Tom Saintfiet, l’homme aux mille vie qui écrit l’histoire de Gambie: « En Belgique, vous êtes engagé plus sur base de qui vous connaissez que sur ce que vous savez faire »
Au début de l’année, Knack avait rencontré un entraîneur atypique qui a étoffé son CV aux quatre coins du monde dans des destinations exotiques qui ne font pas la une des médias dédiés au ballon rond. Il nous explique pourquoi il n’a jamais vraiment entraîné dans son pays natal
Vous n’avez pas l’ambition d’entraîner un jour une équipe belge ?
Saintfiet : « En Belgique, vous trouvez du travail plus sur base de qui vous connaissez, plus que sur base de ce que vous savez faire. Les agents ont versé des pots-de-vin à des membres des conseils d’administration pour nommer tel ou tel entraîneur, comme le prouve l’opération « Mains propres ». Si je ne peux pas travailler correctement et avec intégrité, je ne le ferais pas. J’aimerai évidemment un jour entraîner un club européen, mais je pense que ce sera plutôt dans les divisions inférieures en Italie ou dans une équipe scandinave. J’ai découvert le monde à travers le prisme du football, mais il y a un angle mort : j’aimerais travailler en Amérique latine. Parce que tu es le roi quand tu gagnes, et que tu dois craindre pour ta vie quand tu perds.«
Vous êtes accro à l’adrénaline ?
Saintfiet :« Non, mais le football ne prend vie que lorsque quelque chose est en jeu. S’il devient trop léthargique, l’effort n’en vaut pas la peine. »
Avec le bon entraîneur, une équipe africaine peut devenir championne du monde.
Tom Saintfiet
Pourquoi les équipes africaines ne parviennent-elles pas à plus jouer les premiers rôles pendant la Coupe du monde ?
Saintfiet : « Les pays africains de haut niveau ont l’habitude d’écraser leurs adversaires sur leur propre continent, mais lorsqu’ils vont à la Coupe du monde, ils doivent adapter leur style de jeu, sinon ils vont prendre une raclée. Malheureusement, cette simple vérité footballistique n’est pas acceptée sur le continent. Les équipes africaines ont également choisi de mauvais entraîneurs à maintes reprises. Des entraîneurs onéreux qui avaient de grands noms mais qui ne connaissaient pas le football africain. L’exemple typique, c’est celui de Sven-Göran Eriksson, qui était à la tête de la Côte d’Ivoire lors du Mondial 2010 disputé en Afrique du Sud. C’était un excellent entraîneur il y a vingt ans. Il n’était présent à la Coupe du monde que pour encaisser un gros chèque. Mais avec le bon entraîneur, un pays africain peut devenir champion du monde. »
Les Diables Rouges gagneront-ils la Coupe du Monde à la fin de cette année ?
Saintfiet :« Non, car cette génération a atteint son apogée en 2018. Nous aurions alors pu et peut-être dû devenir champions du monde. On a reproché à Marc Wilmots de ne pas enseigner la tactique, mais Roberto Martínez a-t-il fait beaucoup mieux ? Les Diables Rouges ont connu leur meilleure génération, mais ils n’ont pas su en tirer le meilleur parti. Il n’y a jamais eu de plan B. Notre plan de jeu part du principe que nous sommes les plus forts. Mais si ce fut un jour le cas, ce n’est certainement plus le cas aujourd’hui. Si les Belges rencontrent un adversaire du niveau de l’Italie, de l’Espagne ou du Brésil, cela se terminera mal, je le crains ».
Les Diables rouges ont connu leur apogée en 2018. Ils auraient pu et peut-être dû devenor champions du monde cette année là.
Tom Saintfiet
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