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Vincent Kompany : révélations sur ses grandes ambitions

En grande difficulté lors de la débâcle en Suisse, réserviste à City, l’avenir sportif du patron des Diables s’affiche aujourd’hui en pointillés. Et pourtant, les solutions d’avenir ne manquent pas. De Bruxelles à Manchester, décryptage d’un footballeur-businessman.

Le buste droit, la démarche fière, Vincent Kompany s’en va saluer, comme à son habitude, les supporters belges massés dans un coin du stade. Cette fois, à Lucerne, la soirée a pourtant été cauchemardesque. En un peu plus d’une demi-heure de jeu, le numéro un du classement FIFA s’en prend cinq dans ses filets et voit la Nations League lui passer sous le nez.

Le contraste est saisissant avec les images de joies qui avaient clôturé, par une victoire face à l’Angleterre (2-0), la très belle Coupe du monde des Diables, où Kompany, dont l’état physique a longtemps inquiété les troupes, a répondu présent, sur le terrain (surtout face au Brésil) et en dehors. S’il a souvent pour habitude de vivre en vase-clos en sélection, détaché du groupe, il est l’un des rares, voire le seul, à s’imposer comme véritable patron. Kompany est le relais de Roberto Martinez, après avoir été celui de Marc Wilmots.

Vince the Prince porte toujours Anderlecht dans son coeur.
Vince the Prince porte toujours Anderlecht dans son coeur.© BELGAIMAGE

 » À mes yeux, le vrai capitaine, c’est Vincent. Il en a plus l’âme. C’est quelqu’un que tout le monde écoute « , concède d’ailleurs Eden Hazard, l’homme au brassard. Longtemps, on a cru que la campagne de Russie mettrait un terme à l’aventure noir-jaune-rouge de Vince The Prince. À l’image d’autres anciens, d’ailleurs, porteurs eux aussi du flambeau  » génération dorée « .

Cette belle troisième place, combinée au regret de pas avoir été au bout, à l’accueil national et l’ovation caniculaire sur la Grand-Place en ont décidé plus d’un de prolonger l’aventure. Vincent Kompany et Roberto Martinez ont longuement discuté, en coulisses, de leurs avenirs respectifs. Les deux hommes sont persuadés d’avoir, ensemble, encore un joli coup à jouer.

Perte de vitesse

Le 18 novembre dernier, en Suisse, c’est la douche froide. Quatre mois après la Russie, Kompany semble totalement dépassé. Dans les duels, dans son positionnement, dans ses déplacements. Le troisième but de Haris Seferovic, le cinquième de la partie, en est la parfaite illustration. Kompany est cloué au sol, sur le décrochage de l’attaquant helvète, qui trompe Thibaut Courtois d’une jolie tête décroisée.

Dès la fin du match, plusieurs voix s’élèvent pour fustiger la prestation du doyen de la sélection, dont la première remonte au 18 février 2004 face à la France. En première ligne, notre consultant, Marc Degryse particulièrement critique :  » Kompany n’a plus d’avenir en sélection.  »

Son manque de temps de jeu en club conforte ces propos. Cette saison, Vinnie ne compte que 294 minutes en 14 journées de championnat. Pep Guardiola ne fait plus de lui une priorité, c’est une évidence. La saison dernière déjà, on le pensait bon pour jouer la roue de secours, tout en gardant ce rôle essentiel dans le vestiaire.

Et pourtant, la bête blessée allait une énième fois gagner son combat face à un corps endolori depuis tant d’années, et retrouver son rang en fin de championnat en alignant les titularisations, et décrocher un troisième sacre en Premier League.

Aujourd’hui, la situation est bien plus limpide. Kompany n’est plus blessé mais n’entre pas dans les plans du technicien espagnol.  » Vinnie est devenu une sorte de back-up en cas de blessure des titulaires. Il connaît son rôle et semble s’en accommoder « , précise, Ian Cheeseman, journaliste à la BBC et suiveur des Citizens depuis de nombreuses années.

