogacar y arriverait sans être soutenu par la meilleure équipe, c’était un peu arrogant. Plusieurs coureurs m’ont dit que, tactiquement, UAE n’était pas très fort.
DE CAUWER: J’ai entendu dire qu’Allan Peiper revenait comme conseiller, surtout dans l’optique du Tour (ce que Peiper nous a confirmé, ndlr). Tactiquement, ça va faire la différence. Soyons honnêtes: si tout le monde est à sa place, Vingegaard n’est pas plus fort que Pogacar. Cette année, Pogacar ne laissera rien au hasard, il sera mieux préparé. Et il sera difficile à battre.
NAESEN: Pogacar peut garder son pic de forme bien plus longtemps et avoir plusieurs pics sur une saison. En début de saison dernière, il était invincible. On a même dit et écrit qu’à Milan – Sanremo, il attaquerait dans la Cipressa et qu’on ne le reverrait plus. Ce qui n’était pas du tout logique, ça n’arrivera jamais.
DE CAUWER: Attends, je vais te dire le contraire: il y aura toujours un directeur sportif assez malin pour utiliser les autres et manœuvrer, ou un coureur assez fort.
NAESEN: Je ne crois pas en la Cipressa.
DE CAUWER: On disait aussi qu’il était impossible de s’échapper dans la Redoute.
NAESEN: Ah mais, en janvier 2022, j’ai dit que Remco Evenepoel pouvait remporter Liège-Bastogne-Liège s’il attaquait dans la Redoute (il rit).
Bien vu! Et que nous annoncez-vous pour cette saison?
NAESEN: Que si Remco attaque encore dans la Redoute, les autres réagiront plus vite (il rit).
Avant de parler d’Evenepoel, encore une question au sujet d’un autre super talent dont vous venez de parler. L’an dernier, il est passé tout près et cette année, il en a fait son objectif du printemps: Pogacar veut remporter le Tour des Flandres. Qu’en pensez-vous?
NAESEN: Après ce qu’il a montré l’an dernier, je le place sur le même pied que Van Aert et Van der Poel.
DE CAUWER: Si j’étais son directeur sportif, je lui dirais: «Oublie! Que signifie le Tour des Flandres pour toi? Tu dois gagner le Tour, point à la ligne.» Ce serait logique, mais c’est ce qu’il y a de bien avec Pogacar: il n’a aucune logique.
«Remco a de fortes chances de remporter le Giro»
Ça nous amène à parler de Remco Evenepoel qui, lui non plus, n’a aucune logique. Le collègue podcasteur de Benji estime qu’il aurait mieux fait d’aller au Tour qu’au Giro. Qu’en pensez-vous?
DE CAUWER: Il a fait le seul bon choix.
NAESEN: Mon collègue estime que la génération actuelle, qui arrive au top très jeune, ne tiendra le coup que trois ou quatre ans. Je trouve que c’est un peu exagéré. On ne peut pas encore le dire. Je trouve que c’est bien de faire d’abord la Vuelta puis le Giro, puis le Tour. Il y aura moins de concurrence en Italie qu’en France. Sur papier, Remco a de fortes chances de remporter le Giro. Mais sur papier, tout est simple.
DE CAUWER: Mon cher, rien que dans les contre-la-montre, il va mettre trois minutes dans la vue de ses adversaires, à part Roglic et peut-être Thomas. On pense qu’à terme, Remco doit pouvoir rivaliser avec Pogacar. On ne pense pas que ce soit le cas des coureurs qu’il va affronter en Italie. Bref, Remco a les meilleures chances. Mais il y a un mais: il n’a pas la meilleure équipe et il y un jour où on a besoin de l’équipe.
