Le géant Malinois au coeur d’or

Partons à la recherche de l’histoire qui se sache derrière une photo du passé. Ce mois-ci: François Verbruggen, alias Dikke Swa.

«Le cliché a été pris le 12 mai 1988 sur le terrain principal du FC Malines», raconte Aad de Mos, l’ancien entraîneur du Malinwa, à droite à l’avant sur la photo. La veille, à Strasbourg, Malines avait remporté la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupes 1-0 face à l’Ajax. «Mais la vedette, sur la photo, c’est le responsable-adjoint du terrain, qu’on appelait Dikke Swa. Il est entouré de supporters», nuance De Mos.

Dikke Swa – décédé depuis lors – est un personnage culte à Malines. Supporters et joueurs l’appréciaient vivement. «Il aimait aller au Café Martinique avec eux», raconte Greet Janssens. Elle est la nièce de Dikke Swa, qu’on appelait parfois Klein Swa’ke en guise de plaisanterie. François Verbruggen, de son nom officiel, pouvait s’enfiler trente bières en une soirée, sans être ivre. «Et quand on prenait un lunch à midi, Dikke Swa avalait facilement deux poulets», rigole De Mos. «La dernière bouchée lui goûtait autant que la première», se souvient Greet Janssens. «Tonton était un bon vivant. Et Malines était toute sa vie.»

«Dikke Swa se coupait en quatre pour le club, jour et nuit», affirme l’ancien coach néerlandais. «Quand le match s’achevait, à 21h45, il ne s’écoulait pas cinq minutes avant qu’il ne monte sur le terrain avec Jef, le responsable en chef, pour le remettre en état. Ils m’inspiraient un profond respect. Quand les lumières du stade s’éteignaient, vers onze heures, je les appelais au foyer des joueurs. Le dimanche matin, quand on revenait au club, vers 8h30, Dikke Swa, Jef et des bénévoles étaient déjà en train de rouler le terrain à la machine. Je leur apportais des viennoiseries.»

Piet den Boer, l’auteur du seul but de cette finale contre l’Ajax, se souvient également de Dikke Swa, omniprésent au Malinwa: «C’était un Malinois pur-sang. Il était tous les jours au club. Cherchez les vieux films sur internet: vous l’y verrez certainement à gauche et à droite. J’ai fait sa connaissance en 1982, à mon arrivée à Malines. Il savourait pleinement la spirale positive dans laquelle son club se trouvait. L’équipe est devenue performante, elle a gagné la Coupe de Belgique puis la C2. Je revois Dikke Swa trottiner à l’aéroport. Pour des gens comme lui, sans trop de moyens, le déplacement à Strasbourg avait des allures de grand voyage. N’oubliez pas qu’à l’époque, on ne volait pas autant que maintenant. Cette Coupe d’Europe a concrétise un rêve d’enfant, pour Swa

«Pour nous, les joueurs, Dikke Swa était une sorte d’ange gardien», poursuit Den Boer. «On se sentait bien en sa compagnie.» «Du haut de ses deux mètres et avec ses 168 kilos, Tonton était l’homme idéal pour garder la porte du Klub 25, le socioclub du Malinwa», ajoute sa nièce. «Il y faisait régulièrement office de videur. Il empêchait les supporters de déranger les joueurs, les dirigeants et les sponsors.» «Derrière cette figure imposante se cachait un homme au cœur en or», précise Den Boer. «Il était toujours là pour nous, il nous enlaçait et il avait un tel humour. En fait, c’était un Bisounours.»

À son décès, en 1995, les joueurs de la légendaire finale de Strasbourg ont fait une haie d’honneur à Dikke Swa. «Lei Clijsters, Den Boer, De Mos, ils étaient tous là», témoigne Greet Janssens. «Logique», rétorque De Mos. «Comme Myriam, la reine du foyer des joueurs, Dikke Swa entretenait l’atmosphère familiale du club. Et elle a été la clé de notre succès.» Den Boer opine: «Pour moi, Dikke Swa personnifie le Malinwa de l’époque.»

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