 » Guardiola ne le considère plus comme un titulaire, mais avec l’enchaînement des matches, Kompany peut toujours rendre de précieux services dans des rencontres de moindre envergure.  »

Chez les Diables aussi, la question risque de se poser avec de plus en plus d’insistance : Kompany peut-il encore être une certitude lors de l’EURO 2020 ? On peut en douter même si les solutions de rechange se font attendre.

New-York comme porte de sortie

À 32 ans, Vincent Kompany a toujours faim de football. Son entourage est très clair là-dessus. L’aspect financier, aussi, l’incite aussi à ne pas raccrocher trop tôt les crampons car il est difficile de gagner mieux sa vie dans le business du ballon rond qu’en tant que joueur.

Ian Cheeseman (BBC) :  » City pourrait lui proposer de prolonger son contrat d’une année supplémentaire ( il arrive à échéance en juin 2019, ndlr).  »

Le quotidien le Mirror, l’annonce ces derniers jours au Barça pour pallier à l’indisponibilité de Samuel Umtiti, une rumeur qui semble peu sérieuse. Une dernière expérience à l’étranger, dans un championnat de moindre envergure, n’est, par contre, pas à exclure. La Chine est très peu probable, à l’inverse des États-Unis.

 » À terme, il est pressenti pour devenir dirigeant d’un des clubs de City et plus particulièrement New York City FC « , raconte l’un de ses amis.

La MLS et New-York pourraient être le port d’attache idéal pour conclure en douceur une carrière à succès. Lui, l’amoureux de Big Apple, ne devrait pas s’y limiter au rectangle vert. Comme toujours. Déjà en 2010, il s’inscrivait dans le renouveau de la marque Diables Rouges.

 » Nous nous sommes réunis et nous avons tout analysé « , raconte-t-il à L’Écho.  » Le marketing, les relations avec les supporters, l’amélioration de l’expérience autour de l’équipe nationale. Nous voulions que les supporters ne paient pas seulement pour un billet. Il fallait que ce soit une relation win-win pour renforcer à terme les Diables Rouges.  »

Bien plus récemment, les patrons de la Fédération se sont assis avec lui et lui ont soumis des idées de reconversion sous un angle plus marketing et moins sportif. Mais l’homme peut se montrer très dur en affaires, comme lors des négociations de droit d’image, ou des primes, qui ont pimenté l’actu pré-Coupe du monde.

À Manchester , Captain Kompany a grandi avec City, où il est arrivé il y a dix ans, et est très vite devenu l’ambassadeur du club et le porteur d’une image très ambitieuse. Titulaire d’un MBA à la Business School of Manchester, son envie d’entreprendre s’est développée avec les années. Après être devenu actionnaire de la boîte de production, Bonka Circus, ou investisseur dans une société de limousines, Vincent Kompany est occupé avec un très gros projet immobilier à Manchester, qui pourrait d’ailleurs freiner ses envies d’ailleurs.

Vincent Kompany à ses débuts à Anderlecht. Retournera-t-il un jour au Parc ? Et en quelle qualité ?
Vincent Kompany à ses débuts à Anderlecht. Retournera-t-il un jour au Parc ? Et en quelle qualité ?© BELGAIMAGE

 » Kompany souhaite avoir un rôle dans le développement du club et ne pas être confiné à un rôle de simple ambassadeur « , poursuit Cheeseman. Le défenseur aux 87 sélections devrait encore être lié pour un petit temps avec l’émirat d’Abu Dhabi, propriétaire du City Football Group.

Trop grand pour Anderlecht

Plusieurs échelons plus bas, l’enfant des quartiers nord n’a pas abandonné son  » BX Brussels « , un club né il y a un peu plus de 5 ans, aux ambitions sociales davantage que sportives, dans lequel Kompany a investi plusieurs millions d’euros.