NAESEN: Soudal – Quick Step a encore beaucoup de travail pour construire une équipe au service de Remco. Jan Hirt sera un bon équipier au Giro, mais pour le reste? J’ai entendu Ilan Van Wilder dire qu’il voulait parfois jouer sa carte personnelle. Il faudra quand même qu’il comprenne que dans les courses importantes, il devra s’en tenir à un rôle d’équipier. Ça vaut pour beaucoup de coureurs de cette équipe. Mais on voit qu’elle a dépensé beaucoup d’argent pour embaucher Tim Merlier. Merlier peut remporter des étapes dans les grands tours, gagner Kuurne-Bruxelles-Kuurne et même Gand-Wevelgem, mais quand on sait que l’objectif est de construire une équipe autour de Remco en vue du Tour 2024, il est bizarre d’engager un sprinteur d’un tel niveau. Plus de vingt coureurs seront en fin de contrat au terme de la saison. Ils ont donc la possibilité de renforcer l’équipe, mais ce ne sera pas une sinécure. Soudal – Quick Step devra tenir compte du fait que chaque transfert pourrait avoir une influence sur la décision de Remco Evenepoel. Même s’il se sent bien au sein de l’équipe actuellement, il peut gagner plus ailleurs. Et on parle d’équipes qui ont déjà les capacités d’amener un coureur à la victoire au Tour.
DE CAUWER: Au moment où il a conclu un accord avec Merlier, Patrick Lefevere ne savait pas encore que Remco pourrait gagner un grand tour aussi rapidement, sans quoi je pense qu’il s’en serait tenu au seul sprinteur qu’il avait déjà (Fabio Jakobsen, ndlr). Et pour rebondir sur ce que tu disais au sujet d’Ilan Van Wilder: il a joué les lieutenants, mais ça n’en est pas encore un. On ne peut pas demander cela à un garçon de 22 ans. Pareil pour Mauri Vansevenant. Leur état d’esprit doit encore changer. Ils doivent tenter leur chance, se planter, encore tenter leur chance et ils finiront pas comprendre qu’ils sont des équipiers, qu’il faut les payer comme tels et qu’ils doivent se mettre pleinement au service d’un leader.
Qu’attendez-vous de Soudal – Quick Step sur les pavés cette saison? Cette équipe a souvent fait la loi dans cet exercice mais, l’an dernier, elle a souffert.
DE CAUWER: Ce n’est plus à elle de prendre la course en main et elle ne le fera plus. Pour moi, ses coureurs sont devenus les aventuriers de service. Ils pourraient tenter leur chance de loin. Jumbo-Visma va davantage devoir rouler derrière Soudal – Quick Step que derrière Alpecin-Deceuninck.
NAESEN: Soudal – Quick Step est toujours une équipe dangereuse, tu peux en être sûr. Alaphilippe peut jouer un rôle important et il ne faut pas oublier Asgreen qui voudra prouver que ses résultats de 2021 n’étaient pas dus au hasard. À l’époque d’ailleurs, son équipe avait pris très tôt la course en main. Vu la force des concurrents, il sera cependant plus difficile désormais de créer un groupe de tête dans lequel les Soudal – Quick Step seraient en supériorité numérique. L’équipe ne pourra donc plus appliquer sa tactique de 2021. Elle devra lancer plus rapidement des gens qui peuvent gagner.
DE CAUWER: Alaphilippe retrouvera-t-il son niveau d’il y a deux ou trois ans? Je ne doute pas de son engagement, mais il s’est passé beaucoup de choses dans sa vie. On verra.
«La prolongation de De Lie, c’est le transfert de l’année»
Pour la première fois depuis son existence, l’équipe Lotto-Dstny ne fait plus partie de la plus haute division. Que pensez-vous de cette relégation dans l’optique de la nouvelle saison?
DE CAUWER: Elle a de la chance de ne plus faire partie du WorldTour, sans quoi ce serait parti en cacahuète. Qui aurait-elle envoyé au Giro? Et au Tour? Et à la Vuelta? Et avec quel moral les coureurs en seraient-ils revenus s’ils n’avaient pas remporté le moindre prix? J’espère que cette relégation va permettre aux dirigeants de se rendre compte qu’ils ne doivent pas se mesurer à des équipes comme UAE ou Jumbo-Visma, mais aborder les courses intelligemment de la deuxième ligne.
