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Koen Naert (marathon) brise le tabou: “J’allais aux toilettes jusqu’à six fois par jour”
Le marathonien belge Koen Naert devait systématiquement courir avec du papier toilette en poche. Il raconte ses difficultés.
2023, marathon de New York. Koen Naert doit se rendre aux toilettes après 22 bornes, après avoir ressenti un malaise pendant plusieurs kilomètres. Il y perd une bonne trentaine de secondes, puis réduit l’écart avec le petit groupe qui le précède et termine finalement cinquième, à quatre secondes d’Abdi Nageeye. «Sans cet arrêt et l’énergie que j’ai perdue avant, j’aurais peut-être terminé quatrième, déclare Naert. Cela m’aurait rapporté, en termes de prix et de primes supplémentaires, environ 15.000 dollars bruts de plus. L’arrêt a été important… et coûteux.»
Le phénomène du péristaltisme contraignant se produit fréquemment chez les coureurs de fond. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que cela arrive à Naert. Lors du marathon de Valence en 2021, il a également dû se réfugier dans les toilettes. «Comme à New York, j’avais essayé d’absorber 60 grammes d’hydrates de carbone par heure, au lieu de 40 grammes. Par deux fois, mes intestins ont protesté, même après avoir pris de l’Imodium.»
Les intestins de Naert n’ont pas seulement protesté pendant ces deux marathons. Lors de chaque longue course d’endurance que le Flandrien effectuait, il devait utiliser le papier toilette qu’il avait toujours dans sa poche et trouver un buisson en chemin. Ses compagnons d’entraînement en riaient souvent: «Koen, tu n’as dû t’arrêter qu’une seule fois». Lors de séances d’entraînement de plus de 30 kilomètres, cela s’est produit deux fois, voire plus. «Sur le long terme, cela a également joué un rôle mental: dès que je ressentais quelque chose, je devais aller aux toilettes.» À la maison aussi, Naert se rendait jusqu’à six fois par jour au petit coin.
Sur les conseils de son kinésithérapeute Vincent Callewaert, Naert a consulté Cosmogroup à Eeklo à la mi-2023. Cette entreprise est spécialisée dans la nutrition sportive personnalisée et les compléments alimentaires. «Grâce à des échantillons de salive, de selles, d’urine et de sueur, ils ont dressé une cartographie complète de mon microbiome intestinal. Cette recherche était encore en phase de test, et j’ai donc pu donner mon avis en tant qu’athlète professionnel et grâce à mes connaissances médicales en tant qu’infirmier diplômé.» L’étude a montré que l’intestin grêle de Naert contenait une souche de bactéries qui ne devrait pas s’y trouver, et en trop grande quantité.
En outre, Naert doit adapter son régime alimentaire. «Il s’est avéré que j’étais intolérant au lactose, au gluten et à l’histamine, que l’on trouve dans les légumes tels que les tomates, les aubergines et les oignons. Je suis maintenant un régime de phénotype 2. Les fritures ne figurent plus au menu et je n’ai pas le droit de consommer certains légumes, du lait et des pommes de terre pendant plusieurs jours d’affilée.»
Les résultats n’ont pas tardé à se faire sentir: «Dès mon premier test de trois mois, j’ai senti une différence immédiate. Aujourd’hui, après un an et demi, je n’ai plus besoin d’aller aux toilettes que le matin, et parfois l’après-midi. Je me sens également beaucoup plus à l’aise lorsque je marche. Je peux garder mon papier hygiénique dans ma poche et je peux maintenant absorber jusqu’à 80 grammes d’hydrates de carbone par heure. Cela me permet de terminer mes longues séances d’entraînement avec une meilleure qualité», explique Naert.
Dimanche dernier, le natif d’Oostkampen a ainsi réalisé la deuxième meilleure performance de sa carrière à l’occasion du marathon de Séville. «En tant qu’infirmier de formation, je n’ai jamais eu de mal à parler de ces soucis. Beaucoup de gens, y compris des athlètes, ont cette réticence et continuent à tergiverser pendant des années. Mon message est le suivant: parlez-en à des spécialistes, faites-vous examiner en profondeur. Cela peut vous coûter jusqu’à quelques centaines d’euros, en fonction des tests. Mais si une solution est trouvée, votre qualité de vie, tant physique que mentale, s’en trouvera grandement améliorée.»
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