Zeno Debast a brillé en possession, puis souffert sans le ballon © Gettyimages

Zeno Debast peut-il vraiment devenir l’arrière droit des Diables?

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Aligné sur la droite du quatuor défensif belge contre la Serbie, Zeno Debast pourrait y devenir une solution d’avenir. Le chantier reste néanmoins conséquent.

Le sinistre ne date pas d’hier. Si Roberto Martinez a si rapidement opté pour une défense à trois en succédant à Marc Wilmots après l’échec de l’EURO français de 2016, ce n’était pas seulement pour libérer Eden Hazard de la frontière naturelle qu’est la ligne de touche. En jetant un œil sur le vivier national, le Catalan avait constaté une abondance de profils chevronnés ou prometteurs en défense centrale, ainsi que la disette au poste de latéral. Il y avait certes un Thomas Meunier émergeant à droite ou un Jordan Lukaku inégal à gauche, mais peu d’autres opportunités pour dessiner un quatre arrière capable d’animer les premiers pas d’une chorégraphie collective ambitieuse.

Sept années ont passé, mais le constat est presque identique pour Domenico Tedesco. Si Timothy Castagne est un arrière latéral de métier, c’est le fougueux Arthur Theate qui s’est installé à gauche depuis le début de la campagne qualificative pour l’EURO allemand. Leurs faiblesses à la relance et leur apport offensif limité – compensé par des ailiers capables de faire la différence tout seuls – ont déjà, à plusieurs occasions, posé problème aux nouveaux Diables, ouvrant le débat d’alternatives potentielles. À gauche, l’énergie d’Olivier Deman semble convaincre le sélectionneur. Sur l’autre flanc, par contre, après une première convocation restée sans suite pour Thomas Meunier, Tedesco a envisagé Alexis Saelemaekers, testé Hugo Siquet, et désormais expérimenté Zeno Debast.

Puisque les slaloms géants de Johan Bakayoko ou de Dodi Lukebakio doivent suffire à mettre le feu au flanc droit national, le défenseur central d’Anderlecht pouvait se contenter de jouer les pompiers sans ballon. En possession, le rôle bien plus offensif dévolu à Olivier Deman lui permettait d’ailleurs de se recentrer comme défenseur central droit d’une défense qui relançait à trois. Un rôle taillé sur mesure pour un joueur capable de s’infiltrer balle au pied, de surmonter la défense d’un long ballon vers la ligne de touche ou de faire basculer le jeu avec sa diagonale désormais reconnue. Une formalité, surtout, face à des Serbes qui ont repoussé la passivité défensive jusqu’à des frontières rarement atteintes lors d’un affrontement international ces dernières années. Même Wout Faes, pourtant exposé par sa fébrilité ballon au pied depuis le début de l’année diabolique, a d’ailleurs conclu ses trois quarts d’heure sur la pelouse de Den Dreef avec 100% de passes réussies.

C’est donc surtout sans ballon que la prestation de Zeno Debast valait le détour. Surtout au retour des vestiaires, quand le redoutable pied gauche de Filip Kostic s’est invité au pied des tribunes vides louvanistes. Arrivé à la Juventus à l’été 2022, le trentenaire serbe avait surtout fait parler de lui dans son club précédent, à Francfort, grâce à ses 64 passes décisives distillées en 172 apparitions. Ni vraiment rapide, ni détonateur de couloir, Kostic est un ailier à l’ancienne, qui sait se libérer pour envoyer un centre puissant et précis vers la surface adverse. Des qualités dont il a fait la démonstration à plusieurs reprises face aux Diables : sans danger peu après l’heure de jeu, pour le front de Mitrovic à l’entrée du dernier quart d’heure, dans la foulée d’un Djuricic qui a trouvé la transversale en toute fin de match, puis une dernière fois sans trouver de cible dans les arrêts de jeu. Souvent, Zeno Debast était trop loin du gaucher de Turin. La faute à un positionnement trop axial, ou à un manque d’agressivité dans la recherche du duel.

Le problème est loin d’être neuf. Il avait déjà pu être identifié en début de saison dernière, quand Felice Mazzù avait installé sa défense à trois à Anderlecht et placé Debast sur la droite de celle-ci. L’élégant relanceur bruxellois peinait alors à fermer les offensives adverses accélérant dans son couloir, à cause d’un manque d’explosivité et de réactivité à l’heure de faire « l’essuie-glace », soit de défendre latéralement. Une tâche bien différente de celle qu’il occupe dans l’axe d’une défense à quatre, où l’essentiel de sa mission est alors de faire l’ascenseur, vers les airs pour disputer des duels aériens ou vers l’avant pour suivre le décrochage d’un attaquant adverse. Dans ce rôle, le manque de dynamisme de ses appuis et sa pointe de vitesse incapable de corriger ses carences en science défensive pourraient être encore plus préjudiciables face à des ailiers explosifs.

S’il s’est déjà amélioré dans sa gestion du duel, sans pour autant être devenu une référence en la matière – surtout dans les airs et dans sa surface – Zeno Debast est encore loin d’un niveau défensif suffisant dans sa gestion de l’espace, principalement de l’espace latéral. Une donnée pourtant indispensable pour gérer un poste d’arrière droit dans des rencontres de haut niveau international. Le joueur lui-même a d’ailleurs confié après la victoire face aux Serbes qu’il voyait plutôt son avenir dans l’axe. Là aussi, il lui reste quelques années d’études à réussir avant de devenir un véritable universitaire de la défense. Autant ne pas se lancer dans deux cursus à la fois.

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