NAESEN: D’un côté, je me dis qu’elle ne peut que remonter la pente, mais il faudra qu’elle reste dans le top 2 de la deuxième division afin d’être sûre de participer aux courses à étapes importantes, à commencer par le Tour. Lotto-Dstny va donc devoir courir après les points.
C’est aussi la raison pour laquelle, pour la première fois depuis le début du siècle, l’équipe ne prendra pas part au Giro. Qu’en pensez-vous?
NAESEN: Quelque part, je trouve ça dommage, mais c’est un choix compréhensible dans la mesure où, au cours de cette période, il y a cinq courses 1.1 au programme et qu’elle doit y prendre des points.
DE CAUWER: Pour moi, la décision de ne pas participer au Giro était la seule possible. C’est donc bien vu de la part du nouveau manager sportif, Kurt Van de Wouwer, qui a fait de l’excellent travail avec les jeunes de l’équipe Lotto par le passé. Que pouvait-il faire au Tour d’Italie avec une telle équipe? Il n’y a pratiquement pas de finisseur. Et s’il y en a, la tactique est mauvaise. Il faut que ça change. Il faut diriger des gars comme Brent Van Moer, Florian Vermeersch et Andreas Kron, ne pas les laisser paniquer. Il faut leur faire confiance car, s’ils sont à leur niveau, ils prendront à coup sûr des points. Et je pars encore du principe que Caleb Ewan est un des coureurs les plus rapides du peloton…
NAESEN (il coupe): Mais il se place mal. Ça fait un bout de temps que l’équipe tente de résoudre cela en achetant des locomotives qui sont en fin de carrière et qui n’ont jamais été les meilleurs.
DE CAUWER: Il y a quand même Jasper De Buyst, une très bonne locomotive. C’est un pistard habile, calme et qui sait plonger dans les trous. Avec lui, Ewan peut gagner facilement dix courses. Le problème de Lotto-Dstny, on l’a déjà dit l’an dernier, c’est que l’équipe n’a pas d’identité. Il y a des équipes à l’image plus sexy qui attirent davantage les coureurs, même avec des salaires moins importants. Mettez un maillot de Quick-Step ou d’INEOS a un coureur de l’équipe Lotto et il grandira de cinq centimètres. Lotto-Dstny manque de charisme, c’est pourquoi les coureurs prometteurs optent pour d’autres équipe.
NAESEN: C’est vrai qu’il est plus attractif de rouler pour Alpecin-Deceuninck que pour Lotto-Dstny.
Heureusement pour Lotto-Dstny, Arnaud De Lie se sent manifestement très bien dans sa peau. Il a même prolongé son contrat jusque fin 2024.
DE CAUWER: Cette prolongation de contrat, c’est le transfert de l’année. De Lie, c’est vraiment un diamant brut.
NAESEN: Mais qu’attend l’équipe de lui cette saison? Elle va peut-être tenir compte des sponsors qui voudront qu’il joue déjà un rôle dans les monuments. Il va participer à Milan – Sanremo, mais je ne le vois pas dans le premier ni dans le deuxième groupe au sommet du Poggio. Pour moi, sa participation est inutile. J’aurais préféré qu’il progresse à Kuurne, à Gand-Wevelgem et à La Panne plutôt que de le voir dans la classique la plus longue.
DE CAUWER: De Lie est un des plus grands talents du pays, mais Lotto-Dstny ne doit pas mettre trop de pression sur ses épaules. On a souvent vu que la deuxième saison était plus difficile que la première.
«À terme, Pidcock va se concentrer sur les grands tours»
La meilleur équipe belge au classement du WorldTour des douze derniers mois, c’était Intermarché-Circus-Wanty, comme elle s’appelle désormais. Elle s’est classée cinquième. Pourra-t-elle rééditer cela?
