Guillaume Gautier

Thibaut Courtois parle-t-il trop?

Guillaume Gautier Journaliste

Dans sa chronique, notre journaliste Guillaume Gautier évoque les dernières déclarations de Thibaut Courtois au sujet de l’équipe nationale.

Longtemps, c’est le silence qui a dominé. Il y avait certes eu l’une ou l’autre photo, l’un ou l’autre émoji glissé sur les réseaux sociaux en écho aux discours de Domenico Tedesco. Pourtant, avant sa grande confession au micro de Sporza au mois de décembre 2023, Thibaut Courtois s’était fait relativement discret. Depuis, les choses ont bien changé. Peut-être parce que les trajectoires du gardien du Real Madrid et du sélectionneur des Diables ont inversé leurs courbes au cours des douze derniers mois. Pendant que la Belgique traversait l’Euro sans gloire, puis la Ligue des Nations presque sans victoire, Courtois soulevait sa deuxième Ligue des Champions, allongeait encore son palmarès hors norme à l’échelle belge et rappelait épisodiquement qu’il était au cœur du débat quand il s’agissait de glisser le nom du meilleur gardien du monde.

Thibaut Courtois parle donc de plus en plus. Sur ses réseaux sociaux, il a annoncé dès le mois d’août que sa carrière internationale était mise entre parenthèses: «J’ai décidé de ne plus revenir en équipe nationale sous le management actuel», conditionnant clairement son avenir diabolique à la fin du règne de Domenico Tedesco. Aurait-il osé tenir publiquement ce discours quelques mois plus tôt, quand la blessure pouvait encore lui servir d’alibi et que la cote du coach italo-allemand était au beau fixe après un début de mandat sans la moindre défaite?

Pas sûr. Quoique.

Si quelqu’un pouvait le faire, c’était bien lui.

Même si c’est souvent le visage de Kevin De Bruyne, voire celui de Romelu Lukaku qui apparaît dans les esprits belges quand on parle de discours franc et sans détour face aux médias, Thibaut Courtois est peut-être le Diable dont les mots frappent le plus fort. Il l’a encore prouvé au micro de CNN, en marge de la cérémonie des Globe Soccer Awards où il a été mis à l’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Là, il a tiré à balles réelles sur le calendrier surchargé auquel sont soumis les stars du ballon rond. Plus tôt, sur le tapis rouge de la cérémonie organisée à Dubaï, c’est la mentalité belge qui en avait pris pour son grade: «En Belgique, nous n’avons jamais vraiment eu cette culture de la victoire […] C’est aussi pour cette raison que ce n’est pas toujours facile de rejoindre la sélection. On vient d’un club où l’on veut toujours gagner pour arriver dans un environnement où cette mentalité n’est pas toujours présente.»

C’est indéniable: Thibaut Courtois sait dégainer. A Sport/Foot Magazine, il avait expliqué un an après son arrivée au Real qu’il s’ennuyait trop souvent en lisant les interviews de footballeurs, trop insipides et plates à son goût. D’où cet amour pour les déclarations qui fracassent? En bon dernier rempart qu’il est, le Limbourgeois maîtrise surtout le sens du timing. Comme quand il confie à CNN, alors que le débat au sein de la fédération sur l’avenir de Domenico Tedesco bat son plein, qu’il «aimerait beaucoup jouer la Coupe du monde», tout en affirmant que «l’équipe a tourné la page». Une façon à peine voilée de signaler l’identité du dernier obstacle entre ses gants et les buts diaboliques.

Thibaut Courtois parle peut-être trop, mais il sait parfaitement quand et comment il le fait.

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