Théo Defourny est l'une des clés du succès du RWDM © BELGA

Théo Defourny, le gardien du Temple

Ce samedi, le RWDM affronte Beveren dans la course à la montée en Pro League. Les Coalisés pourront compter sur leur gardien, Théo Defourny. Avec son parcours atypique, son coach fétiche et ses gants à clean-sheets. Portrait.

Le plus Belge des Lyonnais. Voici comment nous pourrions résumer la jeunesse de Théo Defourny. C’est à Bourg-Saint-Maurice, ville réputée pour ses stations de ski, de mère française et père belge, que Théo voit le jour. Rapidement, il troque ses gants polaires pour enfiler ceux de gardien et intègre l’Olympique Lyonnais, reconnu comme l’un des meilleurs centres de formation européens, notamment pour les gardiens : “Je retiens de mes années lyonnaises la recherche de l’excellence”, dit Defourny. “Certains de mes anciens coéquipiers sont aujourd’hui titulaires en Ligue 1 ou à l’étranger et d’autres sont mêmes champions du monde. Cette formation sert donc de base pour tout le reste de notre carrière.”

Le poste de gardien, c’est celui que Théo voulait depuis le début. A Lyon, il apparait aux portes de l’équipe première au début des années 2010 et côtoie de grands joueurs à l’image de Juninho, connu pour son coup de patte incroyable : “Avec lui, tu n’étais qu’un mannequin dans le but. Pour lui les coups-francs c’était trop facile.” En concurrence avec Anthony Lopes pour le poste de numéro 2 derrière Hugo Lloris, Defourny est invité par le grand Manchester United à passer un test d’une semaine après de bonnes prestations en Coupe Gambardella, compétition nationale française très réputée pour les jeunes. Théo s’entraine alors toute la semaine sous le regard de Sir Alex Ferguson : “Il m’a accueilli le premier jour et me parlait un peu en français. C’était assez impressionnant d’échanger avec une telle légende.” L’Ecossais est convaincu mais aucun accord n’est finalement trouvé entre l’OL et les Red Devils.

De Lyon à la D2, les voyages de Defourny

Le jeune Théo part alors en prêt à l’Antwerp durant l’été 2011, grâce aux bonnes connexions qui lient les deux clubs à l’époque, ce qui lui permet de vivre sa première saison dans la peau d’un titulaire. Rebelote l’été suivant puisqu’il est loué du côté de Rouen, pour faciliter le suivi de son développement. De retour en bord du Rhône, Théo doit faire un choix. Rester comme troisième voire quatrième gardien ou tenter l’aventure ailleurs. Il opte finalement pour Virton en 2014 : “Je voulais prendre mon destin en main et jouer. J’ai donc quitté le confort de Lyon pour aller à Virton.”

Après avoir connu les infrastructures de grands centres de formation européens, Théo n’a pourtant aucun mal à s’adapter à son nouvel environnement : “J’ai toujours eu la chance dans ma carrière de tomber dans des groupes sympas. J’ai tout de suite bien été accueilli, ça permet d’être vite bien dans le nouveau club.” Après l’expérience en Gaume, Théo atterrit à Tubize où il fait la connaissance de l’entraineur des gardiens Thierry Berghmans. À la recherche d’un nouveau dernier rempart, le directeur sportif de Tubize avait proposé cinq profils de gardien à Berghmans qui se tourne rapidement vers Defourny, qu’il connaissait déjà du temps de l’Antwerp. Le Franco-belge signe rapidement, convaincu par l’appel reçu par Berghmans. Loin des conditions du grand Lyon, Berghmans promet à Defourny de le faire travailler d’arrache-pied pour le faire avancer.

L’entraîneur des gardiens, Thierry Berghmans, est depuis longtemps l’un des hommes de confiance de Théo Defourny.
(BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ)

Axé aussi bien sur le sportif que sur l’humain, Berghmans fait progresser le Lyonnais : “Je voulais qu’on apprenne ensemble”, affirme Berghmans. “Aussi bien lui que moi car cela me permettait aussi de profiter de l’expérience qu’il avait connue en France, qui a selon moi, une très belle formation de gardien.” Sur la deuxième saison, Théo est même nommé meilleur gardien de D2, titre qui récompense le travail acharné des deux hommes.