 » Je sais que ce projet continue à lui tenir vraiment à coeur « , enchaîne Floribert Ngalula, ami de longue date du Vince, aujourd’hui coach du BX.  » Il revendique haut et fort ses racines bruxelloises et c’est évident qu’il va y consacrer du temps et de l’énergie. Il est le premier à lancer des idées et donner des coups de fouets pour remuer l’ensemble. Malgré la recherche de sponsors, c’est lui qui finance le gros du projet pour l’instant. Il veut emmener le club au plus vite au niveau national.  »

Vincent Kompany n’oublie pas, non plus, son club formateur, le RSCA. Même s’il est illusoire de le voir à court terme enfiler des fonctions officielles comme cela a été soufflé dans la presse ces dernières semaines. À travers le projet porté par le duo Marc Coucke-Michael Verschueren, Anderlecht veut s’internationaliser et retrouver son ADN.

Coucke rêve de faire revenir Kompany à la maison et a particulièrement été séduit par le personnage lors de leur dernière entrevue à Neerpede il y a quelques semaines. Quand Kompany raconte à ses proches  » qu’il contrôle désormais Anderlecht « , ce n’est pas vain.

Car avec son agent historique, Jacques Lichtenstein, à l’initiative du rachat du club par Marc Coucke, qui souffla récemment le nom de Frank Arnesen comme éventuel directeur sportif, et l’admiration qui lui porte le nouveau patron des Mauves, le défenseur des Citizens a tissé sa toile du côté de Neerpede.

Reste qu’un personnage de l’envergure de Kompany est aujourd’hui trop grand pour Anderlecht, même si le capitaine des Skyblues s’est dit prêt à collaborer avec ce nouvel Anderlecht, habitué depuis un an aux effets de com’ mais qui se heurte à la réalité d’un marché au sein duquel il ne représente plus grand-chose.

L’ambition d’attirer un directeur sportif étranger, un personnage réputé sur la scène internationale, en est le meilleur exemple puisque la direction a très vite été confrontée à des réalités sportives et économiques.

Le City Group plutôt que les Mauves

Plusieurs personnalités du foot international ont été approchées mais personne n’a mordu (en tout cas dans un premier temps) à l’hameçon. Le refus d’Arnesen en est le meilleur exemple alors que d’autres ont refusé poliment. Le contrat de 1.500.000 euros brut que le club est disposé à offrir au nouveau décideur sportif du club sonne lourd pour les normes nationales mais n’est pas suffisamment important pour attirer la crème de la crème internationale.

D’autant que si le discours se veut ambitieux, tout est à refaire ou presque dans la maison mauve après des années de management déraisonné. Fasciné par les noms ronflants (son approche auprès de Thierry Henry en est la meilleure preuve), Marc Coucke affiche depuis la reprise, il y a un an, une certaine impatience et une absence de ligne directrice, comme en témoigne le déclassement de son fidèle, Luc Devroe, coupable idéal d’une absence de politique sportive globale.

Vincent Kompany n’a donc aucun intérêt à sauter à pieds joints dans un bateau qui tangue fortement. Et même si le Sporting reste le club de son coeur, l’homme est trop ambitieux pour faire marche arrière. Son avenir passe par l’empire  » City Group  » et non pas par une ex-entreprise familiale qui ne domine même plus la petite Belgique.

Marié à une Mancunienne pure et dure, père de trois enfants élevés sur le sol anglais, Kompany garde toutefois une attache indéfectible pour Bruxelles. La vision plus internationale que veut mener le nouveau directeur général, Michael Verschueren, devrait, à plus ou moins court terme, rencontrer la trajectoire future de l’ex-enfant de la maison, que celle-ci se prolonge outre-Manche ou outre-Atlantique, où des synergies sont à envisager entre les deux clubs.

Kompany a depuis longtemps tissé sa toile et préparé son après carrière. Footballeur n’a d’ailleurs jamais été à ses yeux qu’une étape d’une trajectoire très ambitieuse.

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