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Un ticket européen pour Anderlecht: mission accomplie?

Avec une place dans le top 4 et un billet européen, Anderlecht a atteint ses objectifs. Mais suite à la campagne de play-offs ratée, Vincent Kompany et le Sporting ont besoin de réflexion à l’intersaison.

Ladies and gentlemen. Dans le coin bleu, Vincent« The Prince »Kompany, quarante combats cette saison, dont neuf remportés par KO. Dans le coin rouge, Frank Vercauteren, le « Petit Prince du Parc Astrid », onze victoires, dont trois par KO. Comme lors d’un combat de boxe, les deux protagonistes se sont regardés dans le blanc des yeux en se serrant la main – un geste à haute valeur symbolique rarement refusé – mais vu leur passé commun, ils se seraient bien tapés dessus directement. Au figuré, bien entendu. Dimanche, les deux légendes d’Anderlecht se rencontraient pour la troisième fois en un mois et demi et Vercauteren peut sans aucun doute se considérer comme le vainqueur moral de leur affrontement.

MAIGRE BILAN

Au Bosuil, malgré une mauvaise série en cours en termes de points pris, il n’y avait de nouveau pas de place pour Adrien Trebel dans la sélection anderlechtoise. C’est pourtant avec le Français qu’Anderlecht a entamé sa solide remontée vers le top 4, il y a quelques semaines. Mais depuis le début des Champions play-offs, c’était déjà la cinquième fois que Kompany se passait de ses services. Ça fait penser à la période d’après Nouvel An, lorsque le leader spirituel d’Anderlecht n’a commencé qu’un match sur onze. Au sein du club et, surtout, des médias, nombreux étaient ceux qui se demandaient pourquoi Trebel ne jouait pas. Les insinuations selon lesquelles ses relations avec Kompany étaient tendues n’avaient guère de sens, car selon les proches du groupe, Kompany avait suffisamment de raisons sportives pour garder le Français sur le banc. La principale d’entre elles s’appelait Josh Cullen, qui se battait comme un beau diable. Kompany savait qu’avec Trebel et Cullen, il possédait deux médians défensifs valables, mais il démontrait noir sur blanc qu’à cette époque, l’impact de l’Irlandais sur le jeu de son équipe était plus important. Au cours des play-offs, VK a appliqué le même raisonnement.

Cette saison, il était impossible d’écarter Albert Sambi Lokonga, mais en vue de la prochaine, Trebel et Cullen ont à peine eu l’occasion de démontrer qu’ils pouvaient jouer ensemble et apporter la stabilité défensive nécessaire. Depuis le début du mois, la défense du RSCA a échoué plus d’une fois. Anderlecht a terminé la compétition régulière avec la deuxième meilleure défense de la compétition, mais lors des play-offs, les erreurs de Matt Miazga et Elias Cobbaut se sont payées cash. Si votre équipe concède l’ouverture du score à cinq reprises et que vous n’êtes pas capable de conserver votre avance quand vous la prenez dans une mini-compétition où chaque but compte double, il est impossible de l’emporter. Les Mauves concluent donc cette dernière ligne par un triste quatre sur 18. Bien loin du bilan de quinze sur 18 conquis par les Bruxellois face aux mêmes équipes durant la phase classique. Après quarante duels en Jupiler Pro League, la conclusion principale reste néanmoins que Kompany, pour sa première saison en tant qu’entraîneur principal, a réussi à obtenir un ticket européen, pour les tours préliminaires de la Conference League.

MONOPOLE BRUGEOIS

Retour sur le match de jeudi dernier. À un quart d’heure du coup d’envoi au Lotto Park, le rappeur américain A$AP Rocky prédit le déroulement du match entre Anderlecht et Bruges.  » I came, I saw. I came, I saw. I praise the Lord, then break the law. I take what’s mine, then take some more. » Malgré une égalisation concédée en toute fin de match, Bruges est sacré champion sans discussion pour la 17e fois de son histoire, mais l’équipe de Vincent Kompany a tellement progressé que Philippe Clement a été obligé de changer de système de jeu à deux reprises pour la piéger. Lors des trois matches de play-offs à domicile, on a vu que le jeu des Bruxellois manquait souvent de perspective. Yari Verschaeren et Anouar Ait El Hadj aiment rentrer dans le jeu, ce ne sont pas des ailiers qui débordent et centrent. Et lorsque Bogdan Mykhaylichenko et Amir Murillo n’arrivent pas à monter, Anderlecht a un problème. Bruges n’a eu besoin que de quelques secondes pour s’installer dans le rectangle de Bart Verbruggen tandis qu’Anderlecht avait du mal à arriver aux abords de la surface adverse. La première mi-temps du match contre Bruges était la copie conforme d’une série de rencontres disputées par le Sporting entre la mi-janvier et le début du mois de mars. Le scénario était connu d’avance: beaucoup de possession de balle, pas d’occasion, peu de profondeur et un but sur penalty de Lukas Nmecha. « Nous nous sommes bien battus collectivement, mais par moments, les qualités individuelles des Brugeois ont fait la différence », admettait Kompany devant les caméras d’ Eleven Sports. « En possession de balle, les joueurs n’ont pas eu peur de prendre leurs responsabilités et ils ont donné le ballon aux bons endroits, mais nous avons manqué de détermination. Plusieurs joueurs de Bruges ont atteint un certain niveau, mais nos joueurs iront plus loin. Si nous continuons à travailler dur, Yari, Anouar et Francis seront un jour meilleurs. »

Alors que les joueurs de Bruges faisaient la fête, Kompany est toujours resté digne. On l’a même vu féliciter chaleureusement Charles De Ketelaere, prendre Noa Lang dans ses bras et donner l’accolade à Bart Verhaeghe. Des images que le Sporting souhaite oublier le plus vite possible, même si on est bien conscients que Bruges mérite son titre. D’autant plus que depuis quelques années, Verhaeghe et consorts travaillent en coulisse pour consolider leur position de monopole. « Nous devons refaire notre retard », dit Kompany. « Nous devons continuer à nous battre pour y arriver. Le nombre de buts que chacun a inscrit jusqu’ici ne m’intéresse pas: le plus important, c’est leur marge de progression. Contrairement à d’autres clubs, nous avons une équipe de jeunes qui peuvent encore beaucoup évoluer. Il est donc logique que je veuille exploiter cela. »

Anderlecht est donc sur la voie de la résurrection. Mais ce ne sera pas encore pour la saison prochaine. Selon l’homme d’affaires américain Malcolm Forbes, éditeur du magazine qui porte son nom, tout gagnant doit d’abord apprendre à connaître la défaite. Et sur ce plan, Anderlecht a déjà beaucoup d’expérience.

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