Des Cantons de l’est à la capitale

Après quelques expériences en première et deuxième division, Théo pose ses valises à Eupen durant l’été covidé. Alors qu’il signe pour être la doublure d’Ortwin de Wolf, Defourny profite d’une blessure de ce dernier pour prendre place dans les cages germanophones. Il s’y installe définitivement et envoie le jeune gardien waeslandien se demander si l’herbe n’est pas plus verte sur la pelouse du Bosuil. Alors qu’à 28 ans, il paraissait prêt à défendre le but d’une équipe de l’élite, Théo fait un choix surprenant en signant au RWDM, au début du mercato estival 2021. Berghmans, l’actuel entraineur des gardiens du Daring, n’est évidemment pas étranger à cette arrivée. Alors que Molenbeek est à la recherche d’un gardien, Berghmans prend à nouveau contact avec Defourny qui se montre rapidement intéressé : “Il possède tellement de qualités”, lance Berghmans. “Aussi bien sportivement qu’humainement. Pour un groupe, son arrivée ne peut se montrer que bénéfique.” Théo arrive donc au Machtens avec l’objectif de faire gravir les échelons à ce club ambitieux : ”J’ai été convaincu par le projet. Je savais que c’était un club qui possède un public important et qui voulait regrandir. Mais la priorité, c’était le fait de retrouver Thierry et retravailler avec lui car je savais que ça matchait entre nous.”

La première saison au RWDM est concluante. Malgré la montée loupée de peu, le Daring garde tout de même à onze reprises ses filets inviolés, grâce à une base défensive très solide mise en place par Vincent Euvrard. Avec 100 % de temps de jeu, Théo termine la saison avec le statut du joueur le plus utilisé de la série mais également avec le plus de clean sheets. Théo est un gardien assez complet. Très bon sur sa ligne et en situation d’un contre un, il est également présent dans le trafic aérien et possède une lecture de la profondeur assez bonne pour se plier aux exigences du football actuel. Au rayon des défauts, Berghmans relativise : “Je peux dire qu’il en a très peu. Son jeu au pied ? C’est sûr que Théo n’a pas le style Ederson, mais ce n’est pas ce qu’on recherche non plus. Le rôle du gardien c’est d’arrêter les ballons. Je trouve qu’il a tout de même des pieds très corrects.“

À nouveau sur la même longueur d’onde, le travail des deux hommes porte ses fruits et Berghmans mène une nouvelle fois Defourny vers le titre de meilleur gardien de D1B, la saison passée. “D’un point de vue statistiques individuelles, elle était assez bonne”, explique Defourny. “Maintenant il y eu cette petite déception collective de ne pas avoir réussi à monter mais je pense qu’au final, on peut tous se regarder dans une glace car tout le monde a donné le maximum. Elle a permis de poser les bases pour avancer et nous permettre d’être à notre place aujourd’hui.”

Berghmans et Defourny, les rêveurs du Temple

Et cette saison, le RWDM parait vraiment plus fort que l’année passée. Très armés physiquement grâce au boulot des préparateurs physiques, les joueurs se sentent prêts. Les Molenbeekois comptent aujourd’hui six points d’avance sur leur premier poursuivant, Beveren, qu’ils affrontent ce week-end. Avec un noyau formé sur le tard, le coach Vincent Euvrard a rapidement réussi à former une équipe solide, basée sur un trois arrière très fiable composés de Jonathan Héris, Jake O’Brien et Florian Le Joncour. Alors que le noyau est large et composé de plusieurs nationalités différentes, le collectif parait tout de même bien rodé, malgré la barrière de la langue : “On a la chance d’avoir des mecs intelligents, qui travaillent et ont envie d’être là donc ça facilite l’intégration. Dans les moments difficiles, ils sont plusieurs à se soutenir donc ça permet d’avoir une bonne atmosphère dans le groupe”, assure Defourny.

Les résultats sont bons et permettent aux supporters du Daring de rêver d’un retour parmi l’élite. Berghmans tempère cependant et reste lucide : “L’humilité est bien présente dans le club. On se remet en question chaque semaine et on prendra chaque match au sérieux jusqu’à la fin de la saison.” En cas de titre, les deux hommes aimeraient rester et réaffirment leur amour au club : “Bien sûr qu’on aimerait continuer l’aventure dans ce club magnifique. Mais on ne peut pas prédire l’avenir”, confie Berghmans. Même son de cloche pour Théo : “J’ai un contrat ici et évidemment que j’aimerais continuer en cas de montée en Pro League. Mais on le sait, en football tout va très vite et actuellement, on se concentre avant tout sur les objectifs de fin de saison.”

Depuis la (re)création du RWDM, les cages du Temple Edmond Machtens n’ont jamais été aussi bien gardées. Alors que les Molenbeekois sont en pôle dans la course à la montée en Pro League, Théo Defourny leur apporte confiance et sécurité. Ce qui les mènera peut-être droit vers l’élite du football belge.

Par Robin Maroutaeff (st.)

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