NAESEN: Selon moi, Aike Visbeek, le team manager, a joué un rôle important dans ces résultats.
DE CAUWER: On ne peut quand même pas dire que ce qu’il a fait avec Quinten Hermans était professionnel. Je pense qu’il surestime son rôle et que, malgré son âge et ses méthodes soi-disant d’un autre temps, l’apport d’Hilaire Van der Schueren est au moins aussi important. Il fait en sorte qu’un esprit de famille règne au sein de l’équipe. Et qui a amené Girmay? Pas Aike Visbeek, hein, c’est Hilaire. Je trouve aussi Valerio Piva très compétent. Mais pour répondre à la question: l’équipe a perdu plusieurs coureurs capables de prendre des points. Et Girmay, c’est comme De Lie: un coureur formidable mais qui doit confirmer. Il ne pourra plus compter sur l’effet de surprise. S’il fait partie d’une échappée sans les meilleurs, tout le monde va lui laisser faire le travail.
NAESEN: L’équipe Intermarché-Circus-Wanty ne pourra pas faire à chaque course ce qu’elle a fait à Gand-Wevelgem. Il sera difficile pour Biniam et par conséquent pour toute l’équipe de faire aussi bien que la saison dernière. Teunissen est un bon transfert, il peut faire aussi bien que Tom Devriendt l’an dernier à Paris-Roubaix. (Devriendt s’était classé quatrième, ndlr)
À propos de Paris-Roubaix: INEOS Grenadiers a démontré l’an dernier qu’elle pouvait aussi remporter les classiques pavées, avec panache de surcroît. L’époque où cette équipe ne s’intéressait qu’aux grands tours semble révolue. Toutefois, Van Baarle, vainqueur de Paris-Roubaix et deuxième du Tour des Flandres, est parti. Qui va reprendre son rôle?
NAESEN: Ben Turner fut l’un des meilleurs jeunes dans ces courses. Je pense qu’il va encore progresser, tout comme Magnus Sheffield. J’espère que ça suffira à compenser le départ de Van Baarle. Et puis, il y a encore Thomas Pidcock, bien entendu.
DE CAUWER: Je pense qu’à terme, Pidcock va se concentrer sur les grands tours.
NAESEN: Qui d’autre que lui pourrait gagner le Tour de France? À en croire la rumeur, Carlos Rodríguez partirait chez Movistar au terme de la saison. Tous les fans de cyclisme espèrent que Bernal retrouvera son niveau, mais c’est insuffisant pour battre un Pogacar au mieux de sa forme.
DE CAUWER: Reste à voir si Pidcock est suffisamment sérieux pour faire les sacrifices nécessaires. Il lui faudra peut-être des mois, voire des années.
NAESEN: Alors, il faudra qu’on se retrouve chaque année pour en parler, hein José (il rit).
Qui sera la révélation de 2023?
Donnez-moi un nom: qui sera la révélation de la saison?JOSÉ DE CAUWER : Cian Uijtdebroeks, qui progresse encore. Il ne lui manque plus grand-chose. J’ai parlé avec lui à quelques reprises et j’ai constaté qu’il était très bien dans sa tête. Que doit-il faire? La Vuelta sera son premier grand tour et il sera très important d’y livrer une bonne troisième semaine. Ce sera la preuve qu’à long terme, il a du potentiel.
BENJI NAESEN : C’est indiscutablement un coureur très talentueux. De plus, il a l’avantage qu’il y a déjà un Remco Evenepoel et qu’il ne roule pas pour une équipe belge. Il peut évoluer tranquillement au sein du team BORA-hansgrohe et a donc moins de pression. Je ne serais pas étonné qu’il montre dès cette saison qu’il peut être bien classé dans une épreuve du WorldTour. Il a été formé chez BORA, tout comme Marco Brenner, qui est parti chez Team DSM. Donc si vous me demandez qui sera la révélation de la saison, je réponds Marco Brenner.
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